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après, on aimante de la même manière, ſur l’autre pied, la ſeconde moitié de l’aiguille.

Nous ferons ici une obſervation générale qui a lieu dans toutes les méthodes d’aimanter, c’eſt que la partie d’une aiguille qui touche le pôle méridional d’un aimant quelconque, ſe dirige toujours vers le nord, & qu’au contraire, celle qui a été frottée ſur le pôle ſeptentrional, ſe tourne conſtamment vers le midi. Ainſi on aura ſoin de frotter ſur le pôle ſud d’un aimant, la partie d’une aiguille qui eſt en fer de flèche, qui eſt bleue, qui eſt en fleur de lys, &c.

La ſeconde méthode conſiſte à employer deux aimans au lieu d’un ſeul. Dans la méthode précédente, on frottoit alternativement l’aiguille ſur les deux pôles d’un aimant ; dans celle-ci, on emploie en même-temps deux aimans ; mais chacun par un pôle de différente dénomination : auſſi le magnétiſme communiqué a-t-il plus de force. D’abord on place l’aiguille ſur une planche unie, où on a pratiqué une petite cavité pour recevoir la chape ; enſuite on prend deux bons aimans armés ; on met le pied méridional de l’un ſur la portion de l’aiguille qui doit être dirigée vers le nord, & le pied ſeptentrional de l’autre aimant ſur l’autre moitié de l’aiguille ; de ſorte que les pieds, qu’on vient de nommer, ſoient l’un & l’autre proche de la chape. Après, on frotte lentement, & dans le même temps, ſur l’aiguille, ces deux aimans, en les ſéparant & en les mouvant juſqu’à ce qu’ils ſoient arrivés enſemble au-delà des deux bouts de l’aiguille. On recommence douze ou quinze fois cette opération. Enſuite on retourne l’aiguille pour la frotter de la même manière ſur ſa ſurface ſupérieure, après avoir eu ſoin de la fixer d’une manière quelconque, la chape au-deſſus de la cavité. Cette manière d’aimanter une aiguille eſt plus énergique, lorſqu’on ſe ſert de deux aimans artificiels.

La troiſième méthode conſiſte à aimanter une aiguille de bouſſole en la plaçant par ſon milieu ſur la jonction de deux barreaux aimantés qui ſe touchent par leurs pôles de différens points, & qui ſont ſitués dans la même ligne droite, ſoient deux barreaux d’acier aimantés B M, S E, figure 362, fortement aimantés, diſpoſés de façon que le pôle M méridional de l’un, ſoit en contact avec le pôle ſeptentrional S de l’autre. L’aiguille N D Α étant placée ſur ces deux barreaux, de ſorte que la chape réponde à la ligne de réunion M C ; on applique enſuite fortement la partie D N de l’aiguille ſur la lame M B, & pareillement la partie D Α de la même aiguille ſur l’autre barreau S E. Après on retire lentement les deux barreaux de part & d’autre, en les ſéparant, ayant ſoin néanmoins que les deux côtés demeurent appliqués ſur les lames ou barreaux. Lorſque ces deux barreaux ſeront ſuffiſamment retirés pour que les deux moitiés de l’aiguille ne ſoient plus poſées ſur eux, on laiſſera les deux barreaux dans une ſituation telle que l’aiguille ſe trouve placée entr’eux, de ſorte que le bout N de l’aiguille touche l’extrémité M de la barre M, & que l’autre extrémité Α de la même aiguille ſoit en contact avec l’extrémité S de l’autre lame. Après avoir laiſſé les deux barreaux dans cet état pendant deux ou trois minutes environ, on retirera les deux barreaux, & l’aiguille ſera fortement aimantée. En recommençant pluſieurs fois la même opération, le magnétiſme de l’aiguille augmentera d’intenſité. L’extrémité N de l’aiguille ſera le pôle ſeptentrional, conformément à ce qu’on a obſervé ci-deſſus, & le bout Α ſera le pôle ſud. On voit que cette méthode eſt une ſuite de la ſeconde.

Cette méthode eſt de M. Knight : ce phyſicien avoit ſoin d’ôter la chape de l’aiguille a a & de la placer ſur la ſurface ſupérieure, & non latérale des deux barreaux Α & B, qui ſe touchoient par leurs pôles n s de différens noms, comme on le voit dans la figure 363. Par des expériences pluſieurs fois répétées, il a trouvé, ainſi que d’autres ſavans, qu’une aiguille trempée de tout ſon dur, avoit acquis une force double que celle d’une aiguille chauffée après la trempe, & devenue bleue, quoiqu’aimantée de la même manière ; car la première attira & enleva un poids de fer peſant douze gros, tandis que la ſeconde ne put produire le même effet que ſur un poids de ſix gros. C’eſt avec raiſon qu’on a remarqué que ſi Muſſchenbroeck a éprouvé le contraire, c’eſt que dans ſes expériences il ne s’eſt ſervi que d’aimans naturels, qui ne peuvent donner facilement une grande vertu magnétique à des aiguilles d’un acier trempé de tout ſon dur, à moins qu’elles ne ſoient fort petites, tandis qu’au contraire on leur communique facilement une forte vertu magnétique avec des aimans artificiels. Voyez Aimant, ſeptième propriété.

Une quatrième méthode eſt repréſentée dans la figure 364, ſoient deux barreaux d’acier fortement aimantés, unis entr’eux par deux morceaux de fer doux, E G, F K ; placez ſur chacun des barreaux une aiguille de bouſſole N D Α, O S P, ſoient encore deux autres lames aimantées D L, D M dont les deux pôles oppoſés ſe touchent en D, les choſes ainſi diſpoſées, faites gliſſer la barre D L ſur la longueur de l’aiguille, depuis la chape D juſqu’à ſon extrémité N : faites pareillement gliſſer l’autre barre D M ſur l’autre partie de la même aiguille, depuis D juſqu’en Α : réitérez enſuite la même opération pluſieurs fois, & l’aiguille ſera fortement aimantée. On communiquera de même la vertu directive à l’autre aiguille O S P, placée ſur l’autre barre B C. On peut n’aimanter, ſi on veut, qu’une ſeule aiguille. Il y en a qui recommandent de répéter cette opération pluſieurs jours de ſuite. Ici on traite les aiguilles comme des barreaux d’acier qu’on déſire d’aimanter. Voyez Aimant artificiel où cette méthode ſera plus détaillée. Muſſchenbroeck, tom. I, pag. 348.