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CHA CHA

de leur flexibilité, de leur facilite à se fendre, pour fabriques des Cercles de tonneaux, des baguettes de Treillage, des Echalas, &c. Ces taillis peuvent subsister plusieurs siècles.

Les taillis de châtaigniers, surtout ceux qui ont été le plus nouvellement coupés & ceux qui se trouvent ou dans les fonds, ou sous de grands arbres, ou dans le voisinage des marais, sont, dans le climat de Paris, fort sujets à être affectés des dernières gelées du printemps. Cet événement, outre qu’il ratarde leur croissance d’une demi-année au moins, s’oppose à ce qu’ils poussent droit, ce qui est un grand inconvénient pour les services auxquels ils sont destinés. S’il agit sur la première repousse, donc les bourgeons sont loin d’être aoutés, il est presque toujours avantageux de réceper de suite ces bourgeons, ainsi que j’ai eu plusieurs fois occasion de m’en assurer dans la forêt de Montmorency. Il en est de même, lorsque des taillis plus vieux ont été gelés deux ou trois années de suite.

Le Châtaignier d’Amérique diffère fort peu du nôtre au premier aspect, mais il n’en est pas moins différent, comme je m’en suis assuré, sur les montagnes de la Caroline, où il est très-commun. Son fruit s’en distingue par le duvet dont son sommet est toujours couvert, & par sa saveur plus fine. On en tire en Amérique les mêmes services qu’en Europe de celui dont il vient d’être question. Il se cultive dans les jardins des environs de Paris, & s’y multiplie de marcottes. Un pied porte-graine que j’avois réservé dans les jardins de Versailles, a été malheureusement arraché, mais il doit y en avoir d’autres quelque part ; car j’en ai distribué plus de deux cents qui probablement n’ont pas tous péri.

Le Châtaignier nain, connu en Amérique sous le nom de chincapin, se distingue fort bien des deux précédens par l’inférioriré de sa taille qui surpasse rarement trente pieds, par ses feuilles blanches en dessous, & par ses fruits de la forme & de la grosseur d’un gland. Ce fruit est extrêmement délicat, bien supérieur, à mon avis, pour en avoir mangé de grandes quantités, à celui du châtaignier d’Europe. On le cultive dans les jardins des environs de Paris, où on le multiplie de marcottes, mais il n’y vient jamais beau ; peut-être parce qu’il est sensible aux gelées, peut-être parce que le sol ne lui convient pas. Je n’en connois aucun pied qui donne des graines. C’est dans les pays à châtaigniers du midi de la France qu’il devroit être planté. Je fais des vœux pour que cette excellente espèce se naturalise chez nous, & cela auroit rapidement lieu, si nous avions quelques porte-graines dans les landes de Bordeaux, ou sur les coteaux des environs de Périgueux.

CHAT-HUANT. Strix. Genre d’oiseau de proie nocturne, qui renferme huit à dix espèces propres à l’Europe, que les cultivateurs devroient regarder partout comme leurs plus puissant auxiliaires pour la destruction des Belettes, des Rats, des Mulots, des Campagnols, des Taupes & autres petits quadrupèdes, ainsi que des Cerfs-volans, des Capricornes, des Hannetons, des Taupes grillons & autres gros insectes qui leur sont si nuisibles, & auxquelles, cependant, ils sont partout, à leur grand détriment, une chasse perpétuelle, par suite d’un très-ancien préjugé qui les fait regarder comme des oiseaux de mauvais augure, dont la mort est nécessaire à la tranquillité d’esprit de la famille.

Ces espèces sont : le Grand-duc, le Moyen-duc, le Petit-duc, le Harfang, le Chat-huant proprement dit, la Hulotte, la Chouette, l’Effraye & la Chevêche.

Chacune de ces espèces a des mœurs particulières, mais toutes sont utiles sous les rapports précités.

On voit dans toutes les exploitations rurales des légions de chats qui commettent journellement des vols dans la cuisine, & qui ne prennent que les souris de l’intérieur de la maison, & on repousse les chats-huans qui ne font jamais du mal, & dont un seul prend, en une nuit, plus de mulots & de campagnols qu’un chat en un mois.

Je reviendrai sur cet objet au mot Chouette, qui est l’espèce la plus répandue dans les plaines.

CHAUDEAU. On appelle ainsi, dans certains cantons, un mélange de son, de pommes de terre, de choux, de fèves, &c, qu’on donne, à demi chaud, aux bestiaux qui sont malades ou qu’on veut engraisser.

C’est une excellente chose qu’un chaudeau, mais sa composition est embarrassante & coûteuse. Voyez Engrais des animaux.

CHAUDIÈRE. Vase de fonte, de fer ou de cuivre, dont on fait un grand usage dans les campagnes pour faire cuire les alimens ou faire chauffer l’eau pour les lessives.

Les chaudières de fonte sont presque partout les plus généralemeut usitées, parce qu’elles sont peu chères & d’un usage jamais nuisible à la santé ; mais quand elles sont d’un certain volume, leur service devient difficile, à raison de leur poids. D’ailleurs, elles sont sujettes à se casser, soit par un changement brusque de température, soit par leur chute ou leur achoquement contre un corps dur.

Les chaudières de cuivre peuvent être en même temps très-grandes & très-légères. Elles ne craignent point d’être brisées, mais elles coûtent cher, & lorsqu’on ne les tient pas constamment très-propres, leur oxidacion peut causer la mort de toute une famille.

Ces dernières chaudières s’appellent Chaudrons dans beaucoup de lieux.