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sens et par Ia conscience ; il démêle, dans chaque perception complexe, les perceptions simples et particulières ; il leur donne de la permanence en les nommant, il les réunît en groupe et leur affecte un nom qui lie toute la collection. Par divers points de vue, il décompose ensuite ce groupe artificiel en éléments qui n’ont point de modèle extérieur ; et au, moyen de signes qu’il leur impose, il les prépare à toutes les combinaisons de l’intelligence et de la pensée. Tel est le caractère de l’abstraction de l’esprit ou de la réflexion qui pénètre plus ou moins dans l’exercice spontané des sens et de la conscience.

Jusqu’ici nous ayons considéré la faculté d’abstraire en elle-même ou dans ses instruments ; il nous reste à la considérer dans la nature des objets qu’elle tire de l’ordre réel pour les faire passer dans l’ordre intellectuel ; ce second rapport va nous donner lieu de fixer la distinction des sciences d’observation et des sciences de raisonnement, et le caractère des sciences physiques et des sciences morales. Les faits de la nature et les faits de l’esprit sont d’un ordre entièrement différent. Les premiers sont variables et d’une multiplicité que l’observation peut rarement apprécier ; les seconds restent fixes du moment qu’ils sont enregistrés, et leur nombre est nécessairement connu. Pour qu’un fait naturel puisse devenir un fait intellectuel, il faut donc que le nombre des circonstances qui l’environnent soit donné et déterminé, que ces circonstances soient invariables ou du moins que leur variation puisse être appréciée, que le degré d’intensité. de leur action soit susceptible d’être évalué, et que chacun de ces éléments puisse être amené à un tel état de simplicité qu’il soit représenté par des signes invariables. Alors en opérant sur les signes, on opère sur les faits, et l’on arrive à des résultats constants, absolus, et d’une évidence incontestable. Ainsi, considérant les corps comme des unités, nous les soumettons au calcul arithmétique ; les considérant dans leurs dimensions, nous en tirons les construc-