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tions géométriques, les degrés du mouvement et ses directions nous donnent la mécanique ; le mouvement et les inflexions de la lumière, l’optique ; la propagation et l’intensité du son, l’acoustique ; l’indication des événements d’après un nombre de causes connu, le calcul des probabilités. Les faits qui se dérobent au contraire à la fixité de l’attention, et qui ne peuvent se prêter à une détermination exacte de signes, ne sauraient passer entièrement du domaine de la nature dans celui de l’esprit ; ils ne sauraient tous être évalués en idées précises et déterminées. Ceux-ci ont pour fondement l’analogie, comme dans les sciences morales et politiques et dans presque toutes les branches des sciences physiques, ceux-là ont pour fondement l’abstraction. La limite qui sépare les sciences abstraites des sciences analogiques, est donc profondément tracée. Leur identité ne pourrait être que dans une combinaison artificielle de signes, qui, ne pénétrant point au fond des choses, offrirait la précision et la liaison dans les mots et nullement dans les idées. Ce serait l’erreur des esprits forts et méditatifs, habiles à manier le raisonnement. C’est celle de Hobbes, de Condillac, de Condorcet.

Un écueil d’un autre genre attend le métaphysicien : s’il se livre aux recherches physiques, rarement il séparera les phénomènes de la pensée de l’activité des organes, et le sentiment physique du sentiment moral. S’il se plait aux opérations et aux combinaisons de signes, il voudra ramener au langage tous les procédés de l’entendement. S’il est préoccupé de l’indépendance de la pensée, il s’efforcera de l’affranchir des organes de la sensibilité, et n’attachera de réalité qu’aux phénomènes du moi intérieur. Il abstraira et coordonnera ses abstractions selon la diversité de ses études. Il ne méconnaîtra point toutefois l’existence distincte de la sensibilité organique, de la sensibilité morale, de l’intelligence, du langage ; mais il s’efforcera de résoudre ces principes en un principe uni-