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électrique de l’atmoſphère, produiront une force aſcenſionnelle compoſée.

L’obſervation ſuivante, qu’on a faite pluſieurs fois, ne ſemble-t-elle pas l’indiquer ? Lorſqu’un aéroſtat, chargé par le feu, deſcend ſur la terre, auſſi-tôt qu’il en touche la ſurface, ſa capacité eſt vidée entièrement, & le ſommet du ballon s’affaiſſant ſubitement, touche la terre au même inſtant que la galerie eſt en contact avec ſa ſurface. Cet effet, qui m’a été confirmé par M. Montgolfier, eſt inexplicable, ſi on n’a recours à l’électricité de l’atmoſphère communiquée à l’aéroſtat, laquelle ſe diſſipe avec la rapidité qui lui eſt propre dans le réſervoir commun. C’eſt ce qu’obſerve également M. de Laurencin, dans ſa lettre imprimée à M. de Montgolfier. « Mais en ſuppoſant avec quelque probabilité, dit-il, que la compreſſion de l’air force, au moment où la deſcente s’achève, les parois de la Montgolfière à éclater, reſte encore à demander pourquoi les toiles s’affaiſſent avec tant de promptitude, puiſque, ſans parler de l’air atmoſphérique, qui ſeul paroîtroit devoir ſuffire à les tenir gonflées plus long-temps, il n’eſt pas concevable que le fluide produit par le feu, ſe ſoit diſſipé d’avance, ou qu’il puiſſe ſe vider entièrement en deux ou trois ſecondes par une déchirure ſoudaine, quelque conſidérable qu’elle ſoit ».

La maniere dont M. J. Montgolfier conçoit cet effet, eſt différente de la mienne, qui eſt déduite des expériences précédentes. Voici l’explication qu’il en donne dans ſon mémoire à l’académie de Lyon ; il dit : qu’avec ſon frère, il commença d’abord à élever des globes de papier & d’étoffe de ſoie par le moyen de l’air inflammable ; qu’enſuite, avant que d’employer le feu, comme une méthode incomparablement plus économique pour des expériences en grand, il penſa que le fluide électrique pourroit être choiſi pour agent principal. « Nous crumes pouvoir trouver dans l’électricité des ſecours plus heureux ; ayant obſervé que le fluide électrique ſe répandoit particulièrement ſur la ſurface des corps, & qu’accumulé ſur celle d’un vaſe iſolé, ce vaſe ſembloit diminuer de peſanteur, nous préſumâmes qu’il ſeroit poſſible de faire enlever les corps les plus maſſifs en les électriſant, après avoir augmenté leur ſurface proportionnellement à leur peſanteur ſpécifique : comme il arrive ſi une feuille d’or eſt enduite d’huile, & qu’on la plonge dans le fond d’un baſſin plein d’eau, cette feuille s’élève juſqu’à la ſuperficie & ſurnage, parce que l’huile ayant contracté un contact immédiat avec la feuille du métal, ne peut en être ſéparée que par une force inverſe à l’épaiſſeur de l’enduit, lequel, par cette adhérence & ſon poids ſpécifique, contrebalance celui de métal. Nous penſâmes que de même le fluide électrique mouillant (ſi je puis me ſervir de cette expreſſion) le corps électriſé, le couvre d’un enduit aſſez épais pour que ſon volume, joint à celui de cet enduit, ſurpaſſe le volume de l’air que l’un & l’autre déplace. Soumettant cette hypothèſe au calcul, nous trouvâmes que, en ſuppoſant le poids du fluide électrique une quantité inſenſible, que les corps électriſés fuſſent des globes, & que l’enduit de matière électrique eût ſeulement l’épaiſſeur d’un douzième de ligne, il ſuffiroit de diviſer l’eau en globules d’environ un cent vingtième de ligne, pour qu’elle fût d’une plus grande légereté que l’air atmoſphérique qu’elle déplaçoit. L’élévation des nuages dans certaines circonſtances, leur réduction en pluie lorſqu’ils approchent de la terre, cette même pluie plus fréquente & plus abondante ſur les montagnes que dans les plaines ; enfin, les prompts écoulemens des nuages après les grands coups de tonnerre, tout nous annonçoit que ces lourdes maſſes ne devoient leur ſuſpenſion ſur nos têtes, qu’au fluide électrique dont chacun des globules étoit enduit. Quoi qu’il en ſoit de la vérité de cette théorie, l’expérience y fut conforme. Pluſieurs corps réduits en vapeur dans des vaiſſeaux clos, s’allégèrent conſidérablement par l’introduction du fluide électrique. Nous eſpérions le plus grand ſuccès de cette méthode ; mais la néceſſité d’avoir ſans ceſſe communication avec la terre, pour ſe procurer de nouveau fluide lorſqu’il en ſeroit beſoin, nous fit encore abandonner ce moyen, avec l’eſpoir cependant qu’on en pourra tirer bon parti.

» Enfin, nous revînmes à une de nos premières idées, de ſuppléer par le feu à la communication avec la terre, tant pour augmenter la couche du fluide électrique ſur les vapeurs inſérées dans le vaiſſeau aſcendant, que pour diviſer les mêmes vapeurs en plus petites molécules, & dilater le gaz dans lequel elles ſont ſuſpendues ».

La connoiſſance des météores eſt trop liée avec celle qui traite de l’électricité, pour qu’elle ne reçoive pas un nouvel éclat de la machine aéroſtatique. Un phyſicien zélé pour le progrès de nos connoiſſances, & cherchant à confirmer les brillantes découvertes du milieu de ce ſiècle par de nouvelles preuves qui leur donneront un nouvel accroiſſement, s’élevera par le moyen du globe aéroſtatique, juſques dans la région des orages ; il y verra intuitivement, ſi l’on peut parler ainſi, l’électricité atmoſphérique naître & s’accumuler, les éclairs ſe ſuccéder, la foudre ſe former, s’étendre, s’élancer de nuages en nuages, les attirer, les repouſſer tour à tour, les réunir, les diviſer alternativement, en les repouſſant vers la terre pour la foudroyer, après leur avoir auparavant imprimé ces ſecouſſes violentes qui ébranlent l’atmoſphère entière.

Ceux qui ont voyagé sur les hautes montagnes, ont vu pluſieurs fois la foudre ſe former ſous leurs