met à flot ; dans la méditerranée & dans les rivières, quelques pieds cubes d’eau introduits dans les pontons, & vidés avec des pompes, peuvent remplir le même objet. Ce qu’on vient de lire eſt tiré d’un mémoire intitulé : Recherches ſur les moyens d’exécuter ſous l’eau toutes ſortes de travaux hydrauliques ſans employer aucun épuiſement, par M. Coulomb, capitaine au Corps du Génie, & de l’Académie des Sciences. Ce mémoire fut deſtiné au concours d’un prix propoſé par l’Académie de Rouen ſur le ſujet ſuivant : Récéper ſous l’eau, dont il eſt toujours couvert, un rocher qui interrompt la navigation de la Seine auprès de Quillebœuf ? Le rocher reſte ſubmergé d’environ un pied dans les plus baſſes eaux ; il eſt de 60 à 80 pieds de longueur ſur 30 à 40 de largeur. Les pilotes déſireroient qu’il fût ſeulement récépé de trois pieds dans ſa ſuperficie.
Je concourus auſſi pour ce prix, & mon mémoire obtint des éloges comme celui de M. Coulomb. L’Académie déclara que le mémoire de M. Bertholon, coté n°. 6, portant pour épigraphe, in aquis ut in terrâ, méritoit des éloges, comme très-intéreſſant par ſon érudition, par le détail des ſuccès obtenus à Carlscrona, & par les moyens ingénieux qu’il ſuggérois, &c., ce moyen n’ayant aucun rapport avec l’objet de cet article Bateau pneumatique, je n’en dirai rien ici, j’en parlerai à l’article Électricité.
BATON de cire d’Espagne. La cire d’Eſpagne eſt une ſubſtance idioélectrique, c’eſt-à-dire, électrique par nature ; c’eſt une ſubſtance non conductrice. (Voyez ces mots & celui d’Électricité.) Perſonne n’ignore que ſi on frotte ſimplement un petit bâton de cire d’eſpagne ſur la manche de ſon habit, il devient auſſi-tôt électrique ; qu’il attire des corps légers, & que ſi ces corps légers ſont ſuſpendus par un fil de ſoie, après avoir été attirés, ils ſont auſſi-tôt repouſſés. Ce bâton fera voir dans l’obſcurité une lumière électrique lorſqu’on le frottera, & produira les autres effets d’électricité. M. Dufay ayant autrefois remarqué que la cire d’Eſpagne, la réſine, le ſoufre, le bitume, &c., étant frottés, produiſoient des effets oppoſés à ceux du verre électrisé, donna le nom d’électricité réſineuſe à ces ſubſtances qui tenoient de la nature des réſines en général, & réſerva le nom d’électricité vitrée pour celle des ſubſtances vitreuſes. Mais depuis on a généraliſé encore plus cette diſtinction, & on a diviſé l’électricité en poſitive & en négative, parce qu’on a remarqué, par exemple, que le verre pouvoit, dans certaine circonſtances, être électriſé, même négativement, &c. La cire d’Eſpagne, le ſoufre en général, ſont des ſubſtances électriques négativement, car étant frottés, ainſi que le verre, on voit que les corps légers repouſſés par le verre, ſont attirés par la cire d’Eſpagne, & que ceux que la cire d’Eſpagne repouſſe ſont attirés par le verre de la manière la plus conſtante. Ces expériences ſe font facilement avec un petit électromètre ſenſible, & ſont un moyen de connoître qu’elle eſt l’eſpèce d’électricité qui règne dans un corps quelconque. (Voyez Électricité négative.)
Lorſqu’on veut obtenir d’un bâton de cire d’Eſpagne des effets un peu conſidérables, on a ſoin de ſe procurer un gros bâton de cette ſubſtance, & on le frotte de la même manière qu’un tube de verre. J’ai des bâtons de cire d’Eſpagne de deux pieds de longueur, & d’un pouce & demi de diamètre ; on peut leur donner de moindres dimenſions. J’en ai fait de plus grands & plus gros encore, en y mettant dans l’intérieur un gros bâton de bois qu’on recouvre enſuite de cire d’Eſpagne. Voyez Cire d’Espagne.
Bâton de soufre. Le ſoufre étant électrique par nature, comme la cire d’Eſpagne & les réſines, on développe l’électricité qui lui eſt propre, lorſqu’on le ſoumet à un frottement convenable. L’électricité du ſouffre eſt négative, tandis que celle du verre eſt poſitive, puiſque les effets que ces deux ſubſtances produiſent ſont d’une nature contraire. Un tube de verre & un bâton de ſoufre, frottés & électriſés, préſenteront des attractions & des répulſions inveres, ainſi que nous venons de le dire à l’article Baton de cire d’Espagne. De plus, une pointe métallique préſentée au verre électriſé, fait briller un point lumineux ; tandis que préſentée au ſoufre, à la cire d’Eſpagne, & aux réſines, elle fait paroître une aigrette lumineuſe, ce qui eſt un des caractères diſtinctifs de l’électricité poſitive & négative.
Les expériences d’électricité qu’on peut faire avec un bâton de ſoufre, ſont abſolument les mêmes que celles qu’on opère par le moyen d’un bâton de cire d’Eſpagne ; mais celui-ci eſt préférable, parce qu’il n’eſt pas caſſant, qu’il n’eſt pas ſujet à des gerçures, & qu’il ne ſalît ni n’empâte pas les doigts ou le frottoir. Si cependant on déſiroit d’avoir dans un cabinet de phyſique un bâton de ſoufre d’une certaine longueur & conſiſtance, on prendroit le moyen ſuivant qui a déjà été propoſé. Il conſiſte à placer entre les deux pointes d’un tour un bâton raboteux, & ſur la ſurface duquel on aura fait des entailles, il ſervira de noyau au ſoufre fondu qu’on verſera deſſus, tandis qu’on tournera le bâton : enſuite on lui donnera le poli avec la peau de chien de mer. Comme le ſoufre en ſe refroidiſſant a beaucoup de retraite, on remplit les fentes ou gerçures avec de nouveau ſoufre fondu, & enſuite on polit la ſurface.
Baton de bois électrique. On
