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cordes, & ſuivent le mouvement de rotation qui leur eſt imprimé par le cylindre, au moyen d’une méchanique très-ſimple, comme celle d’un rouet à filer que l’on fait aller avec le pied, ou d’un poids que l’on laiſſe deſcendre, & que l’on remonte à ſon gré. Une groſſe bague de plomb coulant le long de chaque baguette tranſverſale, & entraînant avec elle des petites boucles de fer attachées au taffetas des aîles, tend chacune de ces aîles, à meſure qu’elle tourne de haut en bas, elle la replie ſur elle-même à meſure qu’elle tourne de bas en haut. On conçoit que par ce moyen l’impulſion du fluide ſe fait toujours en avant & jamais en arrière, puiſque les aîles ſont nulles en ſe relevant, & qu’elles ne ſont tendues qu’en s’abaiſſant ». Ce moyen eſt ingénieux ; on le doit à M. Carra. La figure 163 le repréſente, & facilite l’intelligence de la deſcription qu’on vient de lire.

J’indiquerai également les aîles ou rames faites en forme d’éventail qu’on a imaginées, & qui, au moyen d’une méchanique très-ſimple, peuvent s’ouvrir & ſe fermer à volonté ; les pattes des canards & autres oiseaux aquatiques ont ſervi de modèle.

VI°. Des avantages des aéroſtats. On ne ſauroit douter des avantages multipliés que la phyſique & les arts qui en dépendent peuvent retirer de la découverte des aéroſtats. L’avantage précieux d’avoir été inſtruit de la brillante découverte du globe aéroſtatique par M. Joſeph de Montgolfier, avant que la capitale s’en occupât, & pendant notre commun ſéjour à Lyon, me fournit l’occaſion d’entrevoir un des premiers les avantages nombreux des aéroſtats. Dès le mois d’août de l’année 1783, je fis part de mes réflexions & de mes tentatives à pluſieurs membres de l’Académie de Beziers, où je me trouvai alors, & dans le mois de novembre ſuivant à la Société royale des Sciences de Montpellier. Je lus enſuite au mois de décembre, dans l’aſſemblée publique de l’Académie de Montpellier, un mémoire ſur ce ſujet, qui fut enſuite imprimé.

Le globe aéroſtatique pouvant élever un ou pluſieurs obſervateurs, il eſt bien évident qu’en examinant un thermomètre qu’on auroit porté, & en comparant les degrés de chaleur qui auront lieu à différentes hauteurs, avec ceux qui ſeront indiqués par un thermomètre placé à la ſurface de la terre, on verra une ſuite de différence bien propres à nous éclairer ſur la vraie marche du thermomètre, & à nous faire connoître la véritable échelle de la chaleur. Car, qu’on ne s’y trompe pas, on est bien éloigné de connoître la chaleur, je ne dis pas abſolue, mais même relative comparable ; & preſque toutes les obſervations météorologiques faites juſqu’à préſent, ſont très-fautives, & ne peuvent être rendues exactes que par le moyen de celles qu’on fera avec la machine aéroſtatique. Cette aſſertion ayant l’air d’un paradoxe, il eſt néceſſaire de la juſtifier.

Perſonne n’ignore que lorſqu’on obſerve les degrés de chaleur à un thermomètre quelconque, cet inſtrument doit être placé au nord, à l’abri des rayons directs du ſoleil, & même à l’abri de ceux qui ſeroient réfléchis par des murs, ou d’autres objets ſemblables. Sans ces précautions, les obſervations ne peuvent pas être comparables, & lorſqu’elles ne peuvent être comparées entre elles, elles ne ſont guères utiles que pour les pays où elles ſe font ; elles ont alors l’inconvénient de celles qui furent faites dès l’origine de cet inſtrument avec le thermomètre de Drebel, de Florence, &c.

Lorſqu’on obſerve ſur la ſurface de la terre le thermomètre, les rayons réfléchis par la ſuperficie du globe, ſont ajoutés à ceux de la température de l’air, & en augmentent l’effet, ou quelquefois le diminuent dans les circonſtances d’un grand froid, quand le ſoleil ne brille pas ſur l’horiſon. Cet inconvénient ſeroit bien peu de choſe, ſi cette cauſe étrangère étoit la même par-tout ; on connoîtroit les degrés de chaleur mixte, & des quantités égales étant mêlées aux réſultats, il n’y auroit aucune erreur. Mais les choſes ne ſont point ainſi ; la cauſe étrangère dont nous avons parlé eſt variable, & empêche toute comparaiſon des effets.

La terre, à ſa ſurface, n’eſt pas compoſée des mêmes matières. Ici ce ſont des ſables, là des argiles, de la marne ou de la tourbe ; d’un côté, des étangs & des marais ; de l’autre, des rochers de granite, de ſchiſte, &c. ; plus loin des bancs de pierre calcaire ; en quelques endroits du ſilex, du quartz, des ſpaths, des terreins métalliques remplis de pyrites & de minéraux divers. Ces matières ſi différentes s’échauffent d’une façon qui eſt bien éloignée d’être la même ; elles ne conſervent plus également la chaleur, & elles la réfléchiſſent ſur-tout d’une manière qui n’a rien de commun. Quoique la ſimple expoſition de ces vérités ſuffiſe pour les faire admettre, cependant je rapporterai des expériences & des obſervations qui la démontreront.

Au-deſſous de pluſieurs thermomètres parfaitement d’accord, j’ai placé des vaſes contenant différentes terres, ou de tritus de pierres, ainſi que des ſables ou graviers, & j’ai toujours obſervé une différence ſenſible entre ces divers thermomètres, quoique dans le même lieu & au-même temps (les couleurs diverſes des ſubſtances de même nature contribuent beaucoup à la différence des réſultats ; par exemple, des argiles noires ou blan-