Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AIM
81

guille ſe ſoutenoit dans une longue étendue, ſous différentes longitudes, depuis la mer de la nouvelle Hollande juſqu’à ſept ou huit cent milles du Cap de Bonne-Eſpérance. Cette obſervation s’accorde avec le fait rapporté par Abel Taſman, dans ſon voyage en 1642 ; ce voyageur dit avoir obſervé que l’aiguille de ſes bouſſoles horiſontales ne ſe dirigeoit plus vers aucun point fixe, dans la partie de la mer voiſine à l’occident de la terre de Diemen ; & cela doit arriver en effet, lorſqu’on ſe trouve ſur un pôle magnétique. En comptant donc ſur cette obſervation du voyageur Noël, on eſt en droit d’en conclure, dit M. de Buffon, qu’un des pôles magnétiques de l’hémiſphère auſtral étoit ſitué, dans ce temps, ſous la latitude de 35 ou 36 dégrés, & que quoiqu’il en eût une aſſez grande étendue en longitude, l’aiguille n’avoit point de direction conſtante, on doit ſuppoſer, ſur cette ligne, un eſpace qui ſervoit de centre à ce pôle, & dans lequel, comme ſur les parties polaires de la pierre d’aimant, la force magnétique étoit la plus concentrée ; & ce centre étoit probablement l’endroit où Taſman a vu que l’aiguille de ſes bouſſoles horiſontales ne pouvoit ſe fixer. Hiſt. nat. des Miner.

Le capitaine Cook dit que l’inclinaiſon de l’aiguille aimantée fut de 64 dégrés, 36 minutes les trois différentes fois qu’il relâcha à la nouvelle Zélande, dans une baye, ſituée par 41 dégrés, 5 minutes, 56 ſecondes de latitude & 172 dégrés 0 minutes, 7 ſecondes de longitude. Cette obſervation, ſur laquelle on peut compter, puiſqu’elle a été répétée juſqu’à trois fois différentes, dans le même lieu, en différentes années, vient à l’appui des précédentes.

Si on promène, ſur un aimant ſphérique, une petite aiguille de bouſſole, on obſervera des inclinaiſons différentes entre l’équateur magnétique & les pôles, & qui ſeront dans un ſens ou dans le ſens contraire, ſelon leur poſition dans un hémiſphère ou dans l’autre : on remarquera une horiſontalité à l’équateur & une perpendicularité aux pôles. L’équateur magnétique eſt le point de partage entre les deux directions & inclinaiſons en ſens contraire ; & cette ligne de ſéparation ne ſe trouve pas préciſément à une diſtance égale des deux pôles. Voyez Équateur magnétique.

L’inclinaiſon de l’aimant change ſouvent plus que la déclinaiſon, ſuivant les lieux, mais elle eſt plus conſtante pour les temps, & l’on a même obſervé que la différence de hauteur, comme du ſommet d’une montagne à ſa vallée, ne change rien à ſon inclinaiſon. M. de Lamanon, étant ſur le pic de Tenerife, à 1 900 toiſes au-deſſus du niveau de la mer, a obſervé que l’inclinaiſon de l’aiguille étoit la même qu’à Sainte-Croix. L’inclinaiſon eſt encore ſujette, comme la déclinaiſon, à des trépidations preſque continuelles de jour en jour, d’heure en heure, & pour-ainſi dire de moment à moment. En général, les changemens d’inclinaiſon, depuis 1700, ont été inégaux & irréguliers dans les divers points des deux hémiſphères du globe.

Seconde propriété. Communication. L’aimant peut communiquer au fer & à l’acier toutes ſes propriétés, & en faire une eſpèce d’aimant qui ait même plus de vertu que l’aimant naturel qui en eſt la ſource & le principe. Ce qui paroît même étonnant, c’eſt qu’il tranſmet toutes ſes propriétés, ſans s’en dépouiller, à un nombre indéfini de corps ſuſceptibles de les recevoir ; c’eſt que ſa vertu ne s’affoiblit pas même par la communication la plus réitérée.

Première expérience. Prenez une pierre d’aimant, armée comme celle de la figure 349, par exemple ; paſſez, à pluſieurs repriſes, ſur un des pieds de l’armure, une lame de fer ou d’acier, comme on le voit dans la figure 392, mais toujours dans le même ſens, vous verrez bientôt que cette lame aura acquis la vertu d’attirer un autre morceau de fer ou d’acier qu’on lui préſentera, un aimant même. Voyez attraction de l’aimant ; première propriété.

Cette lame aura deux pôles, l’un nord & l’autre ſud ; elle repouſſera le pôle ſeptentrional d’une aiguille aimantée en équilibre ſur un pivot ; elle attirera, au contraire, ce pôle de l’aiguille par ſon pôle ſud, &c.

Seconde expérience. Si on creuſe, au milieu d’une lame, ou d’un petit barreau d’acier, une cavité conique, comme celle d’une chape de bouſſole, & qu’enſuite on l’aimante ; lorſqu’on l’aura placée ſur un pivot, cette lame ſe dirigera vers le nord par une de ſes extrémités. Elle déclinera du vrai nord, comme l’aimant ; elle éprouvera les variations diurnes périodiques ; elle s’inclinera plus ou moins vers l’horiſon, comme l’aimant ; bien plus, elle communiquera la vertu magnétique à des aiguilles & à d’autres lames.

Toutes les expériences faites avec des aiguilles aimantées, dont on a parlé juſqu’à préſent, prouvent également la propriété de la communication magnétique, puiſque l’aiguille eſt une lame d’acier à laquelle la vertu magnétique a été tranſmiſe. Voyez Aimant artificiel.

Ce qu’il y a de ſingulier, c’eſt que, par la même opération, toutes les propriétés ſont communiquées enſemble au fer & à l’acier, & qu’on ne connoît point de procédé pour ſéparer ces propriétés, ſoit en n’en communiquant qu’une ſeule, ſoit en détruiſant toutes les propriétés, excepté une, ce qui peut-être augmenteroit l’intenſité de celle qui reſteroit ſeule.

On diſtingue les aimans, relativement à leur vertu communicative, en généreux & en vigoureux. Les premiers ſont ceux qui communiquent une grande vertu magnétique au fer & à l’acier ; les