Un aimant ſphérique, ſuſpendu au bras d’une balance, attire un globe de fer de même diamètre, placé ſur une table directement ſous ſon pôle, avec des forces indiquées dans la table ſuivante :
Diſtances. | Poids attirés. | |
8 lignes | 1 grains | |
7 | 2 | |
6 | 3 | 25 |
5 | 6 | |
4 | 9 | |
3 | 16 | |
2 | 30 | |
1 | 64 | |
0 | 290 |
Si l’on place ces ſphères dans un cylindre creux, & qu’on les poſe à différentes diſtances l’une de l’autre, & qu’on meſure exactement les eſpaces creux qu’elles laiſſent entr’elles, l’expérience fera voir que les forces attractives de l’aimant ſuivent la raiſon inverſe quadruplée des eſpaces creux. Le même phyſicien aſſure avoir éprouvé, de la même manière, pluſieurs aimans ſphériques de différens diamètres, & avoir obſervé que leurs forces attractives ſuivoient conſtamment la même loi. Muſſchenbroek. Tome Ier. pag. 433 & ſuiv.
D’autres phyſiciens ayant employé d’autres méthodes, différentes de la précédente, pour faire les mêmes tentatives, ont eu auſſi des réſultats différens. Helſam nous apprend que les expériences qu’il a faites, lui ont fait voir que les forces attractives de ſon aimant ſuivoient preſque la raiſon inverſe doublée des diſtances. Un autre ſavant (Martin) éprouvant les forces attractives d’un aimant contre un morceau de fer, dont la figure étoit celle d’un parallélipipède, a trouvé que ces forces ſuivoient la raiſon inverſe ſeſqui-pliquée des diſtances ; ce qui s’accorde avec les réſultats donnés ci-deſſus, ſoit par rapport à un aimant ſphérique, ſoit par rapport à un aimant cylindrique.
Les PP. le Sueur & Jacquier, célèbres mathématiciens ont donné une autre méthode de découvrir la force attractive d’un aimant taillé en parallélipipède ſur une aiguille de bouſſole aimantée ; laquelle étant d’abord placée dans la ligne du méridien magnétique, eſt enſuite retirée de cette ligne, en prenant différentes déclinaiſons : ces ſavans ont trouvé, par leurs expériences, que la force magnétique ſuivoit la raiſon inverſe triplée des diſtances. Comment. ad Newton. Princ. Philoſ. Tom. 3, pag. 40 & ſeq. Si on répète ces expériences on ne trouvera pas toujours les réſultats les mêmes, non plus qu’en répétant celles des autres méthodes ; car la matière & la forme des aiguilles & des aimans contribuent beaucoup à mettre de la variété dans les effets. Voyez le mot Magnétisme.
D’après des expériences multipliées & répétées un grand nombre de fois avec des aimans artificiels d’une très-grande force, j’ai conclu, & en cela je ſuis d’accord avec un grand nombre de phyſiciens, que la loi de l’attraction magnétique n’eſt point comme celle de la gravitation, ni en raiſon inverſe du quarré des diſtances, ni en raiſon inverſe de la ſimple diſtance, ni en raiſon inverſe du cube des diſtances, &c, ; mais que l’attraction magnétique (il en eſt de même de la répulſion) décroît proportionnellement plus dans les grandes que dans les petites diſtances, ſans cependant décroître autant que la diſtance augmente. On peut facilement répéter ces ſortes d’expériences, en ſe ſervant, comme Muſſchenbroek, d’aimans de forme ronde, & d’une balance très-mobile, en meſurant l’effet des attractions & des répulſions depuis une demi-ligne juſqu’à pluſieurs pouces, & en comparant les réſultats des expériences.
On a tâché de meſurer la force attractive de l’aimant, par le moyen de quelques inſtrumens imaginés à ce ſujet. Voyez Magnétomètre.
Seconde propriété. Répulſion. Deux aimans, ſoit naturels, ſoit artificiels, ſe repouſſent, lorſqu’ils ſont préſentés mutuellement par leurs pôles de même nom, c’eſt-à-dire, par leurs pôles méridionaux ou par leurs pôles ſeptentrionaux. Chaque aimant ayant deux pôles, il eſt vraiſemblable que l’obſervation fit connoître la répulſion, peu après la découverte de l’attraction. Cette ſeconde propriété ne dut pas paroître moins merveilleuſe que la première. L’expérience en démontre la réalité.
Première expérience. Si on ſuſpend au bras d’une balance (figure 336) un aimant qui ſoit en équilibre par le moyen d’un contre-poids placé dans le baſſin oppoſé, & qu’on lui préſente un autre aimant, de ſorte que les deux pôles de même dénomination ſoient mutuellement en regard, on verra l’équilibre auſſi-tôt rompu, & l’aimant ſuſpendu fuir en s’élevant, ſi le ſecond aimant eſt préſenté par en bas, ou s’éloigner en s’abaiſſant, ſi l’aimant qu’on tient à la main eſt placé au-deſſus de celui qui eſt en équilibre. Il en ſera de même de deux aimans artificiels.
Seconde expérience. Une aiguille de bouſſole, aimantée, étant miſe en équilibre ſur ſon pivot, dès qu’on approche de ſon pôle nord le pôle nord d’un aimant, ou de ſon pôle ſud le pôle de même nom de cet aimant, on voit auſſi-tôt le bout de cette aiguille être repouſſé & ſe mouvoir à une diſtance plus ou moins grande, ſelon la force & la diſtance de l’aimant, toutes choſes étant ſuppoſées égales, figure 337.
Cette expérience a également lieu lorſqu’on met un aimant naturel à l’extrémité d’une aiguille de bois, qui ſoit en équilibre ſur un pivot.