il y aura une déclinaiſon de 40 degrés vers l’oueſt, lorſque la pointe de l’aiguille aimantée formera, avec la méridienne N S, un angle, tel qu’on le voit dans la figure. Mais ſi l’aiguille B Α étoit ſur la ligne N S, qui déſigne le nord & le ſud, l’aiguille aimantée ſeroit alors exempte de déclinaiſon. Il n’eſt pas néceſſaire que la circonférence entière ſoit graduée ; il ſuffit que le demi-cercle ſoit diviſé en deux fois 90 degrés, le point de zéro, d’où commence la diviſion, étant le vrai nord, l’eſſentiel eſt de bien orienter le cercle qui porte le pivot, c’eſt-à-dire, de bien placer la ligne N O, ſur la vraie méridienne du lieu, ou parallèlement à elle. L’évaluation de la déclinaiſon de l’aimant eſt donc une opération très-aiſée, elle ne demande que de l’attention & du ſoin.
Comme la déclinaiſon varie dans tous les temps & dans tous les lieux, & qu’il y a peu d’endroits & de temps où elle ſoit nulle, il eſt donc néceſſaire de multiplier les obſervations de la déclinaiſon & de les répéter ſouvent, parce qu’on ſe tromperoit ſi on vouloit conclure de la déclinaiſon d’un lieu, ou d’un temps à celle d’un autre.
Si cette déclinaiſon n’étoit pas perpétuellement variable, ou ſi cette variation ſuivoit une période régulière, & qu’on connût la loi de ſes accroiſſemens & de ſes diminutions, la navigation retireroit autant d’avantages des aiguilles déclinantes, que de celles qui auroient une vertu directrice conſtante. On a préſumé que la déclinaiſon de l’aimant étoit ſoumiſe à une loi de cette eſpèce ; que la déclinaiſon étoit de 8, 9 ou 10 minutes par ſiècles. Mais les obſervations, faites juſqu’ici, n’ont été ni aſſez exactes, ni aſſez nombreuſes, & les inſtrumens anciens ont été, ou trop défectueux, ou trop peu délicats, pour établir cette aſſertion, ainſi que nous le prouverons.
Traçons en peu de mots le tableau hiſtorique de ce qui a rapport à cette propriété de l’aimant qui nous occupe. Il paroît que c’eſt vers l’an 1633 que la variation de la déclinaiſon de l’aimant commença à être connue d’une manière aſſez ſûre. Depuis 1541 juſqu’en 1664, la déclinaiſon fut orientale ; en 1666, la déclinaiſon étoit nulle, l’aiguille aimantée étant dirigée préciſément aux deux pôles. Depuis ce temps juſqu’à préſent, la déclinaiſon a été occidentale. Nous donnerons une table auſſi complète qu’elle puiſſe l’être, des différentes déclinaiſons, depuis 1541, juſqu’en 1790.
Lorſque la déclinaiſon eut commencé à être conſtatée, on s’aperçut que l’aiguille ne déclinoit pas ſous le méridien des Açores ; c’eſt ce qui détermina à y placer le premier méridien. Mais bientôt après on trouva deux autres méridiens, ſous leſquels l’aiguille préſentoit le même phénomène ; l’un paſſoit par le cap des aiguilles, près du cap de Bonne-Eſpérance, & l’autre à Canton, dans la Chine. Cependant, quelque temps après, on obſerva que l’aiguille aimantée déclinoit dans ces contrées comme dans les autres.
M. Halley ayant imaginé une hypothèſe pour expliquer les variations de la déclinaiſon de l’aimant qu’il croyoit régulières, entreprit un voyage long & dangereux pour examiner ſi elle étoit conforme à ſes idées. La carte qui fut le réſultat de ſes travaux, fut alors trouvée d’une juſteſſe étonnante pour la quantité de la variation aſſignée à chaque partie du globe ; elle repréſente la variation telle qu’elle étoit en 1700. On y trouve une ligne qui embraſſe le globe preſque dans ſon entier. « Cette courbe irrégulière paſſoit ſur tous les lieux exempts alors de déclinaiſon ; elle commençoit en Amérique vers la Caroline, paſſoit, d’un côté, par la mer du nord, par les Bermudes, & de l’autre, par l’Océan éthiopique auſtral, par la Chine, à cent lieues de Canton à l’eſt, ſe terminant au cinquante-huitième de latitude auſtrale. On trouve au-deſſus de cette ligne, vers le nord, d’autres courbes qui paſſoient ſur l’Océan occidental, & qui marquoient les déclinaiſons vers le couchant dans les lieux qui étoient ſous ſes courbes. La ligne ſans variation eſt mobile, & elle change de figure, parce que les variations dans un pays ne ſont pas toujours proportionnelles à celles d’un autre. Elle paſſoit en 1600 au cap des Aiguilles, en 1638 à Vienne, en 1657 à Londres, & à Paris en 1666. La déclinaiſon, avant cette époque, étoit orientale dans tous les pays de l’Europe plus à l’oueſt, & occidentale dans les lieux plus à l’orient. La courbe de M. Halley, ou le méridien magnétique, avoit à l’occident la déclinaiſon orientale, & à l’orient la déclinaiſon occidentale. Elle avoit avancé par conſéquent, en 1770, vers le couchant, & s’étoit abaiſſée de la partie ſeptentrionale de la terre vers l’auſtrale, en parcourant avec plus de rapidité l’Europe & l’Océan atlantique que les derniers pays de l’Afrique : la déclinaiſon eſt aujourd’hui orientale à la gauche de la courbe de M. Halley, & occidentale à la droite ; Paris étant à la gauche de ce méridien avant 1666, la déclinaiſon y étoit orientale.
M. Deliſle a trouvé une autre ligne ſans déclinaiſon, qui traverſe la mer du ſud du ſeptentrion au midi : elle paroît être la continuation du premier méridien de M. Halley, qui après avoir paſſé ſur les Bermudes, la Caroline, la partie ſeptentrionale de l’Amérique juſqu’à la Californie, deſcendroit vers l’équateur terreſtre. La déclinaiſon eſt orientale des deux côtés de cette ligne ; la ſeconde ligne de direction de M. Halley paſſoit ſur la nouvelle Hollande à l’eſt, ſur les iſles de Timor, de Célèbes, de Mindor & ſur une partie du royaume de la Chine. Ce ſavant avoit tracé encore d’autres courbes ſur ſa carte, qu’on peut appeler les courbes de déclinaiſon, & dont chacune paſſoit ſur tous les lieux où la déclinaiſon étoit la même. Il paroît que toutes les courbes ſeptentrionales ſont deſcendues vers l’équateur depuis 1700 ; car la déclinaiſon