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AIG

ou à une combinaiſon d’aiguilles, la plus grande reſſemblance avec cette aiguille hypothétique. M. Van-Swinden examine, dans un grand nombre d’hypothèſes ſur la diſtribution des forces magnétiques, ſur la figure des aiguilles, ſur la combinaiſon de pluſieurs aiguilles, ſur la poſition du centre magnétique, par rapport à celui du centre de figure & de mouvement, qu’elles ſont les différences qui peuvent en réſulter entre la direction indiquée & le véritable méridien magnétique, & entre les forces de direction des aiguilles. C’eſt d’après ces principes de théorie, que M. Van-Swinden détermine enſuite la figure qu’il croit devoir préférer, & les dimenſions qu’il convient de donner aux aiguilles. Il explique, d’après les mêmes principes, les différences de direction qui ont lieu entre différentes aiguilles conſtruites de même & placées dans un même lieu, & donne des moyens phyſiques de diminuer ces différences. Il donne la préférence ſur les différentes formes d’aiguilles employées ou propoſées juſqu’ici, à des barreaux aimantés plus larges qu’épais, ſuſpendus dans le ſens de leur épaiſſeur, & qui ne ſont point percés par le centre ; la ſuſpenſion qu’il préfère eſt une chape, ou plutôt l’aiguille eſt armée d’une pointe qui repoſe ſur une plaque de verre, où l’on a pratiqué une petite cavité ». Savans étrangers, tome VIII.

Aiguille ſuſpendue ſelon la méthode de M. Coulomb. Cette méthode conſiſte à ſuſpendre à un fil de ſoie de 15 à 20 pouces de longueur, & d’une force ſuffiſante, une aiguille aimantée, libre entre les jambes d’un étrier, au haut duquel le fil eſt attaché. L’étrier, le fil & l’aiguille ſont renfermés dans une boîte, dont toutes les parois ſont hermétiquement bouchées, & qui n’a qu’une ouverture fermée d’une glace au-deſſus de l’extrémité de l’aiguille, afin de pouvoir obſerver ſes mouvemens, & les meſurer par le moyen d’un micromètre extérieur placé à cette extrémité.

Cette ſuſpenſion eſt bien plus avantageuſe que celle des pivots qui avoit été en uſage juſqu’alors, & dans laquelle le ſeul frottement étoit capable d’anéantir l’effet de la variation diurne qui ne monte qu’à quelques minutes, & à diminuer celui de la déclinaiſon ordinaire. Le ſeul inconvénient à craindre pouvoit être celui de la torſion des fils de ſoie ; mais les expériences les plus délicates ont raſſuré ſur ce point, en montrant que la torſion des ſoies ne peut influer que d’une manière inſenſible ſur la poſition des aiguilles aimantées qui y ſont ſuſpendues. En effet, M. Coulomb a prouvé qu’un angle de torſion de 222 degrés ne peut produire qu’une minute d’erreurs dans la poſition de l’aiguille ſuſpendue.

M. de Caſſini emploie même un procédé & une préparation qui rendent abſolument nul, l’effet de la torſion dans les fils de ſuſpenſion des aiguilles dont il ſe ſert dans ſes obſervations. Il prend des fils de ſoie, tels qu’ils ſortent du cocon, en nombre ſuffiſant pour qu’ils puiſſent ſupporter le poids de l’aiguille avec ſon équipage, qu’on peut ſuppoſer de ſept onces. Ces fils étant coupés à la longueur néceſſaire, & noués enſemble par les deux bouts, pour ne former qu’un ſeul fil, on les accroche par l’extrémité ſupérieure dans une ſituation verticale, à un point fixe. Pendant l’eſpace de vingt-quatre heures, on ſuſpend enſuite ſucceſſivement à l’extrémité inférieure un, deux, trois, & juſqu’à huit petits poids d’un once chacun ; après on preſſe pluſieurs fois, & de haut en bas, ces fils ainſi chargés, entre les doigts trempés dans une eau légèrement gommée, afin de les réunir. Au bout de quelques heures, on répète cette opération, mais avec un peu de ſuif en place de gomme, pour garantir l’effet de l’humidité. Cela fait, on coupe le fil de ſuſpenſion à la longueur requiſe, on l’accroche à ſon étrier dans la boîte placée d’avance, & diſpoſée à demeure, dans le plan du méridien magnétique. On ſuſpend de nouveau, au crochet que porte le fil de ſuſpenſion à ſon extrémité inférieure, & on attend que toute oſcillation, au cas qu’il y en ait, étant ceſſée, la direction du crochet indique l’état naturel du fil de ſuſpenſion. Par le moyen de la vis qui porte le crochet ſupérieur auquel tient le fil, on tourne le crochet inférieur dans un plan perpendiculaire à celui du méridien magnétique ; & c’eſt alors qu’on ſubſtitue au poids l’aiguille aimantée, qui, par ce moyen, ſe trouve dans la poſition la plus libre, n’ayant à vaincre aucune torſion quelconque, & ne devant obéir qu’à l’effet de la matière magnétique.

Au mot Aimant, cinquième propriété, variation de l’aimant, nous avons diſtingué trois ſortes de Variation, la variation annuelle, la variation menſtruelle, & la variation diurne. L’aiguille à ſuſpenſion de fil de ſoie, ſert auſſi bien aux obſervations des deux premières variations qu’à celles de la variation diurne ; & ce n’eſt qu’en raſſemblant celles-ci, qu’on peut connoître celles-là.

Aiguille de M. Magny. Cette aiguille, en forme de loſange très-allongé, eſt ſuſpendue par quatre fils. Un mécaniſme très-ingénieux y eſt adapté pour corriger l’erreur cauſée par la torſion des fils. On place l’aiguille de manière que les fils n’éprouvent aucune torſion, & alors un indicateur marque zéro ſur un cercle. L’aiguille ayant changé de direction pour prendre celle du méridien magnétique, elle produit une torſion dans le fil ; on fait alors mouvoir l’indicateur juſqu’au point où il marque le même nombre de degrés que l’aiguille a parcourus, & les fils ſont alors détordus. Si l’aiguille change encore ſa direction, on change une ſeconde fois l’indicateur, & ainſi de ſuite, juſqu’à ce que l’effet de la torſion des fils ſoit inſenſible. L’aiguille eſt contenue dans une boîte ſurmontée d’une tige où ſont les fils. On la rend horiſontale, au moyen des quatre