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pouſſe en avant l’œolipile & l’aéroſtat qui le porte, avec une viteſſe accélérée par l’impulſion des éruptions ſucceſſives de la vapeur de l’eau. L’expérience confirme cette idée ; & on en ſera convaincu ſi on ſuſpend un aéroſtat avec un œolipile mis ſur une lampe, à un appareil propre à ce deſſein, à-peu-près ſemblable à celui qui eſt repréſenté dans la figure 244. D, eſt un ſupport triangulaire terminé par un pivot. C B eſt une traverſe ou règle de bois horiſontale, percée au milieu pour y recevoir une chape comme celle des bouſſoles ; d’un côté eſt un ſimulacre de ballon B, auquel eſt ſuſpendu une gondole A, où on peut mettre un œolipile. C, eſt un contrepoids du ballon, & de tout ce qui y eſt ſuſpendu. Dès que l’eau réduite en vapeur ſort du bec de l’œolipile, le ballon reçoit un mouvement circulaire à droite ou à gauche, ſelon que l’orifice de l’œolipile eſt tourné d’un côté ou d’un autre, & ce mouvement devient de plus en plus accéléré, dans certaines bornes.

Ici l’aéroſtat eſt en équilibre par le moyen du contre-poids C ; ſa peſanteur eſt cenſée nulle, comme celle d’un aéroſtat dans les couches de l’atmoſphère où il eſt en équilibre ; l’impulſion qui réſulte de l’éruption de l’eau en vapeur qui ſort du bec de l’œolipile lui imprime du mouvement, & il lui obéit, en ſuivant la direction de la droite ou de la gauche, conformément à la poſition du bec de l’œolipile. Ce mouvement circulaire dure autant de temps qu’il y a de l’eau dans la capacité de l’inſtrument.

Ceux qui n’auront pas vu l’expérience que je viens de rapporter, & que je fais dans mes cours de phyſique, pourront ſe rappeler celle d’un œolipile, placé ſur un charriot à recul, qui, lorſque l’eau eſt réduite en vapeur, ſort avec impétuoſité, en frappant l’air avec une vîteſſe conſidérable : celle de l’écouvillon qui eſt repouſſée quelquefois des canons trop échauffés par le tyr, eſt encore une preuve de l’efficacité de ce moyen. Ici un œolipile agit non-ſeulement par de grandes impulſions qui peuvent avoir lieu, lorſqu’on débouche l’ouverture d’un œolipile dont le col ſeroit garni d’un robinet convenable, de telle ſorte qu’on pourroit le fermer & l’ouvrir ſucceſſivement pluſieurs fois ; mais encore cet œolipile agit conſtamment lorſque l’orifice reſte toujours ouvert, comme l’expérience le prouve avec l’appareil que je viens de décrire.

Cet appareil que j’imaginai & exécutai dès les premiers inſtans où l’art aéroſtatique fut connu, me donna l’idée d’un autre appareil, repréſenté dans les figures 244, 245, 246, 247 & 248. La figure 244 fait voir en D le ſupport portant le pivot qui entre dans la chape E, la règle C B qui eſt conſéquemment ſuſpendue comme une aiguille de bouſſole : C eſt une maſſe de plomb formant un contre-poids égal au poids appendu à l’extrémité B de la règle C B, c’eſt-à-dire, qui peſe autant que le ballon B, & la gondole A dans laquelle eſt un mouvement d’horlogerie, qu’on voit dans la figure 245, avec le ſyſtême méchanique placé ſur chaque platine, & qui eſt plus développé dans la figure 246 : nous en donnerons bientôt une deſcription plus détaillée.

Cette eſpèce de machine que j’ai montrée à pluſieurs ſavans diſtingués, ſoit nationaux, ſoit étrangers, & particulièrement à meſſieurs Montgolfier, a été généralement approuvée par eux : elle me ſert à faire dans mes cours pluſieurs expériences intéreſſantes. Le mouvement étant monté avec une clef, comme une montre, on voit auſſi-tôt les rames ou aîles f, g, i, h tourner autour de l’axe l, m, figure 244. Deux de ces rames f, g, par exemple, étant de face & frappant efficacement l’air, les deux autres i h ſont placées de champ, ou ne préſentent que leur tranchant, & leur effet ne peut nuire en aucune manière à celui des deux autres aîles. ( La figure 245 montre plus diſtinctement cette poſition des aîles f, g, i h, dont la ſurface des deux premières forme des angles droits avec celle des deux dernières).

Les aîles f, g (figures 244 & 245), ayant fait un demi-tour & ſe trouvant à la place des aîles i, h, celles-ci ſeront conſéquemment à l’endroit où étoient d’abord les aîles f, g. Mais, par un méchaniſme particulier que nous expliquerons dans un inſtant, chaque aîle, en faiſant une demi-révolution, ſe retourne & fait un quart de converſion, de telle ſorte que celles qui étoient de face ſe trouvent de champ, c’eſt-à-dire, que celles qui frappoient efficacement l’air par toute leur ſurface, ne le frapperont plus que par leur mince épaiſſeur, ce qui ne pourra nuire à l’impulſion des autres aîles qui en X, X, ſont de face, ſe trouvant enſuite en Z, Z, ſeront de champ, comme la figure le montre, & réciproquement.

Si les aîles ne ſe retournoient pas, jamais l’aéroſtat ne recevrait de mouvement ; il reſteroit conſtamment à la même place. Pour bien concevoir cette vérité importante dans cette matière, ſuppoſons que les quatre des aîles f, g, i, h fuſſent toutes dans le plan deux premieres, & non diſpoſées à angles droits, comme dans la fig. 245, comme les aîles ſont égales en ſurface, & que tandis que les deux f, g frappent l’air de bas en haut, les deux autres i, h le frappent de haut en bas, avec une égale vîteſſe, il s’enſuit que la gondole doit reſter en repos, parce qu’un mobile ſollicité à ſe mouvoir par deux forces égales & oppoſés ne peut ſe mouvoir. Je repréſente cet effet avec ma machine, lorſque je place les aîles comme on le remarque dans la figure 248, car alors la machine aéroſtatique reſte conſtamment en