Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/650

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ce que le rumb déterminé ſoit vis-à-vis de la croix marqué ſur la boîte ; & le vaiſſeau faiſant voile, eſt dans ſa véritable route : par exemple, si on part de l’iſle d’Oueſſant, à l’occident de Breſt, & qu’on veuille aller au Cap Finiſtère, en Galice, on commencera par chercher dans une carte marine réduite, quelle doit être la direction de la route, & on trouve qu’on la doit faire au ſud-oueſt quart au ſud : tournant donc le gouvernail juſqu’à ce que le rumb ſud-oueſt quart au ſud, réponde exactement à la petite croix marquée sur la boîte de la bouſſole, le vaiſſeau ſe trouvera dans ſa véritable route. Tel eſt le principal uſage de la bouſſole : il y en a pluſieurs autres qui tendent à déterminer les latitudes, à fixer les points de l’horiſon où les aſtres ſe lèvent & ſe couchent ; c’eſt-à-dire, à déterminer les amplitudes orientales ou occidentales : mais ces uſages ont plus de rapport à l’aſtronomie & à la navigation, qu’à l’uſage principal de la bouſſole.

La déclinaiſon de l’aimant dont on a parlé à l’article Aiguille aimantée, qui conſiſte en ce que cette aiguille ne ſe dirige preſque jamais exactement vers les poles du monde, mais qu’elle s’en écarte ordinairement, tantôt vers l’eſt, tantôt vers l’ouest ; cette déclinaiſon, dis-je, qui varie dans les différens endroits de la terre, & dans les mêmes en différens temps, oblige les marins à faire continuellement des corrections aux opérations qu’ils font avec la bouſſole. On verra à l’article Variation, les précautions qu’ils apportent pour reconnoître & déterminer la quantité de cette variation, & les moyens dont ils ſe ſervent pour rectifier leur route.

L’avantage que les gens de mer retirent de la bouſſole, qui les guide au travers des mers les plus vaſtes, & les fait arriver aux extrémités de la terre les plus reculées, a porté les Phyſiciens à imaginer différens moyens pour la perfectionner. Tous, conviennent que l’aiguille doit être la mieux aimantée qu’il eſt poſſible, très-légère dans ſa conſtruction & ſur-tout parfaitement mobile ſur ſon pivot. Nous avons enſeigné, dans l’article Aiguille aimantée, la meilleure manière de conſtruire & d’aimanter les aiguilles : en voici une autre qui a auſſi ſes avantages, & même qui nous paroît préférable à bien des égards. Elle eſt fondée ſur ce principe démontré par l’expérience, que le fer & l’acier ne reçoivent qu’une quantité déterminée de vertu magnétique, & qu’il y a une proportion de longueur, de largeur & d’épaiſſeur, pour que ces métaux puiſſent en recevoir la plus grande quantité qu’il eſt poſſible qu’ils retiennent ; c’eſt pourquoi M. Mitchell, auteur de cette nouvelle méthode, prétend qu’il eſt très-avantageux de faire les bouſſoles avec des lames d’acier parallélipipèdes & bien trempées, plutôt que de fil d’acier ou de lames de reſſort dont on ſe ſert ordinairement. En effet, on éprouve que non-ſeulement ces lames prennent beaucoup plus de vertu magnétique, qu’elles la conſervent plus long-temps dans le même degré, & qu’elles la perdent beaucoup plus difficilement, mais encore qu’elles ont leurs poles plus près des extrémités, ce qui augmente conſidérablement leur vivacité & l’exactitude de l’obſervation. La dimenſion qu’il eſtime la meilleure, eſt celle à-peu-près qu’il donne aux lames dont il compoſe ſes aimans artificiels, c’eſt-à-dire, ſix pouces de longueur, ſix lignes de largeur & environ un tiers de ligne d’épaiſſeur ; elles doivent être percées dans le milieu pour laiſſer paſſer le pivot ſur lequel elles feront leur révolution.

On a obſervé que la rouille détruit conſidérament la vertu magnétique ; c’eſt pourquoi on doit tâcher d’en préſerver avec ſoin les aiguilles des bouſſoles : les boîtes vitrées dans leſquelles on les renferme ordinairement ſont inſuffiſantes, & l’air de la mer agit toujours ſur elles : on les garantira de cet accident en les induiſant d’une couche fort mince d’huile de lin cuite : cet enduit n’apporte aucun obſtacle aux effets de l’aimant, & les aiguilles s’aimantent au travers avec autant de facilité que ſi elles étoient bien polies ; il y a même lieu de croire, par quelques expériences, que les aiguilles peintes conſervent mieux que les autres leur grande force magnétique ; car on remarque, dans la plupart des ferremens peints en huile, qu’ils ſont plus ſuſceptibles de magnétiſme que les autres fers, en même-temps qu’ils deviennent plus caſſans & plus durs, & c’eſt peut-être par cette raiſon qu’ils s’aimantent mieux.

On aimantera ces lames en les poſant ſur le milieu d’une barre de fer, assez longue, & en paſſant huit à dix fois d’un bout à l’autre ſix aimans artificiels, dont trois ont leurs poles nord tournés en haut & contigus au pole du ſud des trois autres lames ; en ſorte que les poles du ſud des premiers aimans ſoient un peu écartés des poles du nord des trois autres lames, & tournés vers l’extrémité de l’aiguille qu’on veut faire diriger vers le nord. Voyez l’article Aimant.

Comme il eſt difficile de bien déterminer, dans des aiguilles ainſi larges & plates, ſi leur axe, c’eſt-à dire, la ligne qui joint les deux poles, paſſe exactement par les points de ſuſpenſion, & que, d’un autre côté, en les faiſant pointues par les extrémités, on fait rentrer leurs poles en dedans, & on les rend un peu moins aimantées qu’elles ne le pourroient être ; voici un moyen de remédier à ces inconvéniens. On mettra ſur un pivot une des meilleures aiguilles aimantées, conſtruite ſuivant la méthode ordinaire, & pointue par ſes extrémités, & on obſervera avec ſoin de combien ſon pole nord décline de quelque point fixe qu’on choiſira à volonté ; enſuite on ajuſtera sur le pivot la