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nir une ſurface plane. Pour cet effet, on a d’abord ſoudé une boule au haut du tube : on l’a fait chauffer ; on l’a remplie de mercure bouillant ; & ensuite on a fait encore bouillir ce même mercure dans la boule & dans le tube : ce qui exigeoit un appareil coûteux, très-difficile à manœuvrer, & qui, malgré ce double inconvénient, ne portoit pas encore les baromètres à ſurface plane au degré de perfection déſirable ; car pour cela, il doit, 1o. être extrêmement ſenſible ; 2o. très-facile à meſurer depuis le niveau juſqu’au haut de la colonne, & il faut que les diviſions ſoient très-exactes.

Or les baromètres à ſurface plane qu’on fit d’abord, manquèrent ſingulièrement de ſenſibilité ; aucun n’a réſiſté à l’épreuve qu’on leur fit ſubir, celle de faire monter le mercure dans le tube, en inclinant l’inſtrument, & en obſervant s’il revient au même point, lorſqu’on le replace verticalement. On a trouvé dans les baromètres conſtruits de cette manière juſqu’à de ligne de différence de hauteur, en faiſant monter & deſcendre la colonne ; on y appercevoit auſſi une lenteur d’oſcillation qui annonçoit leur peu de ſenſibilité.

La partie ſupérieure de ce baromètre à ſurface plane, perfectionné, figure 183, préſente une vis d’ivoire à tête quarrée, qui ſert à introduire l’air ſur la ſurface du bain dans lequel plonge le tube, & une petite fenêtre par où l’on voit un flotteur, traverſé par un cylindre d’ivoire, ſur lequel eſt une ligne circulaire, qui donne le terme fixe du niveau, & le moyen de le rappeler parfaitement à volonté. Cette figure repréſente la coupe de la cuvette ; A A eſt une pièce en buis, dans laquelle le tube eſt cimenté à la gomme laque ; cette pièce ſe viſſe dans un cercle de buis B B ; ce cercle eſt cimenté à un flacon de crystal C C ; le même flacon eſt cimenté à un autre cercle en buis D D, qui entre à vis dans une pièce E E, dont la partie inférieure eſt tournée en forme de gouleau renverſé, pour y fixer ſolidement un ſachet ou réſervoir de peau, qui contient ſuffisamment de mercure pour remplir la totalité du flacon C C, & rendre le mercure ſans mouvement dans le tube ; ce qui s’opère par une vis G taraudée dans la partie inférieure de la pièce E F, ajuſtée à vis ſur E E ; on voit auſſi la coupe du flotteur Z Z traverſé par ſon cylindre Y ; X repréſente la vis qui ſert à l’introduction de l’air, & qui empêche auſſi le mercure de ſortir dans les voyages.

Par ces précautions, ce baromètre devient un des plus-tranſportables qui aient encore paru : il ſe renverſe en tout ſens ; il est ſans choc à ſa partie ſupérieure, & à l’abri de tout accident ; quand on part pour le voyage, on tourne la vis G avec la clef L, la plaque M M remonte & repouſſe vers le haut le ſac qui contient le mercure ; il remplit alors toute la capacité du tube & du réſervoir C C ; il ne peut par conſéquent ni balotter, ni caſſer le tube. Eſt-on arrivé à une ſtation ? On fait mouvoir la vis G, de façon que le mercure redeſcend dans la cuvette ; le flotteur l’accompagne, & on arrête lorſqu’il eſt juſte au point du niveau invariable marqué sur la tige d’ivoire Y Y ; on ouvre alors la vis X, qui fait communiquer l’air de la cuvette avec celui de l’atmoſphère, par le canal N. Par ce procédé, on eſt ſûr d’avoir toujours le même niveau, ſoit que l’on monte ou que l’on deſcende pour faire des obſervations ; ce qui eſt un point eſſentiel.

À l’échelle de ce baromètre, on a adapté une plaque de cuivre A B, qui porte pluſieurs pouces de diviſion, partagés en lignes, & chaque ligne en quart de ligne ; derrière cette plaque eſt une crémaillière qui porte un anneau, à travers lequel paſſe le tube. Cet anneau, auquel eſt attachée la plaque E F, ſert à juger la hauteur du mercure ; on le fait deſcendre par le moyen de la vis D & d’un pignon, jusqu’à ce que le jour, qu’on apperçoit alors, entre la partie inférieure de l’anneau & la colonne de mercure, disparoiſſe, ou du moins ſe réduiſe à une ſi petite ligne, que l’on puiſſe être aſſuré de la coïncidence parfaite de l’anneau & de la ſurface du mercure ; alors on examine par le vernier E F, ſur les diviſions duquel coïncide la ligne de foi, & cette diviſion donne la hauteur du mercure ; D eſt une vis de rappel, qui fait deſcendre ou monter le vernier E F ; ſi la ligne de foi ne coïncide pas abſolument ſur un des quarts de ligne de l’échelle fondamentale, on trouve qu’une des vingt-cinq diviſions du vernier répond à une de l’échelle ; alors on compte à combien de diſtance eſt cette diviſion de la ligne de foi, & le nombre d’intervalles donne autant de centièmes de ligne à ajouter à la hauteur approchée par la ligne de foi. Voyez la figure 284.

Baromètre portatif. On donne ce nom à un baromètre dont la conſtruction eſt telle, qu’on peut tranſporter cet inſtrument d’un lieu dans un autre, ſans qu’il ſe caſſe, ſans que le mercure ne ſorte de la cuvette, & ſans que l’air ne rentre au haut du tube, en un mot ſans aucun dérangement. Si on tranſporte ſans précaution un baromètre, le mouvement de la marche fait naître dans la colonne de mercure des oſcillations qui la font frapper avec force contre le sommet intérieur du tube, c’eſt pour cela qu’on doit incliner le tube, juſqu’à ce que la colonne rempliſſe entièrement le tube ; mais cette précaution ne peut être priſe que lorſqu’il s’agit de porter un baromètre ordinaire à de petites diſtances ; afin d’empêcher que le mercure de la cuvette n’en ſorte, on peut lier par ſes deux extrémités un petit morceau de peau vers l’inſertion du tube, à l’embouchure de la cuvette. Mais ces moyens sont plutôt de précautions pour tranſporter un baromètre, que des procédés d’une conſtruction particulière.