Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/523

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ches produiſent des effets dans leſquels on remarque des diverſités notables), cet effet vient des ſurfaces réfléchiſſantes qui par la diverſité de leur nature & de leurs effets, font naître des variations dans les réſultats. On ſait combien ſont grandes les chaleurs de la plupart des contrées de l’Afrique & de toutes les plages maritimes, à cauſe de la grande quantité de ſable qui les couvre. Tous les voyageurs & tous les obſervateurs ſont d’accord ſur ces faits. Ceux qui s’appliquent à la Météorologie, doivent donc ne pas négliger les obſervations géoponiques & lithologiques ; & encore dans ces cas faudroit-il ſavoir quelle eſt la quantité de chaleur que chaque eſpèce de terre réfléchit, & qu’elle ajoute à celle de l’air, ce qui n’a point été fait juſqu’à préſent. J’eſpère que bientôt mes occupations me permettront de publier le travail que j’ai fait ſur ce ſujet abſolument neuf.

Les obſervations du thermomètre ſe faiſant avec le globe aéroſtatique, ſont par-là même dégagées de la réflexion des terres ; car à une certaine hauteur cette cauſe peut être regardée comme nulle. Les réſultats, dépouillés des circonſtances variables, ſont donc constans & comparables entre eux. Je puis encore ici invoquer l’expérience directe, & aſſurer qu’il y a une grande différence entre les réſultats obtenus par ces deux méthodes. Pluſieurs fois, au milieu d’un vaſte jardin, placé ſur une double échelle aſſez élevée, j’ai obſervé des thermomètres, tandis que d’autres inſtrumens de ce genre étoient près de la terre, & j’y ai toujours trouvé des diverſités. D’autres fois, à 200 & 300 pieds au-deſſus de la ſurface de la terre, au haut de certains dômes très-élevés, j’ai eu occaſion de voir par moi-même combien les obſervations faites avec les thermomètres ſelon la méthode ordinaire, ſont défectueuſe, en comparant des thermomètres laiſſés près de la ſuperficie de la terre, avec ceux qui étoient élevés à ces grandes hauteurs, & qui, pour que les réſultats fuſſent plus approchés des véritables, étoient éloignés de la maſſe des dômes par de grandes perches auxquelles ils étoient attachés. Avec le globe aéroſtatique, un obſervateur élevé à une plus grande diſtance de la terre, obtiendra des réſultats plus sûrs, & des différences plus marquées, qui ſerviront à répandre un nouveau jour ſur la Thermométrie. Il en ſera de même de cette partie de la Phyſique qui s’occupe des effets de la chaleur, ou plutôt de la température de l’atmoſphère, relativement au corps humain, & à toute l’économie animale. On pourra comparer les effets produits dans une température donnée à différentes hauteurs ; & de cette comparaiſon réſulterons de nouvelles connoiſſances : cette ſource d’obſervations eſt très-féconde.

L’Hygrométrie, ou l’art de meſurer la quantité d’humidité & de ſiccité qui ſe trouve dans l’air, recevra un nouveau jour par le ſecours du globe aéroſtatique. En portant dans cette machine des hygromètres comparables, gradués ſelon les mêmes principes que ceux qu’on obſervera dans le même temps au lieu de départ de la machine, on verra mieux quelle est la loi que ſuit la marche de cet inſtrument, trop peu obſervé juſqu’à préſent, lorsqu’on oppoſera les réſultats obtenus dans les hautes régions de l’air, à ceux qui ont lieu près de la ſurface de la terre ; on ne connoît jamais parfaitement les milieux que par les extrêmes.

Qui oſerait douter que l’air ne contienne une grande quantité d’eau en diſſolution ? Mille preuves l’atteſtent. Tous les acides tirés des minéraux, expoſés à l’air libre, augmentent de poids ; l’alkali fixe végétal a tant d’affinité avec les vapeurs aqueuſes, qu’une doſe quelconque devient trois fois plus peſante qu’elle n’étoit avant d’être expoſé à l’air ; une livre de ce ſel tombé en deliquium, peſera enſuite trois livres. Ces expériences, & tant d’autres de ce genre, répétées par le moyen du globe aéroſtatique, nous faiſant connoître la différence des quantités terreſtres & aéroſtatiques, je veux dire des vapeurs aqueuſes près de la ſuperficie de la terre, ou beaucoup au-deſſus, nous éclaireront ſur la vertu diſſolvante de l’air à diverſes hauteurs.

Comme cette propriété a de grands rapports avec ce qui regarde l’évaporation de l’eau & des autres fluides, ou pourra élever avec l’obſervateur aéroſtatique un atmomètre ſemblable ou dans des rapports connus, avec celui qui reſtera en expérience dans le lieu du départ. Les tems des obſervations correſpondantes ſuppoſés les mêmes, & les ſurfaces expoſées à l’évaporation, étant les plus grandes qu’il ſera poſſible, on remarquera des effets plus ſenſibles, & les lois de l’évaporation, peu connues juſqu’ici, ſeront déterminées avec une exactitude qu’on n’a droit d’attendre que des expériences faites à des diſtances très-éloignées entre elles.

Ce qui regarde le baromètre étant très-connu, on ſeroit tenté de s’imaginer que la partie de la Phyſique qui traite de cet inſtrument, n’en recevra aucun avantage. Je ſuis bien éloigné de le penſer, par la raiſon que l’air étant moins mêlé d’exhalaiſons & de vapeurs, & conſéquemment plus pur & plus élaſtique à une certaine hauteur, que près de la ſurface de notre globe, on pourra plutôt connoître quelles ſont les hauteurs qui répondent aux différens abaiſſemens du mercure dans le baromètre ; on verra ſi les variations qu’éprouve en divers temps la preſſion de l’air, ſont entièrement conformes à celles qu’on obſerve ſur la terre, ſi l’étendue de ces variations eſt renfermée dans