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CHASSES,
Contenant vingt-trois Planches.
PLANCHE Iere.
De la venerie. La quête du cerf, de la composition de Rhidinger, peintre allemand.

LA vignette représente une forêt, dans le fond de laquelle on voit un cerf, & sur le devant un piqueur tenant le trait du limier qui marche devant lui, déployé. Le limier a la botte au col, voyez Pl. VII. le valet du limier n’est pas censé voir le cerf; mais il suit le limier qui le conduit sur les voies ou pas du cerf. Voici la maniere de dresser le limier.

Il faut que celui qui veut apprendre à détourner un cerf, ne soit point paresseux, & qu’il aime la chasse. Il doit aussi caresser & affectionner les chiens; prendre son limier le matin, & le mener dans les buissons ou dans les forêts pour y chercher des cerfs; être au bord de sa quête au soleil levant, & commencer à déployer le trait, & mettre son limier devant, de la façon que l’on va expliquer.

Si l’on commence par les gagnages ou par les chemins qui se trouvent dans les bois, ou par les bords des taillis, il faut, après avoir déployé le trait, caresser son limier, & le faire marcher devant soi plus d’une demi-longueur du trait, en disant va outre; c’est le premier mot de la venerie. Il faut ensuite lui parler souvent, l’appellant par son nom en ces termes, hau Miraut, hau l’ami, hau, lau, lau, lau, lau, pour le réjouir; & afin qu’il se rabatte mieux: si l’on veut ajouter de l’ardeur à ce chien, il faut mener au bois avec lui un autre limier, & le faire aller tantôt devant, puis le retenir derriere, & laisser aller l’autre à son tour, tant au long du chemin que sur les voies, & il se rendra ardent. Si votre chien va le nez & la tête haute, vous lui parlerez en ces termes, hau gare à toi, là, valet, là, en lui donnant de la crainte par quelques petits coups de trait sur les reins, & ne lui permettant pas de mettre le nez tantôt à une coulée, & tantôt à une autre, ni de barrer les chemins; mais ayez soin qu’il aille droit, soit le long des gagnages, ou le long des chemins dans les bois; car si vous laissez votre limier dans l’habitude de fureter de côté & d’autre, il fera peu de diligence & ne vous rendra pas grand service; au contraire allant droit sans se détourner ni à droite ni à gauche, il vous indiquera s’il a passé quelques bêtes; & alors regardant à terre, si vous jugez par le pié ce que c’est, vous direz à votre chien, qu’est-ce-là, l’ami, hau, mon valet, après, après veleci, aller, il dit vrai, veleci aller.

Vous suivrez ensuite les voies du cerf avec votre limier jusqu’au bord du fort, où étant, vous arrêterez & caresserez votre limier à petit bruit, & vous briserez des branches haut & bas; ces branches vous serviront de remarques, & feront connoître à ceux qui viendront après vous, que c’est un cerf que vous avez rembuché. Vous aurez soin que les brisées soient posées le bout rompu du côté que va le cerf; après cela, pour le détourner, il faut mettre votre limier devant comme auparavant, & prendre le tour du fort, tant par les taillis que par les chemins où est entré votre cerf, & revenir jusqu’au rembuchement qui est l’endroit par où il est entré dans le fort; s’il ne passe point, ou ne sort point

du fort, s’il est détourné. S’il a passé, votre limier vous en avertira comme la premiere fois; & en ce cas il faut le briser & prendre encore les devans jusqu’à ce que vous ne le trouviez point passé, & faire des brisées par tous les endroits où vous passerez.
Termes pour parler à son limier, lorsque l’on est au bois le matin pour détourner un cerf.

Va outre; c’est le premier terme de venerie anciennement observé & conservé dans la venerie du roi. C’est pour faire aller le limier devant.

Hau, l’ami; hau, mon valet; hau, lau, lau, lau; se dit pour le regaillardir & le faire mieux aller devant.

Hau garre à toi, là valet là; se dit quand le limier va le nez au vent, pour l’avertir & le faire mettre le nez à terre.

Qu’est-ce-là, ribault, hau mon valet; se dit quand le limier se rabat sur les voies; & s’il crie, on lui dit, tout coi, pour le faire taire.

Après, après veleci, aller, veleci, il dit vrai, se disent lorsque le chien suit les voies, & l’on répete ces termes, veleci aller après, l’ami après.

Ha hourva tien veleci revari; lorsqu’un cerf a fait un retour, on parle ainsi à son limier.

Tien veleci jusqu’ici, après, après; lorsque l’on revoit d’un cerf, & que l’on veut faire suivre les voies à son limier pour le rembucher & ensuite le détourner. On répete ainsi chaque terme en son lieu; mais il faut toujours parler bas à son limier, & briser le cerf au rembuchement.

Bas de la Planche. Connoissances du cerf par la tête & les fumées.

Fig 1. Tête d’un jeune cerf.

2. Tête d’un cerf, dix cors jeunement.

3. Tête d’un cerf, dix cors.

4. Tête d’un vieux cerf.

a, meules ou bosses, où tient la fraize.

b, fraize ou pierrure.

c, mairin ou perche.

d, gouttieres.

e, andouillers ou cors.

f, empaumure.

Les premieres têtes que portent les cerfs, se nomment dagues. Elles leur viennent au commencement de leur seconde année, & naissent de leurs meules ou bosses qu’ils poussent à un an; au bout de leur seconde année ils mettent bas leurs dagues.

On trouve peu de dagues muées, excepté dans les forêts conservées, où il y a beaucoup de cerfs; & la raison pour laquelle on en trouve peu, c’est que lorsque les cerfs veulent mettre bas, ils ont une démangeaison aux environs du têt, qui les oblige de se frotter la tête. Alors leurs dagues étant prêtes à tomber, ils jouent au pié d’une cépée de bois, & y fichent leurs dagues qui y demeurent. Quelque-fois même en courant dans les forts devant les chiens, ou par quelque effroi, les branches font tomber ces dagues.

Les daguets portent ordinairement de chaque côté