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roît être analogue à celle de l’huile, laquelle peut être ou fluide, ou concrète. Les principaux bitumes dans un état de ſolidité ſont le bitume de Judée, l’ambre jaune ou ſuccin, le jayet, le charbon de terre, &c ; les bitumes liquides ſont le pétrole, le piſſaſphalte ou poix minérale, &c. ; toutes ces matières ſont très-inflammables ; elles peuvent être diſſoutes par les huiles ; quelques-uns penſent que les bitumes appartiennent proprement au règne minéral ; d’autres que leur origine vient du règne végétal.

Les bitumes ſont idio-électriques ou électriques par nature, puiſque tous ceux qui ſont ſuſceptibles d’être frottés donnent des ſignes d’électricité ; ils ſont tous non-conducteurs, même dans l’état de fluidité ; le genre de leur électricité eſt d’être par eux-mêmes électriques négativement : c’eſt ce qu’on appeloit autrefois avoir l’électricité réſineuse. (V. Électricité négative.)

Les bitumes & les réſines entrent dans la compoſition des électrophores, eſpèces de machines électriques d’une conſtruction ſimple & d’un grand effet, ſur-tout quand ils ont une grande ſuperficie. Voyez Électrophore.

On s’eſt ſervi long-temps de matières bitumineuſes pour former des Isoloirs. Une maſſe de bitume, fondue & verſée dans une caiſſe, ſervoit, lorſqu’elle étoit refroidie, à iſoler les corps qu’on ſe propoſoit d’électriſer par communication ; une perſonne ſe plaçoit deſſus cet iſoloir & on l’électriſoit. On a preſque entièrement abandonné ce moyen, parce que le mélange bitumineux s’amolliſſoit en été, & en hiver étoit ſujet à des gerçures qui les rendoient moins propres à l’iſolement.

Les bitumes, comme le ſuccin, par exemple, &c., peuvent ſervir à faire des vernis à huile deſtinés à préſerver d’humidité les verres & les autres pièces des machines électriques, comme les bois, &c.

BLA

BLANC. Un corps blanc eſt celui qui réfléchit les rayons de toutes les couleurs priſmatiques réunies ; c’eſt celui qui réfléchit les rayons du ſoleil ſans leur faire ſubir aucune décompoſition. Les anciens croyoient qu’un corps blanc portoit ce nom parce qu’il réfléchiſſoit la couleur blanche, comme un corps bleu ou rouge étoit ainſi appelé à cauſe qu’il réfléchissoit la couleur bleue, la couleur rouge ; mais depuis les brillantes expériences de Newton, qui a décompoſé la lumière avec une sagacité & une adreſſe étonnante, il eſt prouvé que le blanc n’eſt pas une couleur ſimple & unique, mais qu’il eſt compoſé de toutes les couleurs, & qu’il est d’autant plus blanc que cet aſſemblage eſt plus parfait.

Cette vérité eſt démontrée à l’article Couleurs. On y verra que la lumière du ſoleil qui eſt blanche & décompoſée par un priſme en ſept rayons hétérogènes ; le rouge, l’orangé, le jaune, le verd, le bleu, l’indigo & le violet ; & que ſi avec une lentille on réunit ces ſept rayons, on verra à ſon foyer un point blanc formé conſéquemment de l’aſſemblage des ſept couleurs ; ainſi l’analyſe & la ſynthèſe prouvent cette doctrine ; ſi on intercepte avant la réunion, un, deux, ou trois rayons colorés, on appercevra que le blanc qui eſt au foyer paroîtra de plus en plus ſale ou gris.

Pour démontrer encore cette propoſition par un autre moyen, j’ai fait faire l’appareil ſuivant. Sur un grand cercle de carton ſont peintes les couleurs priſmatiques, en une, ou deux, ou quatre ſuites (car j’ai pluſieurs cartons) ; ce cercle peut tourner rapidement par le ſecours d’un ſyſtême de roues dentées & de pignons, menés par une manivelle, le tout étant établi dans une eſpèce de batis ou cage de fer, fixée ſolidement ſur une table. Lorſqu’on imprime le mouvement à cet appareil, le cercle tourne avec une rapidité très-grande, parce qu’il eſt fixé ſur l’axe du dernier pignon, & on ne voit que du blanc ; ſi au contraire on fait tourner lentement la manivelle, on apperçoit les ſept couleurs. En augmentant progreſſivement la vîteſſe dans ce dernier cas, on voit diſparoître pluſieurs couleurs, & on n’en obſerve que des compoſées. Si la rapidité croît, on voit différentes nuances de gris blanc, & enfin le blanc véritable. Ce dernier effet réſulte de ce que l’impreſſion de chaque couleur ſubſiste en même temps dans l’œil, ainſi que nous l’expliquerons en ſon lieu ; cet effet eſt analogue à celui du cercle de feu que préſente un tiſon allumé, qu’on tourne circulairement avec une grande rapidité.

BLANCHEUR. La blancheur eſt cette qualité ſenſible qui diſtingue les corps blancs. Cette blancheur, ainſi qu’on vient de le prouver au mot Blanc, conſiſte dans l’aſſemblage de toutes les couleurs priſmatiques. Ainſi la lumière eſt eſſentiellement blanche, parce qu’elle réſulte de la compoſition des ſept couleurs ; un corps a de la blancheur lorſqu’il réfléchit toutes les eſpèces de couleurs, & ſa blancheur eſt d’autant plus parfaite, qu’il réfléchit plus complettement toutes les couleurs.

Le noir au contraire eſt une privation ou abſorption des rayons de toutes les couleurs ; un corps eſt noir lorſqu’il abſorbe tous les rayons de lumière, & il eſt blanc quand il les réfléchit tous. Dans ce dernier cas la ſenſation que nous appelons blancheur, eſt excitée par la réflexion des ſept eſpèces de rayons colorés réunis. Dans le premier, une ſenſation particulière eſt excitée, ou peut-être la privation de toute ſenſation eſt