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soient en bon rapport, & l’incertitude de leur récolte, les feroient arracher, dans le cas contraire, à la suite des mutations de la propriété.

On fait généralement fort peu attention à l’aspect des châtaigneraies, mais il est certain que le levant & le midi sont préférables. J’ai toujours vu celles des bords de la forêt de Montmorency, situées au nord, donner les plus petites & les plus insipides châtaignes de cette forêt.

La distance à mettre entre chaque arbre, dans les châtaigneraies, doit être, au moins de cinquante pieds, quelle que soit la nature du terrain, car les arbres doivent être supposés vivre cinq cents ans ; & plus ils sont dans le cas de jouir librement des influences de l’air & de la lumière, & plus ils acquièrent de vigueur, & plus ils portent de fruits, & plus leurs fruits sont savoureux & susceptibles d’être gardés.

Les trous dans lesquels on place les châtaigniers doivent avoir au moins trois pieds de large & de profondeur, & être faits six mois à l’avance. On les remplira, lors de la plantation, avec la meilleure terre de la surface qu’on pourra se procurer.

La plantation aura lieu à quelqu’époque de l’hiver qu’on le voudra, les jours de gelée exceptés. Il ne sera pas touché aux arbres les deux ou trois premières années de la plantation, mais on donnera chaque hiver un léger binage à la terre de leur pied ; plus tard, à plusieurs reprises & entre les deux séves, on élaguera les branches qui auroient pu pousser de leur tronc ; on perfectionnera leur tête par le raccourcissementdes branches qui s’étendront le plus au-delà des autres. Cette opération pourra erre renouvelée, dans le besoin, à toutes les époques de leur vie, lorsqu’il sera besoin de monter dessus pour les débarrasser des bois morts, des branches chiffonnes, &c.

Il est des pays â châtaignes où on greffe la plus grande partie des châtaigniers, & c’est presque toujours en place, & à dix à douze ans, quoiqu’il fût sans doute plus avantageux de le faire dans la pépinière, à quatre ou cinq ans. Généralement on préfère la Greffe en flute, malgré sa lenteur & ses difficultés, comme réussissant mieux que les autres : on en pose quelquefois cinquante sur un seul pied. J’en ai cependant fait exécuter avec succès en fente & en écusson, mais le moment a été bien choisi. Il m’a paru que la non-réussite venoit de la très-prompte dessiccation de la greffe, dessiccation qu’on peut prévenir avec une grosse poupée dans la greffe en fente, & en recouvrant celle en écusson d’un parchemin ou d’une étoffe serrée.

Il est extrêmement à désirer que la pratique de la greffe du châtaignier devienne plus générale, afin de conserver les bonnes variétés, en même temps hâtives, grosses & abondantes.

Les vieux arbres donnent des fruits plus petits que les jeunes ; or, les grosses châtaignes se vendent constamment beaucoup mieux que les petites. On doit donc être déterminé, surtout dans les mauvais terrains, à Rapprocher les châtaigniers de 150 à 200 ans. C’est ce qu’on fait généralement dès qu’on voit qu’ils poussent plus foiblement, en coupant leurs branches à trois ou quatre pieds du tronc. Il sort alors, du sommet de ces tronçons, des jets vigoureux dont on supprime les plus mal placés, entre les deux séves de l’année d’opération. Ces nouvelles branches commencent à donner du fruit dès la troisième ou quatrième année, & sont en plein rapport vers la douzième.

Presque tous les châtaigniers qui portent fruit sont creux à l’intérieur, ce qui est produit ordinairement, autant par la constitution de leur bois que par les fsuites de l’opération que je viens de décrire.

En général, comme leur bois est mauvais pour brûler, on n’arrache les châtaigniers à fruits que lorsqu’ils sont mutilés par l’âge ou les accidens, au point de ne plus assez produire pour payer la rente du terrain où ils sont plantés : ce qui n’arrive qu’après plusieurs siècles.

Il est une autre manière de tirer parti des châtaigniers à tige, que je n’ai vu pratiquer que dans la Biscaye, mais que je voudrois voir adopter en France. Là, les montagnes à pente très-rapide, dont on ne veut cependant pas perdre le pâturage, sont plantées en tétards de châtaigniers, qu’on étête tous les huit à dix ans, & avec le bois desquels on fait du charbon.

Le plant de châtaignier destiné à former des taillis, est porté à deux, trois, quatre & même cinq ans, de la pépinière dans le lieu où il doit être planté à demeure, lieu qui aura été labouré l’année précédente, soit à la charrue, soit à la pioche, ou mieux encore défoncé, & qu’on aura traversé par des rigoles parallèles, éloignées de trois à quatre pieds. Là, il sera mis dans ces rigoles, creusées de six à huit pouces, chaque pied d’une rigole vis-à-vis l’intervalle de ceux des deux voisines, & on les couvrira de terre. Un ou deux labours par an, donnés à ces rigoles, favorisent la croissance du plant. L’année suivante on remplace les pieds qui ont manqué ; trois ou quatre ans après on rabat ce plant, ce qui lui fait pousser des jets droits qui peuvent déjà fournir quelques brins huit à dix ans après.

Il est des propriétaires qui font planter du Chêne & du Bouleau, alternativement avec le châtaignier, mais je crois avoir reconnu qu’il y a du désavantage. Voyez ces deux mots.

Les taillis de châtaigniers, qui peuvent se couper à cinq ans dans les bons sols & aux bonnes expositions, & qui se coupent ordinairement à sept, sont dans quelques localités, aux environs de Paris, par exemple, au nombre des meilleurs biens fonds, parce qu’ils sont d’un revenu sûr & ne coûtent aucun autre fais que ceux de leur garde, l’usage étant de les vendre sur pied. Les perches qu’ils fournissent sont très-recherchées, à raison