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même. Pour cela, il s’eſt propoſé de réſoudre ce problême paradoxal : Trouver pour l’aiguille aimantée une ſuſpenſion telle que plus l’aiguille peſera, toutes choſes égales d’ailleurs, moins il y ait de frottement. Voici tout ſon appareil, qui eſt fort ſimple.

Α B, figure 371, eſt un cylindre d’acier trempé dur & très-poli, ſur-tout à ſon extrémité B, qui doit être taillée en portion de ſphère. C D repréſente la ligne qui paſſe par le milieu d’une aiguille aimantée ordinaire. E O F eſt la coupe d’un bouton conoïde fixé ſur l’aiguille, très-poli, ſur-tout à ſon extrémité O. Ayant aimanté, à l’ordinaire, l’aiguille C D, & le cylindre Α B, que l’on peut appeler le ſuſpenſeur, ſi on le fixe verticalement, & qu’on préſente en O le bouton conoïde, il s’y attachera, l’aiguille reſtera ſuſpendue, & l’adhéſion ſera d’autant moins grande, que l’aiguille ſera plus peſante ; d’où il s’enſuit qu’elle ſera plus mobile, ce qui donne la ſolution complète du problême.

Α B C D E eſt une aiguille deſtinée à recevoir le magnétiſme ; elle doit être ſuſpendue à l’appareil précédent, & eſt compoſée d’un fil d’acier de la groſſeur d’une petite plume à écrire, & figurée comme on le voit (figure 372.). Sa longueur eſt d’environ ſix pouces de Α en E, en ligne droite ; elle eſt trempée dur, & très-polie ſur-tout en C, ou dans la partie qui s’applique au ſuſpenſoir de la figure précédente. On l’aimante fortement en frottant à l’ordinaire, ſur-tout de B vers Α, & de D vers E. Voyez Magnétomètre.

M. Ingen-Housz a imaginé auſſi une nouvelle ſuſpenſion pour l’aiguille aimantée. L’aiguille, fig. 374, eſt un parallélogramme placé de champ, au lieu de chape ; il fixe deux pivots au milieu & dans le champ de l’aiguille ; ces deux pivots entrent dans deux chapes d’agate fixées au haut & au fond de la boîte, & l’aiguille tourne librement.

Dans l’article ſuivant, aiguilles de variation, nous ferons connoître d’autres aiguilles aimantées qui ſervent à connoître, d’une manière très-exacte, la vraie déclinaiſon de l’aimant.

On trouvera, au mot Déclinaison de l’Aimant & à l’article Aimant, déclinaiſon de l’aimant, d’autres objets particuliers qui ont rapport à ce ſujet ; c’eſt-là que nous y ferons connoître, par une table fort étendue, la déclinaiſon de l’aimant & de l’aiguille aimantée, depuis 1541 juſqu’à l’année 1790. Voyez encore le mot Boussole.

Aiguille de variation diurne. La variation diurne périodique de l’aiguille aimantée ne ſauroit être à préſent conteſtée ; elle a été obſervée en France, en Angleterre, en Allemagne, & dans divers endroits des quatre parties du monde, par le capitaine Cook. Le P. Cotte l’a obſervée pendant pluſieurs années, ſavoir depuis 1784 ; des tables qu’il a formées, il réſulte que la variation de l’aiguille ſuit une période conſtante pendant laquelle elle tend à s’éloigner du nord vers l’oueſt, depuis huit heures du matin juſqu’à neuf heures du ſoir ; & à s’en rapprocher, depuis cette époque, juſqu’à neuf heures du ſoir. Une nouvelle période de variation a lieu pendant la nuit, dont la fin tombe vers huit heures du matin ; c’eſt le moment où l’aiguille ſe rapproche le plus du nord. La variation diurne de cinq années a été de quatre degrés 17 minutes 52 ſecondes, & ce réſultat eſt déduit de 14 270 obſervations.

En 1788, ce phyſicien a obſervé que la plus grande variation de l’année a été de 11 d. 4 m., & que la moindre a été de 2 d. 44 m. Et de ſes obſervations il a réſulté, 1o. que les plus grandes variations vers l’oueſt ont lieu de midi à 3 heures, & les moindres vers 7 & 8 heures du matin ; 2o. que la plus grande agitation a lieu à 8 heures du matin ; & ces réſultats ſont conformes à ceux des années précédentes. On a remarqué, à la fin d’octobre & au commencement de novembre, un écart ſingulier de l’aiguille vers l’oueſt, où elle étoit preſque ſtationnaire ; elle s’eſt rapprochée enſuite du nord, mais elle a été prodigieuſement agitée pendant les mois de novembre & de décembre. Voyez au mot Aimant, variation de l’aimant.

Comme on ne peut connoître la loi de cette période qu’avec des inſtrumens bien ſenſibles, l’académie des ſciences propoſa, pour le ſujet du prix décerné en 1777, la queſtion ſuivante : Quelle eſt la meilleure manière de fabriquer les aiguilles aimantées, de les ſuſpendre, de s’aſſurer qu’elles ſont dans le vrai méridien magnétique, enfin de rendre raiſon de leurs variations régulières diurnes ? Le prix fut partagé entre M. Van-Swinden & M. Coulomb. L’académie cita auſſi avec éloge une bouſſole qui avoit été préſentée par M. Magny. M. Van-Swinden s’attacha plus particulièrement, dans ſon mémoire, à faire coïncider enſemble le centre du méridien magnétique avec le centre de gravité. M. Coulomb tourna toute ſon attention vers la mobilité de l’aiguille, comme nous le verrons bientôt.

M. Van-Swinden, ſans entrer dans aucune diſcuſſion ſur la cauſe du magnétiſme, regarde la force directrice d’une aiguille aimantée, comme appartenant à toutes les parties de cette aiguille, nulle au centre, tendant vers une direction depuis le centre juſqu’à un des pôles, & dans la direction contraire de ce centre à l’autre pôle. « Si on regarde, dit M. de Condorcet, l’aiguille comme une ligne mathématique, que le centre de ſuſpenſion, celui de figure & celui de magnétiſme coïncident enſemble, & que les forces magnétiques ſoient diſpoſées ſemblablement des deux côtés du centre, cette ligne prendra la véritable direction magnétique, & la prendra avec la plus grande force poſſible.

Les recherches ſur la fabrique des aiguilles, & la détermination du méridien magnétique, ſe bornent donc à procurer à une aiguille phyſique,