plani le terrein & y avoir, ſi on le croyoit néceſſaire, enfoncé des pilots & coulé un grillage, l’on renfermeroit dans la chambre de compreſſion les matériaux néceſſaires pour former un établiſſement d’un pied de hauteur ſur toute la ſurface renfermée ſous la chambre ; l’on mettroit enſuite à ſec le deſſous de la chambre par le moyen des pompes de compreſſion, ſi les ſoufflets n’étoient pas ſuffiſans ; l’on couleroit le bateau, & on le mettroit à flot au moyen de quelques pieds cubes d’eau que l’on introduiroit dans les pontons, & que l’on videroit à volonté.
Pour rendre l’uſage de cette grande caiſſe plus commode, pour pouvoir y renouveler les travailleurs & y introduire quand on voudra des matériaux & des outils ſans laiſſer remonter l’eau dans la caiſſe, il faudra pratiquer dans la partie ſupérieure de la chambre de compreſſion, un ou deux petits coffres de quatre ou cinq pieds dans tous les ſens, doublés, comme la chambre, d’une lame de plomb ; ces coffres communiqueront au moyen de deux portes, d’un côté, avec la chambre de compreſſion, de l’autre, avec l’air extérieur ; par ce moyen l’on pourra former un dépôt, & introduire dans la chambre de compreſſion tout ce que l’on jugera à propos, ſans y diminuer l’état de condenſation néceſſaire pour tenir à ſec le deſſous de la caiſſe.
Le rocher de Quillebeuf étant formé de marne, mêlé de lits de ſilex, la pioche, le pic à roc, des coins, & quelques autres outils du même genre, ſuffiront pour en entreprendre le déblai ; mais dans les cas où la dureté du rocher exigeroit que l’on ſe ſervît de poudre, voici comme on pourroit s’y prendre. Suivons toujours les données de notre exemple. La chambre de compreſſion ayant ici 11 pieds de hauteur, l’on pourra facilement y manœuvrer une barre de mineur. Après avoir percé le rocher à la profondeur convenable, l’on introduira au fond du trou de la mine une petite boîte cylindrique de fer-blanc, à peu près de même diamètre que ce trou ; elle aura la hauteur ſuffiſante pour contenir la poudre de la charge ; au couvercle de cette boîte l’on ſoudera un petit tuyau de fer-blanc de deux ou trois lignes de diamètre, qui renfermera une compoſition d’artifice très-foible, deſtinée à porter l’inflammation juſques dans la mine ; le ſommet du tuyau ſera enduit de quelque matière graiſſeuſe, & s’élevera au-deſſus du niveau de la mer baſſe ; on le ſoutiendra, ſi on le juge néceſſaire, avec des cordages attachés à des pointes enfoncées dans les joints du rocher pour empêcher les courans de le rompre ; la mer en montant, mettra à flot le bateau à air qui couvre la mine ; on l’éloignera, lorſque ſon bord inférieur ſe trouvera plus haut que l’extrémité du tuyau qui contient l’artifice. Lorſque le reflux découvrira enſuite l’extrémité du tuyau, une chaloupe viendra y mettre le feu ; la lenteur de l’inflammation donnera le temps à la chaloupe de s’éloigner avant l’exploſion.
Dans la méditerranée & dans le lit des rivières où l’on n’a pas le ſecours des marées, l’on parviendra à faire jouer les mines ſous l’eau, de la manière ſuivante. Le tuyau de fer-blanc qui contient l’artifice, ne s’élevera que d’un pied au-deſſus du rocher, mais il ſera terminé par un tuyau de cuir enduit extérieurement de quelque matière impénétrable à l’eau, & intérieurement d’un vernis incombuſtible. Ce tuyau de cuir ſera ſoutenu intérieurement contre la preſſion de l’eau par des tuyaux de fer-blanc ou des cercles de gros fil de fer ; ſon extrémité ſera fermée avec ſoin, l’on y attachera un corps flottant, afin que lorſque la mine ſera découverte, & que le bateau ſera à flot, l’extrémité du tuyau s’élève à la ſurface de l’eau ; un fil ſoufré que l’on introduira dans le tuyau, ou quelque moyen équivalent, portera l’inflammation juſques dans la mine. La réuſſite de cette opération dépendra abſolument du ſoin que l’on aura pris de rendre le tuyau de cuir impénétrable.
On doit encore avoir ſoin d’introduire continuellement du nouvel air dans la caiſſe de compreſſion, tout le temps que le travail durera une partie ſervira à la conſommation des travailleurs, & l’autre chaſſera l’ancien air, qui s’échappera entre les joints du rocher par-deſſous la caiſſe, & par le tuyau & par le robinet placé au ſommet de la caiſſe de compreſſion. Ce robinet ſera toujours ouvert de manière à évacuer la moitié ou le tiers de l’air que l’on introduira continuellement au moyen des ſoufflets ou des pompes, le reſte s’échappera par le deſſous de la caiſſe.
Ce bateau n’a de commun, avec la cloche du plongeur, que le principe de ſa conſtruction. La cloche du plongeur eſt toujours ſuſpendue par une corde & manœuvrée par des cabeſtans. Si on veut qu’elle déplace un volume d’eau un peu conſidérable, il faut lui donner un poids énorme, & ſa manœuvre devient très-difficile. S’il arrive un accident, le ſeul homme qu’elle peut renfermer ; eſt ſouvent étouffé & noyé avant qu’on puiſſe la tirer de l’eau ; mais avec ce bateau on pourra mettre à ſec, au milieu des eaux, des ſurfaces de plus de 400 pieds carrées, ſans avoir rien à craindre, parce que la partie ſupérieure de cette caiſſe eſt toujours hors de l’eau ; que les travailleurs qui y ſont renfermés peuvent parler avec ceux qui ſont au-dehors ; que l’air y eſt renouvelé par des courans continuels. La manœuvre de ce bateau paroît dans tous les cas devoir être de la plus grande facilité ; elle s’exécute dans l’océan par le ſeul mouvement des marées qui le coule & les