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précipité fait à ſon tour tomber en précipitation celui qui avoit détruit la première union ; effet qui réſulte de pluſieurs circonſtances particulières à l’opération qui favoriſent tantôt un principe & tantôt l’autre.

Si quelqu’un déſire de plus grands détails ſur ces ſortes de diviſions, il peut avoir recours au dictionnaire de chimie de l’illuſtre Macquer. Nous obſerverons cependant que ces ſortes de diviſions ne préſentent point des eſpèces différentes d’affinités, qu’il n’y en a qu’une, modifiée ſelon les diverſes circonſtances dans leſquelles elle agit, il n’y a point de petites loix particulières pour les affinités ; toutes celles que l’on a aſſignées ne ſont que les effets d’une ſeule loi générale, celle de l’attraction univerſelle proportionnelle, & réciproque de toutes les parties de la matière. Les loix des affinités, dit M. de Buffon, ſont les mêmes que la loi générale par laquelle les corps céleſtes agiſſent les uns ſur les autres ; & ces attractions particulières ne varient que par l’effet des figures des parties conſtituantes, parce que cette figure entre comme élément dans la diſtance. Cette belle idée, ſelon M. Morveau, démontre en quelque ſorte, ce qu’elle explique ; elle indique la route à ſuivre pour parvenir à calculer les affinités, comme la marche des aſtres, & ouvre une carrière immenſe de connoiſſances nouvelles dans la détermination des figures des parties conſtituantes. M. Morveau s’eſt attaché à rapporter à cette théorie lumineuſe, tous les phénomènes de la diſſolution & de la cryſtalliſation dans ſes diſgreſſions académiques. Voyez auſſi ſon dictionnaire de chimie qui fait partie de l’encyclopédie par ordre des matières.

On ſera bientôt convaincu de ce que nous venons de dire, que les différentes diviſions d’affinité, rapportées plus haut, ne ſont qu’une ſeule & même affinité ; car que deux molécules homogènes ou hétérogènes s’attirent & s’uniſſent, qu’elles aient entr’elles une force de cohérence plus ou moins grande ; que l’une attire plus fortement une autre molécule que celle-ci n’eſt attirée par une troiſième, &c. il en réſultera ſeulement que l’attraction ſera univerſelle, réciproque & proportionnelle aux points du contact, leſquels peuvent varier dans une même opération. Sous ce rapport, peut-être que ces différentes diviſions ſont moins importantes qu’on ne le penſe communément.

Nous ajouterons encore que lorſqu’on dit qu’il n’y a aucune affinité entre deux ſubſtances, on doit entendre cela d’une affinité beaucoup moindre que d’autres avec leſquelles on la compare, car il y a affinité entre toutes les parties quelconques de la matière ; & cette affinité, de beaucoup inférieure, n’eſt telle qu’à cauſe d’une plus grande diſtance qui dépend de la figure des molécules ; l’attraction eſt alors ſi foible, & ſon effet ſi peu ſenſible, qu’on eſt tenté de croire qu’il n’y en a point, ſur-tout relativement à d’autres corps où elle eſt très-ſupérieure.

Rien ne ſeroit plus utile que de connoître les différens degrés d’affinité de tous les corps de la nature combinés entr’eux deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, cinq à cinq, & ainſi de ſuite ; on pourroit, pour ſoulager la mémoire, les nommer affinité du premier ordre, affinité du ſecond ordre, du troiſième ordre, du 4e, du 5e, &c. Mais la chimie eſt bien éloignée de ce point de perfection. Il s’en faut même de beaucoup qu’on connoiſſe les affinités de tous les corps combinés deux à deux. Néanmoins on a formé des tables d’affinité des principales ſubſtances, celles qui ſont le plus en uſage. M. Geoffroi eſt le premier qui a eu l’idée de préſenter, dans un tableau très-court, les effets des principales combinaiſons & décompoſitions. Mrs. Rouelle, Gellert & pluſieurs autres, ont rectifié & augmenté cette table : quoiqu’elle ait beſoin d’être encore beaucoup perfectionnée, elle eſt néanmoins très-utile.

Un des modernes qui a le plus étendu cette ſcience des rapports, & déterminé les affinités d’un plus grand nombre de ſubſtances, eſt le célèbre Bergman. On peut conſulter ſes opuſcules de phyſique & de chimie, & ſon Traité des attractions électives ; c’eſt ainſi qu’il nomme les affinités chimiques, & on y verra que le travail conſidérable qu’il a fait ſur cette matière, a exigé plus de trente mille épreuves. Cet illuſtre chimiſte a nommé l’affinité chimique, attraction électrique, parce qu’en effet elle ſemble annoncer une ſorte d’élection ou de choix entre les différens corps qu’on veut unir, paroiſſant préférer les uns aux autres.

M. Lavoiſier penſe que cette partie de la ſcience qui traite des affinités chimiques ou attractions électives, quoique pluſieurs ſavans aient déja raſſemblé une multitude de faits, manque des données principales, ou du moins que celles que nous avons, ne ſont ni aſſez préciſes, ni aſſez certaines pour devenir la baſe fondamentale ſur laquelle doit repoſer cette partie importante de la chimie.

AFFLUENCES. Quoique ce mot ſoit propre à déſigner les émanations d’une matière quelconque, qui, partant d’un endroit, viennent aboutir à un corps, cependant il a été principalement conſacré, par M. l’abbé Nollet, à déſigner les courans de matière électrique qui, ſortant de tous les corps environnans, aboutiſſent à un corps qui ſe trouve dans un état actuel d’électricité. Les effluences, au contraire, ſont des courans de matière électrique qui s’échappent de tous les côtés d’un corps électriſé, & ſe répandent dans tous les corps environnans. Les affluences & les effluences ont donc des directions oppoſées, puiſque les premières tendent au corps électriſé, & les ſecondes en ſortent ; celles-là pouſſent les corps légers vers le corps électriſé, & celles-ci les en éloignent. C’eſt de cette manière que M. l’abbé Nollet explique les attractions & les répulſions électriques ; & c’eſt pour cet effet qu’il les a