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M. Boiſtiſſandeau préſenta, en 1758, à l’académie des Sciences, qui l’approuva, ainſi qu’on le voit dans l’histoire de cette compagnie, un baromètre portatif perfectionné ; la boîte de cet inſtrument eſt d’une ſeule pièce d’un bois dur comme le buis ; l’ouverture par laquelle entre le tube dans la boîte, a extérieurement la figure d’un cône renverſé, & elle eſt aſſez grande pour que le maſtic qu’elle reçoit & qui communique avec une certaine quantité de cette matière qu’on verſe dans la boîte, faſſe un volume ſuffiſant pour y aſſujettir le tube. Cette boîte cylindrique intérieurement, eſt ouverte par ſon fond, de manière que le diamètre de ſon ouverture, ſe trouve un peu plus grand que celui de l’intérieur de la boîte, afin qu’il y ait une partie contre laquelle une dame garnie de chamois qu’on y fait entrer, puiſſe repoſer, & une autre partie de cette même ouverture eſt formée en écrou ſur le tour pour recevoir un bouchon à vis, qui, comprimant la dame contre le rebord de la boîte, la ferme avec exactitude. Au moyen de cette ouverture, on peut remplir commodément & exactement le baromètre, & même y mettre plus de mercure qu’il n’en faut ; car la dame pouſſée par le bouchon à vis, fera ſortir par le trou de communication avec l’air, tout le mercure ſuperflu ; le reſte de cette boîte eſt à peu près ſemblable à ce qu’on a coutume de pratiquer dans les autres baromètres portatifs, pour recevoir le mercure ſuperflu, & donner paſſage à l’air, lorſque le baromètre eſt en expérience. Cette conſtruction a ſur-tout l’avantage de ne pas laiſſer échapper le mercure à travers les jointures des deux pièces qui compoſent ordinairement la boîte.

Le ſieur Bourbon, conſtructeur de baromètres à Paris, préſenta, il y a quelques années, à l’académie des Sciences, un baromètre portatif, dont la boîte n’étoit fermée en bas que par un cuir & une veſſie qui peuvent obéir à la preſſion de l’air ; le tube du baromètre étant ſcellé à la boîte, cette preſſion ne ſe fait que par cet endroit. On peut auſſi comprimer le mercure par le moyen d’une vis garnie d’une petite glace fixée au-deſſous : par-là on rend immobile la colonne de mercure, lorſqu’on veut tranſporter l’instrument. Hiſt. de l’Acad., 1751, p. 173.

On a encore employé la conſtruction ſuivante pour rendre un baromètre portatif ; le tube de cet inſtrument rempli de mercure, eſt enchâſſé dans l’épaiſſeur d’une planche, & recouvert dans toute ſa longueur, excepté les trois pouces d’en haut, qui comprennent les limites de la variation du mercure, diviſée en pouces & en lignes ; l’extrémité inférieure eſt maſtiquée à une boîte de bois dur, à côté de laquelle on a pratiqué une petite auge dans laquelle le mercure ſuperflu coule lorſque l’inſtrument eſt vertical, au moyen d’un petit trou qui communique à la boîte ; lorſqu’on le couche, ce mercure rentre par le même trou, pour remplacer celui qui a rempli le vide au haut du tuyau ; alors on bouche ce petit trou avec une vis ou une cheville, & le baromètre peut ſouffrir toutes ſortes de ſituations ſans ſe déranger. Hiſt. de l’Acad., 1755, p. 140.

Baromètre portatif de M. de Luc. La figure 285 montre le baromètre portatif dont M. de Luc s’eſt ſouvent ſervi pour meſurer différentes hauteurs ; il eſt comme on le voit, renfermé dans une boîte de ſapin ; le tube qui ſert au baromètre eſt fait de deux pièces, l’une de 34 pouces, outre la courbure d’en bas, & l’autre de 8 pouces : elles communiquent l’une à l’autre, au travers d’un robinet. Ce robinet ne doit point être fait d’ivoire, parce que malgré la perfection du travail, les pièces laiſſent échapper du mercure aux moindres ſecouſſes que reçoit le baromètre. Il faut que la pièce intérieure de ce robinet ſoit de liège, matière compreſſible qui ſe prête à toutes les inégalités du trou. La figure 286 montre le robinet en partie démonté & de grandeur naturelle ; il eſt compoſé de deux petits cylindres d’ivoire a b, percés dans leur longueur d’un trou dont le diamètre doit être tel, que le tube y paſſe avec facilité, & d’une pièce d’ivoire quarrée c, qu’on voit ici de côté, & en face dans la figure précédente qui préſente ce baromètre portatif entier ; le trou, qui a huit lignes de diamètre, eſt deſtiné à recevoir la clef f d e ; on voit en h & i des petits tuyaux, vis-à-vis des trous cylindriques qui doivent les recevoir ; la clef eſt compoſée de liège & d’ivoire ; le liège entre dans le grand trou de la pièce c, qu’il dépaſſe en f ; la pièce d e, qui eſt d’ivoire, eſt colée avec le liège ; elle ſert à faire tourner la clef ; on peut voir dans le ſecond volume des recherches de M. de Luc, les détails de conſtruction relatifs à cette pièce importante, le robinet, aux moyens de l’ajuſter avec les tubes du baromètre.

Pour empêcher que le mercure ne balote quand le robinet eſt fermé, il faut que le grand tube ſoit exactement rempli ; pour cet effet, on doit tenir le baromètre incliné pendant qu’on le ferme. Lorſqu’on veut mettre cet inſtrument en expérience, on le place d’abord ſolidement & à plomb, avant de mettre en liberté le mercure ; on tourne enſuite fort lentement la clef du robinet, particulièrement ſur les montagnes, afin que le mercure ne balance point en s’abaiſſant bruſquement dans le grand tube ; il eſt à propos de remarquer ici qu’il eſt mieux de donner peu d’étendue à la partie du tube qui doit être vide d’air.

La conſtruction de l’échelle de ce baromètre eſt fondée ſur ce qu’il eſt toujours plus aiſé d’additionner que de ſouſtraire, & particulierement lorſque les quantités ſont accompagnées de fractions. On a d’abord marqué le long du grand tube l’eſ-