Page:Encyclopedie Planches volume 3.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sition couverte, ne pas s'ébranler de tous ses différens mouvemens, lui faire des attaques, tirer des demi-bottes hors de mesure pour l'obliger d'entrer en mesure, & dans le tems qu'il leve le pié droit pour avancer, opérer sans écarter le poignet ni la pointe de l'epée de la ligne de son corps, afin que, dans le cas où il tireroit, on fût en état de parer & de lui faire immédiatement riposte. On ne doit jamais redoubler crainte du coup pour coup ou qu'il pare de la main gauche, ce qui exposeroit à une riposte; mais aussi-tôt après avoir tiré une botte, soit qu'on touche ou non, il faut se remettre promptement en garde en parant du cercle.

Si l'italien se présentoit en gar de tenant son bras & sa pointe sur une même ligne, il faudroit se servir du croisé d'épée ou du coup de fouet, & lui tirer ferme & à fond au corps.

On ne doit jamais tirer dans le grand jour qu'il peut donner crainte du coup de tems; mais alors lui tirer une demi botte bien soutenue; & s'il part sur ce tems, parer en serrant la mesure d'une demi-semelle & riposter aussi-tôt.

Pour tromper la parade de sa main gauche, il faut tirer une demi-botte & achever le coup aussi-tôt qu'il a fait le mouvement de ladite main pour parer. Nota, ce-ci est bon à éxécuter vis-à-vis de ceux qui ne ripostent pas.

On doit encore ne pas tirer à son adversaire au-de-dans des armes s'il donnoit un trop grand jour; mais on peut marquer une feinte au-dedans & tirer au-dehors ou au-dessous.

S'il serroit la mesure en portant le pié gauche près du pié droit, il faudroit lui faire un battement d'épée, ou lui tirer une demi-botte; & s'il ne s'ébranloit pas, rompre promptement la mesure, porter le pié droit près du pié gauche, en parant du cercle, ou attendre qu'il tire, & aussi tôt gagner sa lame par un contre dégagement, & se saisir de son épée ou lui riposter dans le tems qu'il fait sa retraite.

Des gardes italiennes avec l'épée & le poignard.

Fig. 41. L'exercice de l'épée avec le poignard n'est d'usage qu'en Italie. Lorsqu'un écolier sait bien manier son épée, on l'instruit dans l'éxercice de l'épée avec le poignard. Les Italiens sortent rarement de nuit sans avoir leur épée & poignard à leur côté. Les droitiers portent le poignard à côté de la hanche droite, & les gauchers à côté de la hanche gauche; ils le tirent si-tôt qu'ils ont l'épée à la main. Naples est la ville de l'Italie où on s'en sert le plus communément & le plus adroitement.

On ne fait usage du poignard à Paris que lorsqu'on reçoit publiquement un maître d'armes, Lorsqu'un prevôt a fait son apprentissage sous un habile homme & qu'on le présente pour être reçu maître d'armes, il est obligé de tirer avec plusieurs maîtres. Après avoir tiré avec le fleuret seul, ils tirent avec le fleuret & le poignard. La réception d'un maître a quelque chose d'agréable, & donne d'autant plus d'emulation aux jeunes gens pour s'instruire dans les faits d'armes, qu'un homme ne peut être reçu au nombre des autres maîtres, s'il n'a travaillé pendant six années consécutives sous le même maître, usage qui ne se pratique qu'à Paris. Cet exercice public, qui est comme la pierre de touche de l'art de l'escrime, produit un bien d'autant plus grand qu'il tend à la perfection des armes. Il seroit injuste de se taire sur le talent des maîtres d'armes françois. Les hommes qui s'y connoissent le mieux, avouent qu'ils sont les premiers maîtres du monde pour la bonne grace & l'habileté.

Quoiqu'on ne se serve pas de l'épée & poignard dans ce pays, on a crû nécessaire d'en donner l'explication, afin qu'on soit en état de se défendre, si l'on voyage dans les pays où en fait usage, & afin qu'on ne se trouve pas embarrassé en voyant deux pointes devant soi. Je donne ici deux gardes différentes & les plus usitées de cet éxercice. On expliquera, à la suite, la maniere de se défendre avec une épée seule contre une épée & un poignard.

Il faut se placer avec le poignard le bras tendu & un peu éloigné de la garde de l'épée. Pour bien former les parades & les éxécuter les plus serrées qu'il est possible, ce qui est très difficile ayant le bras tendu, on doit faire attention, en couvrant une partie, de ne pas découvrir l'autre. Dans cette garde on ne peut pas effacer le corps, car l'épaule gauche est plus avancée que la droite. Quoique le bras droit couvre le dehors des armes, il doit être raccourci.

Lorsque dans cette position on formera bien ses parades, on se mettra en garde, le bras tendu, mais sans roideur, & le bras gauche raccourci & la pointe du poignard près du coude droit. Le point principal est de ne pas s'ébranler aux mouvemens que l'adversaire peut faire.

S'il cherche à gagner l'épée avec la sienne, il faut la quitter, à moins qu'on ne se sente assez de fermeté pour opposer le fer au sien, en serrant la mesure d'une demi-semelle, & sans quitter sa lame de gagner son foible avec le fort du poignard. Alors quittant son épée il seroit aisé de tromper sa parade du poignard & de le toucher. Pendant cette opération il ne faut jamais quitter du poignard sa lame, & plus elle sera longue, plus on aura d'avantage. De même après telle parade qu'on puisse faire avec le poignard, on ne doit pas quitter sa lame, si on veut riposter.

Les Italiens parent plus souvent avec le poignard qu'avec l'épée: ainsi il est certain que celui qui se sert de deux lames pour parer, a un grand avantage, pourvû qu'il le fasse avec jugement & sans précipitation; car autrement il ne feroit que se découvrir.

Il faut tromper son adversaire dans le tems qu'il fait des attaques ou tire des demi-bottes en ne s'ébranlant pas de l'épée, & faire quelques mouvemens écartés avec le poignard pour l'engager à partir. Si-tôt qu'il détache son coup, on doit le parer avec le poignard en serrant la mesure dans le même tems, faire feinte avec l'épée de lui tirer au visage, & achever le coup au corps, comme on peut le voir dans la 42 figure.

Les Italiens parent avec le poignard les coups tirés au-dedans & au-dessous des armes, & comme ils se fient entierement sur cette parade, ils couvrent beaucoup le côté du dehors de la pointe de leur épée.

De l'épée seule contre l'épée & le poignard.

Comme tous les coups qu'une épée seule tire au-de-dans des armes contre l'épée & le poignard peuvent être parés aisément, la riposte de la pointe de l'épée de l'adversaire toucheroit infailliblement; c'est pourquoi on ne doit agir qu'avec jugement & attention.

Il faut se mettre en garde en tournant le poignet entre tierce & quarte, & un peu plus bas que dans la garde ordinaire, & en fixant la pointe de l'épée à l'épaule droite de l'adversaire. On ne doit pas engager l'épée, mais faire des battemens d'épée au-dehors des armes & des attaques du pié, & diriger la pointe à son visage, pour l'obliger à hausser son poignet: alors saisir ce tems pour lui tirer avec beaucoup de vivacité un coup de seconde, & revenir promptement à l'épée en prime ou au cercle.

S'il étoit en garde la pointe de l'épée sur la ligne de l'épaule, il faudroit faire feinte au-dedans des armes, donner un coup de fouet ferme au dehors des armes du foible au fort de son épée, & lui tirer quarte sur les armes.

S'il tient sa pointe plus basse que son poignet, il faut se placer dans la même position au-dedans des armes, lui tirer une demi-botte au-dedans, gagner vivement sa lame, & lui fournir une ftanconnade. On peut aussi après une demi-botte faire un croisé d'épée & lui tirer à fond tierce.

On ne conseillera pas de lui tirer au-dedans des armes, parce que la parade du poignard pourroit réussir, & qu'on seroit exposé à la riposte. Mais dans le cas où l'adversaire seroit ébranlé & chercheroit à parer avec son épée sur les attaques qu'on pourroit lui faire, alors après lui avoir tiré une demi-botte au-dedans des armes & à la partie du dehors du poignard, on pourroit lui tirer quarte basse: le coup achevé, se remettre en garde soit en tierce, soit en demi-cercle.