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honorèrent aussi la mémoire d’Académus ; mais le farouche Sylla détruisit ses bosquets délicieux, et fit construire, avec les arbres, des machines de guerre pour s’emparer d’Athènes.

Quant au nom d’Académus même, il vient du grec ἂχοζ δἤμοζ, le remède ou le sauveur du peuple : ce nom est en rapport avec la fable, qui lui attribue d’avoir sauvé sa patrie, avec les surnoms d’Acos et de Sauveur (Σωτἠρ), donnés à Bacchus. Académus était, par conséquent, un surnom de Bacchus, qui était aussi appelé Sauveur, et qui était honoré à Athènes d’un culte particulier. Ce passage d’Eupolis, entre bien d’autres, ἐν εύσκίοιζ δρυμοῖσιν Ακαδήμον θεοῠ, dans les bosquets ombragés du dieu Académus, achève de prouver qu’Académus était en effet un dieu et non pas seulement un héros.

C’est par conséquent à Bacchus Académus, ou le remède du peuple, c’est-à-dire au soleil bienfaisant des signes ascendants, que l’académie et ses jardins furent consacrés ; comme le lycée et son téménos ou lucus était consacré à Apollon Lycéen, dont le nom vient de λύκοç loup, c’est-à-dire au soleil ravisseur, ou destructeur des signes descendants. Ces deux maisons étaient donc deux thèmes célestes, ou les symboles des deux maisons des deux solstices, l’académie du solstice inférieur, le lycée du solstice supérieur : de là la position opposée de ces deux gymnases, et leurs noms de promenade inférieure et de promenade supérieure.

Cicéron voulut faire revivre le nom de l’académie ; il le donna à sa maison de campagne près de Pouzzole. C’est là qu’il se plaisait à converser avec ses amis sur divers sujets de philosophie,


et qu’il composa ses quœstiones academicœ, ses livres de la nature des dieux, et ses six livres de la république qui viennent d’être en grande partie retrouvés si heureusement par M. Angelo Majo, bibliothécaire du Vatican.

Éloy Johanneau

ACADÉMIE. {Littérature.) On désigne par ce mot une réunion de personnes qui professent les belles-lettres, les sciences on les beaux-arts. Ce terme remonte à une haute antiquité. C’est dans les retraites mystérieuses des jardins d’Académus, si favorables par la fraîcheur de leurs ombrages aux méditations de la philosophie, que le divin Platon, surnommé Le Cygne de l’académie, établit son école, rassembla ses disciples et professa sa morale sublime. La secte de cet illustre philosophe prit de là le nom de secte académique. Les sages qui adoptèrent ses doctrines furent appelés académiciens. Ce titre ne désigna pendant long-temps que les disciples de Platon, mais il fut donné par la suite à tous ceux qui firent partie des diverses sociétés savantes ou littéraires instituées sous le nom d’académies, pour étendre, à l’exemple de l’école d’Athènes, le domaine des connaissances humaines.

Les anciens, qui exprimaient leurs pensées par des allégories ingénieuses, représentaient l’académie sous les traits d’une femme d’un âge.mûr, et d’un caractère grave, la tête ceinte d’une couronne d’or et revêtue d’un voile de couleurs variées. De la main droite elle tenait une lyre, avec cette devise, Detrahit atque polit, elle retranche et polit ; et de la gauche une guirlande entrelacée de laurier, de lierre et de myrte, plantes poétiques qui faisaient allusion à la poésie héroï-