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42 DISCOURS


Mahon. Ces quatre plantes lèvent, croissent, fructifient en un été. Il a électrisé une partie des pots une heure par jour, sans jamais électriser les autres. D'ailleurs, les circonstances ont été les mêmes pour tous.

Les plantes électrisées ont levé les premières, comme dans l'expérience de M. l'Abbé Nollet. Leur développement, ou plutôt leur alongement, a été plus prompt, mais elles ont été plus foibles; bientôt leurs progrès se sont ralentis. En cinq ou six semaines les plantes non électrisées les ont regagné & surpassé en hauteur ; celles-ci, qui avoient toujours été plus fortes, sont devenues plus grandes & beaucoup plus vigoureuses. Les plantes électrisées ont fleuri plusieurs semaines plus tard que les autres. Il y a eu un mois de différence entre la floraison de la giroflée de Mahon non électrisée & celle de la floraison de la même plante, qui avoit été électrisée. Plusieurs des plantes électrisées n'ont pas fleuri ; celles qui ont fleuri ont eu peu de fleurs & de graines : toutes sont restées basses & foibles. Les graines étoient petites & tardives ; elles se sont flétries en se séchant. Les plantes non électrisées ont fleuri, fructifié & produit des graines, comme dans l'état ordinaire.

M. Mauduyt a répété trois fois cette expérience, & trois fois a obtenu les mêmes résultats. En les comparant avec ceux de M. l'Abbé Nollet, il a pensé que, dans la germination, le fluide électrique tendoit à désunir, à écarter les parties molles & pulpeuses des graines, que de cet écartement s'ensuivoit l'alongement & l'affoiblissement des tiges; qu'ensuite, quand les molécules avoient pris une certaine consistance, & contracté une forte d'union, la tendance du fluide électrique à écarter les parties avoit moins d'effet ; il arrivoit de-là que l'alongement se ralentissoit, mais qu'en continuant toujours l'électricité, on procurait une transpiration trop abondante, qui dissipant les sucs & l'humidité, affoiblissoit, amaigrissoit , énervoit & tuoit les plantes. M. Mauduyt n'en conclut pas pour cela, que l'électricité n'entre pour rien dans les causes de la végétation, mais seulement, qu'appliquée de la manière dont nous pouvons l'appliquer, elle leur est nuisible. Cette conséquence, pleine de réserve, fait connoître la sagesse du physicien, car il est possible, & M. Mauduyt l'a senti sûrement, que la nature n'emploie pas autant de fluide électrique, pour la végétation, qu'on en accumule sur les plantes avec des instrumens qui le rassemble, qu'elle le modifie d'une manière qui est à elle, & qu'elle le distribue plus ou moins uniformément, selon les parties des plantes, sans les forcer d'en recevoir plus qu'il ne leur en faut. M. l'Abbé Nollet nous a appris que le fluide électrique développoit & accéléroit la germination. Si l'on s'en fût tenu-là, on auroit cru qu'il hâtoit la végé-