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les ouvriers en fer la faculté de se transformers en hyènes pendant la nuit et de se repaître alors de chair humaine, et sont persuadés que si ces hommes sont blessés durant leur métamorphose, la plaie se retrouve à la partie correspondante de leur corps lorsqu’ils ont repris leur forme naturelle. Du reste cette opinion existait chez tes Grecs et les romains.

Plusieurs usages des Abyssins rappellent ceux du peuple hébreu avant le règne de Salomon. M. Salt dit qu’il fut si frappé de cette ressemblance que parfois il avait peine à ne pas s’imaginer qu’il se trouvait au milieu des Israëlites, et que, reporté à quelques mille ans en arrière, il vivait au temps où les rois étaient pasteurs et où les princes de la terre, armés de lances et de frondes, allaient sur des ânes ou des mulets combattre les Philistins. Les Abyssins nourrissent contre les Gallas les sentiments de haine invétérée dont les Israélites étaient animés contre leurs ennemis.

Presque tout le commerce de l’Abyssinie a lieu par Adoueh, ville du Tigré ; on y apporte de Massouah du plomb, de l’étain, du cuivre, des feuilles d’or, de petits tapis de Perse de couleur éclatante, mais à bas prix ; de la soie écrue, du coton, du velours, du drap de France, des maroquins d’Egypte, de la verrerie et de la verroterie de Venise ; la plupart de ces marchandises qui viennent d’Europe sont expédiées d’Egypte par mer à Djeddah, sur la côte d’Arabie, d’où elles vont à travers le golfe à Massouah. L’Abyssinie commerce aussi par des caravanes avec l’Egypte ; mais les marchands sont exposés à mille périls dans le long trajet par terre qui sépare les deux pays, et surtout en traversant la Nubie. L’Abyssinie fournit aux pays étrangers de l’ivoire, de l’or, enfin des esclaves, cette marchandise si commune en Afrique.

Le commerce intérieur ne peut que souffrir beaucoup des troubles continuels du royaume. Cependant Adoueh a des fabriques de toiles de coton fines et grossières. La matière première est fournie par les territoires que baigne le