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juifs ; ces derniers sont les seuls forgerons, maçons et couvreurs qu’il y ait dans le pays.

Les rois et les ras ont auprès d’eux des bouffons qui plaisantent tout le monde, comme le faisaient les fous que les princes de l’Europe entretenaient autrefois à leur cour, et qui, de même, disent parfois des vérités.

Chez un peuple vif et gai comme le sont les Abyssins, les mariages, les naissances, en un mot tous les événements importants sont célébrés par des fêtes et des réjouissances. C’est, dit M. Salt, une chose remarquable que la joie et la bonne intelligence qui régnent dans ces réunions ne soient pas troublées par les scènes d’ivresse qu’elles ne manquent jamais de produire. Il est très rare qu’en pareille occasion il s’élève une querelle entre les personnes d’un rang élevé.

Le principal amusement des classes inférieures dans les fêtes qui suivent la fin du carême, est le jeu du kersa, qui ressemble beaucoup au mail. De grandes troupes se réunissent ; quelquefois des villages entiers se défient réciproquement. Dans ce dernier cas, la partie est vivement disputée, et lorsque les joueurs, sont à peu près d’égale force, il faut souvent une journée entière pour la décider. Les vainqueurs retournent chez eux en dansant et en poussant de grands cris, et sont reçus au milieu des acclamations des femmes de leur parti. Souvent on s’échauffe tellement de part et d’autre que les antagonistes s’accablent mutuellement d’injures et s’adressent des menaces terribles ; enfin, comme cela n’arrive que trop souvent dans des pays bien plus policés, on en vient aux coups, mais alors même on ne se sert que des crosses avec lesquelles on a joué : toutefois plus d’un combattant est laissé, mort sur la place.

Il n’est pas étonnant que les Abyssins, joignant à une imagination vive une grande ignorance, soient en proie aux idées les plus extravagantes et les plus absurdes. Ils croient que la plupart de leurs maladies sont causées par la funeste influence de l’esprit malin. Ils supposent à tous