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AÉR-AFF
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autrefois de cette aérophobie, autant que je mets maintenant de prix à l’air froid, dont je ne crains plus les effets prétendus dangereux. Je le conſidérois autrefois comme un ennemi, & je fermois avec un ſoin extrême toutes les fentes des chambres que j’habitois : l’expérience m’a convaincu de mon erreur ; je regarde maintenant l’air frais comme ami de la ſanté. « On doit être perſuadé qu’aucun air du dehors n’eſt jamais auſſi mal ſain que l’air qui eſt en dedans d’une chambre bien cloſe, qui a été ſouvent reſpiré & non changé. Voyez Air relativement à l’économie animale.

AÉROLOGIE ; on appelle ainſi la ſcience qui traite de l’air, de ſes propriétés & de ſes qualités. Voyez Air.

AÉROMANTIE ; divination faite par le moyen de l’air & l’inſpection des phénomènes qui arrivoient dans l’atmoſphère, tels que le tonnerre, les aurores boréales, &c. L’aéromantie proprement dite, eſt une ſuperſtition, qu’on ne doit point confondre avec les connoiſſances que donne la Météorologie. Voyez ce mot & celui de Pronostic.

AÉROMÉTRIE ou Airométrie. C’eſt la partie de l’aérologie qui s’occupe principalement des loix des propriétés de l’air qui ſont ſuſceptibles de démonſtrations géométriques, telles que les loix de la peſanteur, de l’élaſticité, de la condenſation, de la raréfaction & du mouvement de l’air, &c. Voyez ces articles & celui de l’Air.

AÉROSPHÈRE. Quelques phyſiciens ont penſé que les atmoſphères des planètes n’étoient que l’éther condenſé autour de ces corps céleſtes, par la gravitation, & que les différences de denſité, de tranſparence & de vertu réfringente de ces atmoſphères ſont produites par celles des maſſes des planètes, & par la nature & la quantité des vapeurs qui s’en élèvent. Dans cette hypothèſe, la lune n’auroit pas une atmoſphère proprement dite, mais elle ſeroit environnée d’une aéroſphère ; c’eſt-à-dire d’une ſphère d’air pur, d’une enveloppe d’air condenſé (car l’air & l’éther, ſelon ces phyſiciens, ſont une ſeule & même ſubſtance différemment modifiée), dans laquelle il ne s’élèveroit point de vapeurs, la lune leur paroiſſant être un corps ſec, ſans mer ni rivières.

AÉROSTAT. Voyez Ballon aérostatique, c’eſt à ce mot qu’on a traité avec une étendue ſuffiſante, ce qui regarde les aéroſtats, les montgolfières, les globes aéroſtatiques.

AFF

AFFINITÉ. Ce terme, qui anciennement ne déſignoit qu’une qualité occulte & un mot vuide de ſens, eſt conſacré par les modernes pour exprimer la tendance ou force attractive que les parties conſtituantes & intégrantes des corps ont réciproquement pour s’unir & pour réſiſter après leur union à tout effort propre à les ſéparer. L’affinité ne diffère donc point de l’attraction mutuelle qui règne entre toutes les parties de la matière : celle-ci eſt un fait général bien prouvé, un effet conſtant d’une loi univerſelle qui maîtriſe tous les corps & toutes leurs parties, quelque petites qu’elles puiſſent être. Voyez les articles Attraction, Adhérence, Cohérence, Aggrégation, Parties constituantes, Parties intégrantes.

Quoiqu’il n’y ait qu’une ſeule cauſe de l’affinité, ſavoir, la force attractive qui ſe modifie ſuivant les différentes circonſtances dans leſquelles elle agit, quelques auteurs ont diſtingué pluſieurs ſortes d’affinité : l’affinité ſimple & l’affinité compliquée. La première ſe diviſe en affinité d’aggrégation, qui eſt la tendance qu’ont les parties intégrantes & homogènes d’un même corps à s’unir & à cohérer enſemble, & en affinité de compoſition, ou tendance à unir les parties conſtituantes & hétérogènes de corps de différente nature.

Dans l’affinité ſimple, il n’y a de tendance qu’entre deux ſubſtances homogènes ou hétérogènes ; mais dans l’affinité compliquée, on obſerve la diſpoſition à s’unir & à cohérer dans plus de deux ſubſtances hétérogènes, par exemple, de trois, de quatre, &c. Suppoſons d’abord que deux principes étant déjà unis, il en ſurvienne un troiſième qui ait avec eux une affinité égale à celle qu’ils ont entr’eux, il en réſultera un compoſé de trois principes. Si ce troiſième principe qui ſurvient, n’a aucune affinité avec un des deux principes déjà unis, mais avec l’autre principe une affinité égale à celle dont ces deux principes jouiſſent entr’eux, il y a toujours un phénomène de compoſition ; les deux principes qui n’ont aucune affinité entr’eux ſeront unis par le moyen ou l’intermède du troiſième, & cette affinité portera le nom d’affinité d’intermède. Les deux principes du foie de ſoufre ſont le ſoufre & l’alkali fixe combinés enſemble ; le ſoufre n’a aucune affinité avec l’eau, mais l’alkali fixe qui en a une avec l’eau & avec le ſoufre peut s’unir avec l’un & l’autre, & ſervir ainſi de lien ou d’intermède pour les unir & former ainſi un compoſé de trois principes.

Mais ſi le troiſième principe ſurvenu, dont nous venons de parler, n’a point d’affinité avec un des deux principes, & a de plus, avec l’autre principe, une affinité beaucoup ſupérieure à celle que les deux principes, d’abord unis, ont entr’eux, le troiſième principe ſurvenu, s’uniſſant avec l’un, obligera l’autre à ſe ſéparer & à ſe précipiter ; c’eſt pourquoi on a nommé cette affinité, affinité de compoſition par précipitation. On en a un exemple, en mêlant de l’alkali dans une diſſolution de matière métallique, faite par un acide ; l’alkali, par la ſupériorité de ſon affinité avec l’acide, s’unit à lui, & en ſépare & précipite le métal.

L’affinité réciproque aura lieu ſi le principe