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dantes ; qu’il n’y a point d’assimilation entre ces divers principes qu’une attention naïve distingue, et qu’ils ne peuvent être subordonnés à un seul que par un effort de la réflexion. Cette confusion systématique provient, selon nous, de l’omission ou de l’oubli d’une première abstraction de conscience. D’autres erreurs multipliées sont dues à l’abus de l’abstraction de l’esprit, lorsque, s’élevant par degrés dans l’échelle de l’intelligence, on a négligé de faire une exacte revue des faits qui lui servent d’appui, et de vérifier le résultat sur les données de l’observation ; deux règles indispensables, même dans les calculs mathématiques, pour assurer l’exactitude des résultats obtenus par l’abstraction.

Pour plus d’éclaircissement et de développement, consultez Locke, Essai sur l’entendement humain, liv. 5. — Condillac, Essai sur l’origine des connaissances humaines, la Logique et l’art de penser. — Leçons de philosophie de M. Laromiguiére, tom. 2. — Traité des signes et de l’art de penser de M. de Gérando. — Traité de la philosophie de l’esprit humain, traduit de l’anglaîs de Dugald Steward, tom. i. — Les Discours mis en tête de la Logique de Port-Royal. — Les Principes logiques de M. Destutt-Tracy.

Satur.

ABSTRAIT. {Grammaire.) On entend par terme abstrait, tout terme qui désigne une idée abstraite (Voy. Idée abstraite) ; dans ce sens, tous les mots qui ne sont pas des noms propres sont des termes abstraits, mais il est certaines espèces de mots auxquelles on applique plus particulièrement cette dénomination ; c’est ainsi que l’on distingue le nom ou substantif abstrait et le verbe abstrait.

1° Le nom abstrait est celui qui n’exprime ni des individus ni des choses entières, mais des qualités, des


manières d’être ou d’agir que l’on considère indépendamment des êtres en qui elles se trouvent, ou qui en sont l’objet : tels sont ces mots, amitié, crainte, vertu, sagesse, etc.

Dans ce sens, nom abstrait est opposé à nom propre et à nom commun ou appellatif.

2° Le verbe abstrait est celui qui n’exprime que l’idée d’existence sans déterminer la manière dont un être existe. Le verbe être est le seul qui porte ce caractère : tous les autres verbes expriment l’idée de quelque attribut mêlée à celle d’existence, et par conséquent sont concrets : j’aime est pour je suis aimant ; on les nomme, par opposition au verbe abstrait, verbes concrets ou attributifs. Bouillet.

ABUS. (Politique.) L’abus est le mauvais usage que l’on fait d’une chose d’ailleurs bonne, vraie ou utile. Les peuples ont souvent dû leur bonheur à la religion, à la royauté, à la liberté, à la noblesse même ; souvent aussi les abus de ces choses ont produit le fanatisme, la tyrannie, la licence populaire, et l’oppression féodale.

Les peuples ont souvent dû leur bonheur à la religion, à la royauté, à la liberté, à la noblesse même ; souvent aussi les abus de ces choses ont produit le fanatisme, la tyrannie, la licence populaire, et l’oppression féodale.

La conservation des institutions humaines, sages dans leur origine, ne put être confiée qu’à des hommes sujets comme tous les autres aux passions, aux erreurs, et dont l’intérêt privé ne fut pas toujours d’accord avec l’intérêt général. De là, l’abus de la force ; dans l’ordre social, l’abus de tout ce que le genre humain avait fondé pour assurer sa conservation et son bonheur.

Un gouvernement imposé aux hommes au nom des dieux dut leur paraître sublime. Ils s’inclinèrent avec respect devant l’interprète de cette puis-