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ferme, & l’air paſſant dans le tuyau a b, ſoulève une autre ſoupape b, & entre dans la chambre de compreſſion.

La chambre de compreſſion eſt doublée intérieurement avec des lames de plomb ſoudées avec ſoin, pour empêcher l’air comprimé de s’échapper par les joints des madriers. Les détails de la conſtruction & liaison de ce bateau ſont faciles à imaginer d’après les figures. Celui qu’on repréſente ici eſt formé au moyen d’un double bordage de trois pouces d’épaiſſeur. Les madriers, poſés horiſontalement, ſuivant la longeur du bateau, ſont percés de quatre trous pour recevoir les tenons des madriers horiſontaux qui forment la ſéparation des caiſſes. Ces tenons ſont aſſujettis par des clefs. Un ſecond bordage de madriers poſés verticalement recroiſe à angle droit les madriers horiſontaux contre leſquels il eſt boulonné & chevillé ; ce qui donne à l’enſemble la plus grande ſolidité. Le fond des pontons A & B, & le plafond de la chambre de compreſſion C, ſont attachés contre une liſſe horiſontale que l’on voit à la figure 156.

Manœuvre du bateau. Le bateau ſera leſté de manière que les pontons s’enfoncent de ſept pieds dans l’eau, en ſorte que la chambre de compreſſion aura ſept pieds & demi de tirant d’eau, l’eau rempliſſant juſqu’à cette hauteur l’intérieur de cette chambre. Si on ſe propoſe donc de récéper ſous l’eau un rocher qui en eſt toujours couvert, comme, par exemple, le rocher de Quillebœuf qui interrompt la navigation de la Seine, lorſqu’il n’y aura plus que ſept pieds & demi de hauteur d’eau ſur le rocher, le bord inférieur de la chambre C commencera à le toucher ; alors il ne ſera plus queſtion, pour pouvoir déblayer le rocher, que d’introduire les travailleurs dans la caiſſe de compreſſion, de fermer la trappe, & de chaſſer, au moyen des ſoufflets, toute l’eau contenue dans la chambre de compreſſion en y ſubſtituant de l’air à la place ; par-là lorſque le bord inférieur de la caiſſe de compreſſion touchera le rocher, toute la partie renfermée ſous cette caiſſe ſe trouvera à ſec. Sur quoi l’on remarquera, qu’en même temps que l’air en ſe condenſant videra l’eau de deſſous la caiſſe, il fera effort par ſa réaction contre le plafond de cette même caiſſe, & il ſoulèvera le bateau ; en ſorte que la chambre de compreſſion, ayant ſix pieds dans un ſens & neuf pieds dans l’autre, & les caiſſes A & B, figure 154, ayant pour baſe un quarré de neuf pieds de côté, le tirant d’eau de la caiſſe C qui, primitivement étoit de ſept pieds ſix pouces, ſe trouvera réduit, lorſque l’eau aura été complétement chaſſée de deſſous la caiſſe, à cinq pieds ſept pouces, ſix lignes.

Voici le calcul qui déterminera le tirant d’eau du bateau dans la figure 159 ; C l, repréſente le tirant d’eau de la chambre de compreſſion avant que l’air ſoit condenſé ; C g repréſente le tirant d’eau de cette même chambre après la condenſation, & que toute l’eau a été chaſſée. Ainſi, la condenſation de l’air répond pour lors à une colonne d’une hauteur C g, & par conſéquent le plafond de la chambre eſt preſſé par une action égale à une colonne d’eau de la hauteur C g. Donc, en ſuppoſant que B ſoit égal à une ſection horiſontale de la caiſſe de compreſſion B multiplié par C g, exprimera la preſſion que l’air condenſé exerce pour ſoulever le bateau. Or, comme le bateau eſt ſuppoſé relevé de la quantité g l, ſi Α eſt égal à la ſurface horiſontale des deux pontons, Α l g ſera la différence des maſſes d’eau déplacées avant & après la condenſation de l’air. Ainſi, ſuivant les lois de l’équilibre des fluides, nous aurons l’équation  ; d’où en appliquant cette formule à l’exemple propoſé, l’on aura C l = 7 pieds ½, Α = 18 pieds × 9 pieds B = 6 pieds × 9 pieds, & par conſéquent C g = 5 pieds 7 pouces 6 lignes.

Après l’opération dont nous avons parlé ci-deſſus, le bord inférieur de la chambre de compreſſion ne commencera à toucher le rocher que lorſqu’il ne reſtera plus que 5 pieds 7 pouces 6 lignes de hauteur d’eau au-deſſus, & pour lors toute la partie du rocher renfermée ſous la chambre de compreſſion, qui forme ici une ſurface de 54 pieds carrés, ſe trouvera abſolument ſec, ſi le rocher eſt horiſonlal ; & ſi le rocher eſt incliné, il n’y aura que la partie la plus élevée du rocher qui ſera découverte ; dans la partie inférieure il reſtera une hauteur d’eau égale à la pente du rocher ſur 9 pieds de longueur, qui eſt la plus grande dimenſion de la chambre. Cette hauteur au ſurplus ne ſera jamais que de quelques pouces, ſi le travail eſt conduit avec intelligence. Dans tous les cas, les travailleurs renfermés dans la caiſſe de compreſſion, ſe pourvoiront de quelques pieds cubes d’argile, pour pouvoir boucher la jonction du rocher avec le bord de la chambre, non ſeulement dans les parties les plus élevées, mais même dans la plus grande partie de contour, s’ils le jugent néceſſaire. Ils formeront de plus, contre un des coins de la chambre, un petit baſſin d’un pied de diamètre, communiquant avec l’eau extérieure, pour y vider avec une pelle hollandoiſe ou quelque moyen équivalent, les eaux qui filtreroient dans leur travail. Dans le déblai ils s’arraſeront par couches de niveau à peu près d’un pied d’épaiſſeur. Voici la marche que l’on pourra ſuivre dans la conduite de l’ouvrage. L’on commencera par renfermer ſous la caiſſe, & par déblayer la ſommité du rocher que l’on enfoncera ſeulement d’un pied ; enſuite l’on