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que, lyrique et pastorale : il la guirlande étaient suspendues deux grenaaes, symboles d’union. Elle était assise, au milieu d’un pays délicieux, sur un siége orné de branches d’olivier et de cèdre, emblêmes de la paix et de l’immortalité. Des livres étaient entassés à ses pieds , et les instruments de musique dont elle était entourée annonçaient que l’harmonie est nécessaire aux arts. Plusieurs académies s’établirent dans Athènes et ne purent égaler la gloire de celle de Platon ; ces académies n’étaient, à proprement parler, que des écoles où Arcésilas, Carnéade, Philon, Antiochos et d’autres philosophes moins connus , expliquaient les différents systèmes qu’ils cherchaient tour à tour à faire prévaloir sur ceux de leurs prédécesseurs, et qui sont tombés depuis dans un profond oubli. Ptolémée-Soter, après qu’il se fut assuré par de brillantes victoires la paisible possession de l’Égypte, voulut .unir au titre de conquérant le titre plus glorieux de protecteur des leltrt>s. Il fonda, sous le nom de Mu1éon, la célèbre académie d’Alexandrie, dans laquelle il réunitles philosophes et les savants les plus distingués de son temps, et les chargea de travailler à la recherche des vérités philosophiques ct au perfectionnement des arts. C’est par leurs soins que se forma la fameuse bibliothèque brûlée depuis par le farouche Omar. Cette académie s’honora par d’utiles travaux, étendit l’empire des sciences , et servit de modèle aux académies modernes, soit dans les formes, soit dans le but admirable de son institution. Elle s’associait tous les poëles, tous les philosophes étrangers ; on venait de toutes les parties de la terÎ’e puiser ou déposer dans son sein de nouvelles connaissances. On s’y enrichissaitmutuellement par l’échange des pensées et des découvertes. Cette illustre académie fut longtemps le centre de · l’instruction. On y recueillait tous les trésors littéraires épars dans les contrées qu’envahissait la barbarie ; elle hérita vers le temps de la décadence de ·la Grèce, de la sagesse du portique, de la gloire du lycée , et brilla sur les bords du Nil, comme un phare étincelant , d’où partaient toutes les lumières qui éclairaient alors le monde, et dont les rayons ont traversé les âges et guidé les académies modernes dans la recherche des clartés et des vérités non. velles. Rome n’eut point d’académies. Les sciences ne parurent qu’un objet se- 4 !Qndaire et de peu d’importance aux yeux des conquérants de l’univers. Virgile Je reconnaissait lui-même, quand il disait dans l’Énéide que les Romains devaient céder aux autres peuples la gloire des arts, et se borner tl la gloire des armes. Les poëtes et les écrivains latins se formèrent à l’école des Grecs. Aucun établissement national ne favorisa leurs progrès, ni sous la république , qui les dédaignait , ni sous les tyrans, qui les redoutaient Auguste lui- même ne récompensait dans .les poètes que ses flatteurs ; les réunions des écrivains célèbres chez Mécène pouvaient seules être regardées comme uue sorte d’académie, dont le but était moins de propager la gloire des lettres que de goûter, dans les douceurs d’un commerce entièrement épicurien, les jouissances que leur doivent les esprits éclairés et délicats. Quand le moyen âge commença à repousser les ténèbres dont plusieurs