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Page:Encyclopedie Planches volume 2b.djvu/12

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deux ou trois andouillers tout au plus. Le premier andouiller, qui est le plus proche de la meule, est le plus grand de chaque côté, & les autres vont un peu en diminuant jusqu’à l’empaumure f, qui est le haut de la tête où il y a deux andouillers. Les premiers andouillers sont éloignés d’environ deux doigts de la meule, & la meule est à deux grands doigts du têt.

Comme les cerfs mettent bas tous les ans, & refont leur tête, la troisieme est plus chevillée, & porte huit ou dix andouillers; la quatrieme en porte encore davantage, les andouillers en sont plus gros & plus grands, & le merain à proportion. La tête du cerf de dix cors jeunement, fig. 2. commence à être bien chevillée, les premiers andouillers e sont assez grands & bien rangés, & ils en peuvent porter jusqu’à quatorze ou seize, mais ordinairement ils n’en portent à cet âge que douze ou quatorze, & ils vont toujours en multipliant & en augmentant jusqu’à ce qu’ils soient vieux cerfs. Lorsque le cerf a l’âge où il entre en sa perfection, & qu’il est cerf de dix cors; il peut alors porter seize, dix-huit, vingt & jusqu'à vingt-deux andouillers, mais cela est rare, & il faut pour cela qu’en refaisant sa tête il ait eu une grande nourriture. Il est vieux cerf quand il porte vingt-deux, vingt-quatre, vingt-six & vingt-huit andouillers.

Le cerf de dix cors, fig. 3. Pl. I. doit avoir la tête belle, haute & bien ouverte, les premiers andouillers grands & longs proche de la meule, & ceux de dessus à proportion, l’empaumure f de cinq ou six andouillers, & un peu creuse; le merain c c gros & bien perlé; de grandes gouttieres d d, larges & creuses; la meule a large, bien pressée & proche du têt.

La tête des vieux cerfs, fig. 4. n’augmente que jusqu’à un certain âge; il y a même des années où quelquefois le nombre des andouillers diminue, & où ils n’en portent que seize, quoique leur tête soit bien nourrie. Ils ont de grandes gouttieres, le merain gros & bien perlé, l’empaumure large & creuse, les andouillers plats & gros, & leur meule abaissée jusques dans le têt.

Fig. 5. Fumées en bouzars.

6. Fumées en plateau.

7. Fumées en torches.

8. Fumées martellées.

9. Fumées aiguillonnées.

Comment on connoit les cerfs par les fumées en Avril & en Mai.

C’est environ vers la mi-Avril qu’on commence à connoître les cerfs par leurs fumées; ils les jettent alors en bouzars, fig. 5, Planche I. gros comme le poing: les cerfs de dix cors, principalement les vieux cerfs, comme étant plus avancés que les autres, les jettent dès le commencement toutes défaites, molles & en bouzars; & en voyant de pareilles fumées, on doit s’assurer qu’elles proviennent d’un cerf qui n’est plus jeune, c’est-à-dire, d’un cerf de dix cors, ou d’un vieux cerf: ils les jettent ainsi jusques vers la mi-Mai, & à la mi-Mai ils commencent à les jetter en plateaux encore bien mols; mais en avançant vers la mi-Juin ils les jettent en plateaux formés, fig. 6. & gros comme le pouce.

Les plus jeunes cerfs & les cerfs de dix cors jeunement jettent leurs fumées un peu plus tard, & d’abord en bouzars, puis en plateaux, mais plus petits, & cela jusqu’à la fin de Juin; car les cerfs de dix cors jeunement suivent de près les cerfs de dix cors, mais sont un peu plus tardifs: lorsque les plus vieux cerfs jettent leurs fumées en plateaux, les plus jeunes ne les jettent encore qu’en bouzars, &

à proportion que les plus vieux cerfs sont avancés à refaire leur tête, leurs fumées de même sont avancées, ainsi les plus vieux cerfs doivent avoir poussé la moitié de leur tête à la mi-Mai; c’est pourquoi les chasseurs disent dans quelque pays, à la mi-Mai, mi-tête; à la mi-Juin, mi-graisse; pourvû néanmoins que les cerfs n’ayent point d’incommodité, & qu’ils n’ayent point été blessés ni manqués & mis à bout par des chiens courans, ce qui les retarde beaucoup non-seulement à mettre bas, mais encore à refaire leur tête, & même à entrer en rut, quand cela leur arrive proche la saison; parce qu’étant toujours en allarmes, ils se recellent & n’osent sortir que bien rarement dans les gagnages & dans les taillis; or dans le tems qu’ils se recellent, leurs fumées sont un peu plus dures, plus vaines & moins grosses, qu’elles ne seroient s’ils avoient la liberté des gagnages, car ils n’ont pas d’aussi bonne nourriture que s’ils tenoient les champs & les bois; & tant qu’ils sont ainsi allarmés ils ne peuvent pas être bien en venaison; cependant leur tête ne laisse pas que de pousser, mais elle demeure toujours mal nourrie, le merain & les andouillers demeurent grêles & menus, & l’on connoît à la tête d’un cerf la bonne ou mauvaise nourriture qu’il a eue pendant qu’il l’a refaite, soit dans les forêts, soit dans les buissons. Quand les cerfs n’ont point d’allarmes, & qu’ils dorment toutes les nuits aux gaignages, ils jettent de bonnes fumées, bien moulleés, & qui ne sont jamais trompeuses.
Des fumées des biches.

Les biches, jusqu’à ce qu’elles ayent fait leur faons, jettent leurs fumées plus longues & dures, à la façon de celles des chevres, ce qui est causé par la chaleur où elles sont tout le tems qu’elles sont pleines. S’il y a des biches qui jettent leurs fumées en bouzars, ce n’est qu’après que les cerfs ont jetté les leurs de cette maniere; elles les jettent aussi en forme de petits plateaux & non formées après qu’elles ont fait leurs faons; ensuite elles les jettent grosses comme le poing, un peu dures, à demi quarrées & plates; mais toutes ces fumées de biches ne sont jamais de saison, c’est-à-dire, jamais semblables à celle des cerfs, quand elles proviendroient d’une biche brehaigne: quoique quelques-unes en jettent d’assez grosses, & qui approchent de celles d’un cerf de dix cors jeunement, ensorte qu’un veneur peut s’y tromper, & les juger d’un cerf de cet âge; il y a néanmoins toujours quelque différence en ce qu’elles sont trop avancées sur la fin ou trop tardives dans le commencement, & que quand les cerfs jettent leurs fumées en bouzars il y a des biches qui jettent les leurs en plateaux avec des longs aiguillons au bout, fig. 7. & d’autres, comme j’ai dit, qui les jettent en bouzars à demi dures, ou demi formées, longues, & la plûpart entées les unes sur les autres. Lorsque les cerfs les jettent en torches, les grandes biches les jettent formées, longues & rondes, entées les unes sur les autres avec de longs aiguillons, & la plûpart des autres biches en jettent où il n’y a point d’aiguillon. Ces sortes de fumées sont ordinairement fort noires, mal moulées & plus légeres que celles des cerfs; & en général ces biches en jettent toujours en plus grande quantité que les cerfs, parce qu’elles viandent plus goulument. Toutes les biches tant les bréhaignes, ou les vieilles biches, que celles qui ont des faons, jettent donc leurs fumées de la maniere que je viens de décrire jusqu’au mois de Juillet; ensuite elles commencent au mois d’Août à les jetter longues, formées, rondes, entées &