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y a deux, trois, dix, vingt, cinquante, cens, mille livres, &c. &c., dans chaque baſſin, l’inſtrument étant ſuppoſé bon, le point d’appui ſuffiſant, le frottement le plus petit poſſible, comme il doit l’être dans une excellente balance, &c. : ainſi, dans le cas d’équilibre, il eſt indifférent que la machine ſoit plus ou moins grande. Or, lorſqu’il s’agit d’un aéroſtat, après s’être élevé ſuffiſamment, il s’arrête dans la couche d’air où il eſt en équilibre ; & alors une petite force ſuffit pour le mouvoir, comme on l’a vu dans l’expérience de la balance chargée de chaque côté de poids égaux.

Dans l’expérience de la figure 244, le ballon aéroſtatique & la gondole ſont en équilibre par le moyen du contrepoids C, leur peſanteur eſt cenſée vaincue ; & ce ballon peut être dans ce cas comparé avec un aéroſtat en équilibre dans les hautes régions de l’atmoſphère. L’idée qui me fait plus de plaiſir dans cette machine, & que je regarde comme principale, eſt celle d’avoir rendu nulle la peſanteur du ballon B & de la gondole A, afin de pouvoir faire enſuite mouvoir la machine, comme elle doit être mue dans l’atmoſphère. S’il y a quelque différence, elle eſt déſavantageuſe à la machine, puiſqu’il y a un frottement de la chape E ſur le pivot, & que de plus elle ſe meut dans un fluide beaucoup plus denſe comme eſt l’air près de la ſurface de la terre ; néanmoins l’expérience réuſſit très-bien, malgré ces circonſtances défavorables à la machine en petit, circonſtances qui n’ont pas lieu pour un aéroſtat en grand.

Nous avons promis une deſcription détaillée de notre appareil ; la figure 246 montre les différentes parties de chacun des côtés de la figure 245. L’axe E F, de la figure 246, eſt une portion de l’axe total a, b, figure 245. Celui ci eſt la même choſe que l’axe prolongé du pignon du centre ; & il entre quarrément dans une eſpèce de fourchette A B C D (figure 246), laquelle eſt retenue par une goupille à ſon extrémité F. L’arbre G H des aîles porte une eſpèce d’étoile à quatre rayons, I, K, L, M qui y eſt fixée, & il traverſe librement la fourchette en I & en N, où il eſt retenu par la virole V, arrêtée par le moyen d’une goupille : cet arbre peut facilement tourner, & ſur lui même & ſur ſon axe commun avec le pignon du centre. Aux extrémités de cet arbre G H, ſont les deux aîles O P, dont l’une préſente la face & l’autre, le tranchant (comme on le voit dans la figure 245), c’eſt-à-dire, qu’elles forment entre elles quatre angles droits.

Le ſautoir M L Q eſt attaché en Q à la fourchette, par le moyen d’une vis à collet, afin qu’il puiſſe agir facilement, & le reſſort C R eſt fixé auſſi ſur la fourchette, par un bout en C, & s’appuie par l’autre extrémité R, ſur le ſautoir en M.

Lorſque l’axe E F (même figure 246), qui porte la fourchette à laquelle eſt adapté l’arbre de l’étoile & des aîles ; lorſque cet axe fait une révolution, un rayon K de l’étoile rencontrant la cheville S, s’élève, pendant que ſon oppoſé L s’abaiſſe. Celui-ci gliſſe ſur la ſurface dudit ſautoir qu’il ſe meut en arrière, juſqu’à ce que le rayon L ſoit parvenu à l’angle ſolide du ſautoir, lequel, par la preſſion du reſſort, ſe rapproche auſſi-tôt, en faiſant gliſſer encore le même rayon L, juſqu’à ce qu’il ait pris la place du rayon M qui la lui cède.

Par ce qu’on vient de dire, il eſt facile de comprendre que la rame O, qui préſente la face, fait un quart de tour, après lequel elle montre ſon tranchant, dans ſa demi-révolution ſupérieure, en allant de O vers P ; & qu’en même-temps la rame ou aîle oppoſée P, qui montroit le tranchant, ſe retourne auſſi-tôt & préſente ſa face dans ſa demi-révolution inférieure, en allant de P vers O, où un autre rayon de l’étoile rencontre encore l’autre cheville T qui force de même les aîles à ſe retourner. Ce qu’on vient de dire d’un côté doit s’entendre de l’autre, car la moitié G de l’appareil (figure 245), eſt exactement ſemblable à l’autre H.

Sans ce retournement continuel des aîles, elle auroient beau tourner autour de l’axe a b (fig. 245), l’aéroſtat reſteroit conſtamment ſtationnaire, comme cela arrive lorſque les aîles ſont diſpoſées ainſi qu’on le voit dans la figure 248, & ainſi que l’expérience le prouve avec notre appareil.

Entre les deux platines (figure 245), eſt un mouvement d’horlogerie à-peu-près ſemblable à celui d’une montre : on y voit un barillet qui renferme un reſſort, trois roues & trois pignons, une fuſée & une chaîne. La première roue de 50 dents s’engrenne dans un pignon qui a 10 aîles ; la ſeconde roue a auſſi 50 dents, & engrenne de même dans un pignon de 10 aîles ; la troiſième roue eſt de 48 dents, & même un pignon de 8, dont l’axe a b eſt prolongé au-delà des platines (qui ont 2 pouces environ de diamètre). Le dernier pignon fait 150 tours pour un de la première roue ; car  ; & il fait à peu près deux révolutions dans une ſeconde. On voit par-là quelle eſt la vîteſſe des aîles autour de l’axe a b ; & de plus on en peut conclure que la première roue fait un tour, à-peu-près dans une minute & quinze ſecondes, & que la fuſée qui tourne enſemble avec la première roue, faiſant ſix tours, le mouvement doit durer 7 minutes 30 ſecondes, au bout deſquelles il faut remonter le reſſort. On peut varier la conſtruction, afin que le mouvement dure plus long-temps, ſi on le juge à propos ; on peut encore auſſi ſupprimer la fuſée, comme je l’ai fait dans un ſecond appareil.