Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/614

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arraſera à ce niveau toutes les parties voiſines. Lorſque le rocher aura été baiſſé d’un pied, l’on entreprendra une ſeconde couche de la même épaiſſeur que la première, l’on s’arraſera par-tout de niveau ; la troiſième couche s’entreprendra & s’exécutera comme les deux autres ; le rocher, après cette opération, ſe trouvera baiſſé de trois pieds, & ainſi de ſuite.

La dépenſe de cette opération, comparée avec celle qui réſulte des moyens ordinaires, ſera ſûrement moins conſidérable pour eſtimer le temps néceſſaire à quatre travailleurs, qui ſuffiſent pour remplir la caiſſe de compreſſion d’air condenſé, & pour chaſſer toute l’eau qui y eſt contenue ; on raiſonnera de la manière ſuivante ; ſuivant les expériences de Déſaguiliers (Cours de Phyſique expérimentale, tome 11, pag. 593.) un homme peut élever avec une bonne machine, par un tuyau, un muid ou huit pieds cubes d’eau à dix pieds dans une minute ; ou ce qui revient au même, un peu plus de quatorze pieds cubes à cinq pieds ſept pouces ſix lignes. Or la compreſſion de l’air, & par conſéquent la réaction de la preſſion eſt ſuppoſée répondre à une colonne d’eau de cinq pieds ſept pouces ſix lignes ; ainſi en proportionnant les dimenſions des ſoufflets, & la longueur des leviers, de manière que les hommes puiſſent commodément y employer leur force, un ſeul homme pourroit fournir dans la caiſſe de compreſſion quatorze pieds cubes d’air par minute, & les quatre hommes en fourniroient cinquante-ſix pieds cubes, auſſi par minute ; mais comme la caiſſe de compreſſion contient un volume de cinq cens quatre vingt-quatorze pieds cubes, & que l’air atmoſphérique n’y eſt pas tout à fait comprimé d’un cinquième de ſon volume, il s’ensuit, qu’après la compreſſion, il y aura 712 pieds cubes d’air atmoſphérique renfermé dans la caiſſe de compreſſion. Mais avant le commencement de l’opération il reſtoit dans la partie ſupérieure de la caiſſe un eſpace de trois pieds & demi de hauteur au-deſſus de l’eau, qui contenoit 189 pieds cubes d’air ; ôtant cette quantité de 712 pieds cubes que contient la caiſſe après la compreſſion, il en réſulte, qu’il faudra introduire 523 pieds cubes d’air atmoſphérique, pour vider toute l’eau contenue dans la caiſſe, ce qui, d’après les calculs qui précédent, s’opérera facilement dans dix minutes par quatre hommes, puiſqu’ils peuvent élever à 5 pieds 7 pouces 6 lignes 560 pieds cubes d’eau dans dix minutes. Il y aura à la vérité une partie des forces perdue, parce qu’il faut qu’avant de pouvoir faire paſſer l’air du ſoufflet dans la caiſſe de compreſſion, cet air ſoit réduit dans le ſoufflet au même degré de denſité où il ſe trouve dans la caiſſe ; ainſi il faut que le volume d’air renfermé dans le ſoufflet, ſoit diminué à peu près d’un cinquième, avant que l’action des hommes ſoit employée utilement à faire paſſer l’air dans la caiſſe de compreſſion. Mais cette perte de force ne peut guère être eſtimée qu’à un dixième de la force totale, parce que la réſiſtance qu’oppoſe l’air comprimé à l’action des hommes, eſt nulle lorſque le ſoufflet eſt entièrement ouvert, & que cette réſiſtance n’équivaut à une colonne d’eau de 5 pieds 7 pouces 6 lignes, que lorſque l’air a acquis le même degré de denſité dans le ſoufflet que dans la caiſſe. L’on doit faire la même réflexion par rapport à la ſomme des forces que les hommes ſeront obligés d’employer pour remplir la caiſſe. Dans le commencement de l’opération, la denſité de l’air étant la même dans la caiſſe & dans l’atmoſphere, la réſiſtance que les hommes éprouvent pour commencer à condenſer l’air dans la caiſſe, eſt nulle ; & ce n’eſt que lorſque l’eau eſt entièrement chaſſée de la caiſſe, qu’ils ont à vaincre une réſiſtance répondante à une colonne d’eau de 5 pieds 7 pouces 6 lignes ; en ſorte que la réſiſtance moyenne ne peut guère être eſtimée au-delà d’une colonne d’eau de trois pieds de hauteur. Ce qui d’après le calcul des machines, réduiroit le travail néceſſaire pour vider entièrement la caiſſe de compreſſion, à 6 ou 7 minutes de temps. La conſommation de l’air reſpiré par les hommes, eſt eſtimée par M. Déſaguilliers à un muid ou à huit pieds cubes d’air par heure ; ainſi ce ne ſera qu’une conſommation de 6 ou 7 pieds cubes au plus, pour le temps qu’il faudra aux quatre hommes pour vider la caiſſe. Doublons ſi nous voulons la perte des forces ; augmentons la conſommation d’air que les hommes reſpirent, forçons au déſavantage de cette machine tous les accidens qui pourroient en retarder l’effet ; ſuppoſons que pour purifier l’air de la caiſſe, l’on évacue par minute quatre ou cinq pieds cubes d’air par le tuyau placé ſur le plafond de la caiſſe, nous ne pourrons jamais, malgré tous ces déſavantages, eſtimer à plus de 15 minutes le temps néceſſaire à quatre hommes, pour vider la caiſſe & mettre le rocher à ſec. Lorſque l’eau aura été entièrement chaſſée de la caiſſe de compreſſion, deux hommes ſuffiront pour entretenir une circulation, qui rendra l’air renfermé dans cette caiſſe, plus pur que celui que l’on reſpire dans nos ſalles de ſpectacle, & dans la plupart de nos appartemens.

S’il pouvoit reſter quelques doutes, il ſuffira pour les diſſiper, de faire réflexion qu’il ſera toujours facile d’augmenter le nombre des ſoufflets, & celui des travailleurs qui doivent les mettre en mouvement ; & que quatre ou cinq manœuvres de plus n’influeront jamais ſenſiblement ſur la dépenſe d’un pareil travail.

Lorſque l’on voudra donner une grande denſité à l’air, comme, par exemple, le double de la denſité atmoſphérique, l’on pourra ſubſtituer des pompes aux ſoufflets : les pompes à piſton de

mercure,