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AFF-AGE

points, par exemple, qu’un conducteur électriſé attirera des feuilles d’or qu’on lui préſentera, tandis qu’il repouſſera de la pouſſière de bois, du ſon ou de la farine, dont on l’auroit couvert. Ce double effet, qui arrive ſimultanément, vient de ce que par la loi générale qui eſt établie, les corps électriſés attirent ceux qui ne ſont pas électriſés & repouſſent ceux qui le ſont : or, comme en même temps un corps léger peut être électriſé & un autre ne l’être pas, à quelque diſtance du conducteur qui eſt dans un état actuel d’électriſation, il s’enſuit que les deux parties de cette loi peuvent avoir lieu, ſans qu’il ſoit néceſſaire de ſuppoſer deux courans électriques oppoſés qui ſoient des cauſes mécaniques des attractions & des répulſions.

Les écoulemens des liqueurs par des tubes capillaires pourront ſouffrir une accélération, lorſqu’on les préſentera ſeulement à un corps électriſé, par un effet de l’attraction ou de la répulſion qui ont également lieu, ſoit que les tubes ſoient électriſés, ſoit qu’ils ne le ſoient aucunement, puiſque dans les deux cas il y a attraction ou répulſion. Si le vaſe, terminé par des tubes capillaires, & plein de liqueur, eſt électriſé, l’écoulement eſt accéléré directement par un effet de la répulſion électrique & accidentellement par celui de l’attraction des corps environnans. Si le vaſe eſt ſimplement préſenté à un corps électriſé, l’accélération vient de l’attraction électrique exercée par le corps électriſé.

Si, entre deux pointes dont l’une eſt électriſée & l’autre ne l’eſt pas, on voit deux cônes de lumière qui ſe joignent par leurs baſes, on ne doit pas en conclure que le fluide électrique ſort de toutes les deux, comme le prétend l’abbé Nollet. Il ſort de la pointe électriſée, & il entre dans la pointe non-électriſée, parce qu’il eſt de la nature des fluides, & principalement de celle du fluide électrique, de ſe mettre en équilibre & de ſe communiquer des corps où il eſt ſurabondant à ceux qui en ſont privés, ou qui en ont une moindre quantité : ainſi cette expérience n’eſt pas plus concluante que les précédentes.

Il en eſt de même de l’expérience du cercle de fer, concentrique au conducteur électrique, dans laquelle l’un & l’autre ſont garnis de petites houppes de fil ou de filaſſe. Si l’on voit tous les fils du premier converger vers le conducteur, & ceux du conducteur en diverger ſenſiblement, c’eſt que, dans ce ſecond cas, la répulſion électrique produit la divergence de tous ces fils ; & dans le premier cas l’attraction que le conducteur exerce ſur les fils du cercle, oblige l’extrémité libre de chacun de ces fils de ſe porter vers le conducteur : double effet qui s’explique facilement par l’attraction & la répulſion électrique, ſans avoir recours aux affluences & aux effluences ſimultanées.

AFFLUENTE ; matière affluente. Voyez Affluences & Effluences.

AGA

AGACEMENT. C’eſt une impreſſion déſagréable que les acides, comme les fruits verts, & autres ſemblables, produiſent ſur les dents. L’agacement ſe fait plutôt dans les gencives, que dans les dents mêmes : ſi l’on frotte les gencives avec quelques acides, on éprouve le même ſentiment déſagréable.

AGE

ÂGE DE LA LUNE. Par cette expreſſion on entend ordinairement, non le temps qui s’eſt écoulé depuis la formation de la lune, & qui ſeroit de ſix mille ans avant l’ère chrétienne, ainſi que pour les autres aſtres ; mais le nombre de jours écoulés depuis la dernière nouvelle lune. Trouver l’âge de la lune, c’eſt donc connoître le nombre de jours qui ont eu lieu depuis que la lune étoit nouvelle.

Pluſieurs auteurs donnent la méthode ſuivante qui eſt très-défectueuſe. « Pour trouver ce nombre de jours, dit-on, il faut ajouter enſemble trois choſes : 1o. l’épacte. (Voyez Épacte.) : 2o. le quantième du mois où l’on eſt : 3o. le nombre des mois écoulés depuis mars incluſivement, juſqu’au mois propoſé auſſi incluſivement. Si la ſomme de ces trois nombres n’excède pas 29, elle déſigne l’âge de la lune. Si elle excède ce nombre, on retranche de cette ſomme 29 jours pour les mois qui n’ont que 30 jours ; parce qu’alors le mois de la lune eſt de 29 jours ; mais on retranche 30 jours dans les mois qui ont 31 jours, le mois lunaire étant alors de 30 jours. Le reſte de cette ſouſtraction déſigne l’âge de la lune. »

Une des erreurs de cette méthode conſiſte à compter le mois de mars ; il ne faut compter, pour le troiſième nombre, que celui des mois écoulés depuis mars excluſivement juſqu’au mois propoſé. Une autre erreur eſt de ne pas dire qu’il ne faut point compter le mois de janvier, lorſqu’on veut ſavoir l’âge de la lune dans ce mois ; il ne faut pas non plus avoir égard au mois de mars, lorſqu’on cherche l’âge de la lune dans ce mois. Ainſi, pendant ces deux mois de l’année, il ſuffira d’ajouter enſemble deux des trois nombres précédens, ſavoir : l’épacte & le nombre de jours écoulés depuis le premier jour du mois courant, juſqu’au jour propoſé incluſivement. Lorſqu’on eſt en février, il faut ajouter ſeulement 1 à l’épacte & au quantième du mois : on ajoute cette unité en février, à cauſe des 31 jours de janvier.

La raiſon de ces opérations eſt que l’épacte d’une année marque l’âge de la lune avant le commencement de l’année, & que les mois de janvier & de février, pris enſemble, étant égaux à deux lunaiſons, l’âge de la lune ſera le même, ſoit le dernier jour de février, ſoit le dernier jour de l’année précédente. Si tous les mois lunaires étoient égaux aux mois ſolaires, il ſuffiroit, pour avoir l’âge de la lune, d’ajouter enſemble l’épacte & les jours du mois ; mais comme depuis le mois de mars, les mois ſolaires ſurpaſſent d’un jour les lunaires, il faut ajouter encore à ces