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cile & ce qui s’exécute pendant les veillées, par tous les membres de la famille.

» 2°. Après avoir rempli à moitié d’eau un pot de fer, plus haut que large, & l’avoir fait bouillir, on y met les châtaignes qu’on remue jusqu’à ce qu’on aperçoive, en en tirant une, que la pellicule qui les recouvre s’est gonflée & n’est plus adhérente à la surface. Alors on retire le pot du feu. Plus l’eau est chaude & mieux vaut, car il ne faut pas que les châtaignes cuisent.

» 3°. Les châtaignes sont mises, à l’aide d’une écumoire, sur une claie construite pour ce seul objet, & qu’on appelle grelon ou greloir, &, ensuite, fortement frottées sur la surface de cette claie, afin d’en détacher la pellicule qui tombe à travers les interstices, pellicule qui s’appelle tan.

» 4°. On lave les châtaignes ainsi dépouillées & on les fait cuire en deux fois, la première dans l’eau, la seconde à la vapeur, comme il a été dit plus haut.

L’eau dans laquelle on a fait cuire des châtaitgnes revêtues de leur pellicule, prend une saveur tellement âcre qu’il n’est plus possible de l’utiliser, même au lavage de la vaisselle. Elle doit donc être jetée.

C’est par erreur qu’on a annoncé qu’on pouvoit faire du pain de châtaigne, attendu que la pulpe ou la farine de ce fruit n’est pas susceptible de la fermentation panaire, faute de gluten ; mais, comme elle est très-sucrée, on peut en tirer du sucre, en fabriquer une sorte de bière propre à fournir de l’eau-de-vie. Mais, quelque vantés qu’aient été ces produits, il y a quelques années, je persiste à croire qu’il faut se contenter de manger les châtaignes cuites dans l’eau ou grillées.

Tous les animaux domestiques aiment les châtaignes. On en nourrit, crues ou cuites, les chevaux (principalement en Calabre), les vaches & les cochons. Les poules, les dindons, les oies, se jettent sur leurs débris. A tous elles donnent une chair savoureuse & une graisse abondante. . Des quadrupèdes rongeurs, tels que le lapin, l’écureuil, le lérot, le loir, le muscardin, le rat, le campagnol, le mulot, la souris, dévorent les châtaignes sur l’arbre, ou après qu'elles sont tombées. On doit leur faire une chasse à mort.

J’ai déjà dit que le semis étoit le moyen le plus sûr & le plus employé pour se procurer des châtaigniers, soit pour devenir arbres à fruits, soit pour former des taillis. Il est nécessaire que je revienne sur cet objet pour le développer.

La nature de la châtaigne exige qu’elle soit semée peu de temps après sa chute de l’arbre, puisque, lorsqu’elle est conservée dans un lieu sec, elle se dessèche, & dans un lieu humide elle se pourrit ; mais si on la sème à peu de profondeur, elle risque, ou de geler, ou d’être mangée par les animaux. Il est donc nécessaire de la Stratifier pendant l’hiver, ou dans des vases placés dans une cave, une serre, &c., ou dans des trous, en plein air, de plus d’un pied de profondeur.

Pour un semis de quelqu’éténdue on ne peut stratifier qu’en plein air, & il faut choisir, pour le faire, un terrain sec & abrité de l’égout des eaux de pluie.

Le plus beau plant est produit par les châtaignes les plus grosses & les plus rondes. Ainsi, il ne faut pas qu’une fausse économie porte à choisir celles de rebut, comme les ignorans n’y sont que trop portés.

Au printemps, lorsque les gelées ne sont plus à craindre, on retire les châtaignes de la fosse où elles sont stratifiées, & le jour même on les sème en lignes écartées d’un pied, dans la partie de la pépinière qui a été préparée par un bon labour d’hiver, à les recevoir.

Je dis dans la pépinière, parce que les semis en place manquent souvent par l’effet des sécheresses, des animaux rongeurs, des accidens, &c., & que le plant, les deux premières années, est dans le cas d’être détruit par les bestiaux, par le gibier, &c. J’en ai vu que les seuls lapins ayoient dévorés avant qu’ils fussent levés, quoiqu’ils eussent été effectués fort tard au printemps.

La rigole dans laquelle on les place doit avoir deux ou trois pouces de profondeur, & elles doivent y être à la même distance l’une de l’autre.

Quelquefois les châtaignes ont germé dans la fosse ; alors il faut les disposer de manière que la radicule, qu’on pince ou ne pince pas, selon le but qu’on se propose, soit au fond de la rigole.

Un râteau suffit pour remplir la rigole, en y ramenant la terre d’un des intervalles.

Deux binages d’été & un labour d’hiver sont nécessaires aux semis, pendant les trois ans qu’ils restent, terme moyen, dans leur planche.

Au bout de deux, trois, quatre & même cinq ans, on relève le plant de châtaignier, soit pour le placer à deux pieds de distance, en tous sens, dans une autre partie de la pépinière, convenablement labourée l’automne précédent, soit pour en composer un taillis à demeure.

Les pieds conservés dans la pépinière sont destinés à devenir des arbres de ligne, propres à orner les jardins ou à être plantés en plein champ pour donner un jour du fruit. En conséquence, on les Rabat la seconde année de leur plantation, pour leur faire pousser plusieurs jets vigoureux, dont le plus droit & le plus fort est seul conservé. Plus tard il est Taillé en crochet. Ce n’est ordinairement qu’à sa sixième ou septième année que ce plant est assez fort pour être placé à demeure, après que sa tige a été élaguée & sa tête formée en boule.

Ce ne doit jamais être que dans des terrains de mauvaise nature ou d’une pente trop rapide, c’est-à-dire, où toute autre culture seroit moins avantageuse, qu’il faut établir des châtaigneraies, parce que le temps qui s’écoule avant que les châtaigniers

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