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AIM

Troiſième expérience. Un aimant, flottant ſur l’eau dans une petite gondole de cuivre, ſi on lui préſente un autre aimant par les pôles de même dénomination, l’aimant qui flotte eſt promptement repouſſé. Cette expérience ſe fait également avec des aimans artificiels.

Quatrième expérience. Préſentez au pôle nord d’un aimant le pôle nord d’un autre aimant de force égale, ils ne ſeront point adhérens, quoiqu’on les mette en contact ; il en ſera de même s’ils ſe touchent par les deux pôles méridionaux. Mais ſi le contact a lieu par le pôle méridional de l’un, & par le pôle ſeptentrional de l’autre, il y aura attraction & conſéquemment adhérence.

Nous avons remarqué que, dans cette expérience, les deux aimans doivent être à-peu-près de force égale : car ſi l’un a beaucoup plus d’énergie que l’autre, l’attraction a lieu, mais avec la ſeule différence des forces. On a expliqué ce fait d’une manière ingénieuſe, que les pôles ne ſont plus alors de même nom ou oppoſés, parce que l’aimant fort détruit, par ſa puiſſance, la vertu magnétique de l’aimant foible, & lui en communique une nouvelle qui change ſes pôles ; mais les deux aimans étant ſéparés, les choſes reviennent le plus ſouvent dans le premier état.

On obſervera encore, 1o. que la répulſion magnétique eſt d’autant moins forte, que les deux aimans ſont plus éloignés l’un de l’autre, & qu’elle eſt d’autant plus conſidérable que la diſtance réciproque eſt plus petite ; 2o. que les forces répulſives ſont moindres que les forces attractives ; néanmoins les forces répulſives ont une ſphère d’activité bien plus grande, & agiſſent de plus loin que les forces attractives. On peut être convaincu de la vérité de la première partie de cette propoſition, en faiſant des expériences comparatives avec une balance, comme dans la figure 336 ; & de la ſeconde partie, en employant de bonnes aiguilles aimantées & bien ſuſpendues (figure 337), & en meſurant les différentes diſtances d’un aimant préſenté par le pôle de même nom, & en les comparant aux diſtances auxquelles le même aimant préſenté par le pôle de différente dénomination, commencera à ébranler & à mouvoir l’aiguille ; 3o. que les attractions & les répulſions ſont ſi fortes, qu’elles l’emportent ſur la force de direction qui eſt conſtante & univerſelle.

[Le phénomène de l’attraction réciproque de deux aimans, d’un aimant & d’un morceau de fer, ou bien de deux fers aimantés, eſt celui de tous qui a le plus excité l’admiration des anciens philoſophes, & qui a fait dire à quelques-uns que l’aimant étoit animé. En effet, qu’y a-t-il de plus ſingulier que de voir deux aimans ſe porter l’un vers l’autre comme par ſympathie, s’approcher avec vîteſſe comme par empreſſement ; s’unir, par un côté déterminé, au point de ne ſe laiſſer ſéparer que par une force conſidérable ; témoigner enſuite, dans une autre ſituation, une haine réciproque qui les agite tant qu’ils ſont en préſence ; ſe fuir avec autant de vîteſſe qu’ils s’étoient recherchés, & n’être tranquilles que lorſqu’ils ſont fort éloignés l’un de l’autre ? Ce ſont cependant les circonſtances du phénomène de l’attraction & de la répulſion de l’aimant, comme il eſt facile de s’en convaincre par l’expérience ſuivante.

Prenez deux aimans a b, Α B, ( figure 341 ) mettez-les chacun dans une petite boîte de ſapin, pour qu’ils puiſſent aiſément flotter ſur une eau dormante & à l’abri des mouvemens de l’air ; faites enſorte qu’ils ne ſoient pas plus éloignés l’un de l’autre que ne s’étend leur ſphère d’activité ; vous verrez qu’ils s’approcheront avec une vîteſſe accélérée, & qu’ils s’uniront enfin dans un point C qui ſera le milieu de leur diſtance mutuelle, ſi les aimans ſont égaux en force & en maſſe, & ſi les deux boîtes ſont parfaitement ſemblables, marquez les points b, A, par leſquels ces aimans ſe ſont unis, & éloignez-les l’un de l’autre de la même diſtance, ils s’approcheront avec la même vîteſſe, & s’uniront par les mêmes points ; mais ſi vous changez l’un de ces aimans de ſituation, de manière qu’il préſente à l’autre le point directement contraire à celui qui étoit attiré, ils ſe fuiront réciproquement avec une égale vîteſſe, juſqu’à ce qu’ils ſoient hors de la ſphère d’activité l’un de l’autre.

L’expérience fait connoître que ces deux aimans s’attirent par les pôles de différens noms, c’eſt-à-dire, que le pôle boréal de l’un attire le pôle auſtral de l’autre, & le pôle boréal de celui-ci attire le pôle auſtral du premier : au contraire, les deux pôles du nord ſe fuient auſſi-bien que les deux pôles du ſud ; enſorte que c’eſt une loi conſtante du magnétiſme, que l’attraction mutuelle & réciproque ſe fait par les pôles de différens noms ; & la répulſion par les pôles de même dénomination.

On a cherché à découvrir ſi la force qui fait approcher ou fuir ces deux aimans, agit ſur eux ſeulement juſqu’à un terme déterminé ; ſi elle agit uniformément à toutes les diſtances en-deçà de ce terme : ou ſi elle étoit variable, dans quelle proportion elle croîtroit ou décroîtroit par rapport aux différentes diſtances. Mais le réſultat d’un grand nombre d’expériences a appris que la force d’un aimant s’étend tantôt plus loin, tantôt moins. Il y en a dont l’activité s’étend juſqu’à 14 pieds ; d’autres dont la vertu eſt inſenſible à 8 ou 9 pouces. La ſphère d’activité d’un aimant donné, a elle-même une étendue variable ; elle eſt plus grande en certains jours que dans d’autres, ſans qu’il paroiſſe que ni la chaleur, ni l’humidité, ni la ſéchereſſe de l’air aient part à cet effet.

D’autres expériences ont fait connoître que vers les termes de la ſphère d’activité, la force magnétique agit d’abord d’une manière inſenſible ; qu’elle