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sans écarter le bras, car ce coup doit être donné depuis le poignet jusqu'au coude, afin d'être en état de tirer un coup au corps en tenant la main dans la même position, & de couvrir avec le manteau le dedans des armes.

S'il présente la lanterne par-dessus la tête, il faut traverser le terrein sur sa droite & gagner sur lui le dehors des armes & lui tirer des demi-bottes au visage. S'il hausse la pointe de son épée, serrer la mesure le corps baissé & les deux mains hautes, en tenant la lame par-dessus le poignet gauche & manteau, faire une passe du pié gauche, sans quitter son épée; alors se secourir du manteau, raccourcir un peu le bras droit pour débarrasser la pointe de l'épée; & dans la position où la main se trouve, tirer avec vivacité un coup à l'adversaire.

S'il présente la lanterne de côté ayant la main passée par-derriere le dos, il faut traverser la ligne au-dedans des armes, en tenant la main gauche & le manteau auprès de la mamelle droite, la main droite tournée en tierce, la pointe de l'épée dirigée à son ventre, & dans le moment qu'il tire son coup, au-lieu de le parer avec la lame, tendre le bras gauche, couvrir sa lame avec le-dit manteau & lui riposter au corps comme on peut le voir dans la quarante-sixieme figure.

Si l'adversaire étoit matelacé, ce qu'on connoîtra après lui avoir fourni au corps un coup sans effet, il faudroit lui tirer à la gorge, au visage ou à la ceinture: car une personne, qui a assez peu de sentimens pour se servir d'une lanterne sourde dans une affaire particuliere, peut avoir aussi la lâcheté de se plastronner.

Observations sur l'exercice de l'espadon.

L'espadonneur a quatre coups principaux dans son jeu, qui sont les coups à la tête, au poignet, au ventre & au jarret.

Quelques-uns tirent leurs coups par un mouvement de l'épaule, du coude ou du poignet. Ils tiennent le bras roide & tendu, & présentent toujours la pointe du sabre à l'adversaire.

La premiere maniere de tirer par un mouvement de l'épaule se fait en haussant le bras & en faisant un grand cercle avec le sabre, afin d'avoir plus de force pour couper. Cette éxécution, qui est la pire de toutes, parce qu'elle est la plus lente, donne un très-grand avantage à celui qui pointe; car s'il est attentif à serrer la mesure dans le tems que l'espadonneur hausse le bras, il peut lui fournir un coup de pointe, ou bien après que le coup de sabre a été donné à vuide & qu'il l'a esquivé en effaçant le corps, il doit aussi-tôt serrer la mesure & tirer le coup de pointe. Il est certain que, si l'espadonneur ne trouve pas d'appui pour son sabre soit au corps soit à la lame de celui qui pointe, son coup lui reviendra par-derriere le dos, ou s'il donne son coup du haut en bas la pointe de son sabre touchant par-terre court risque d'être cassée. Mais quand aucune de ces deux choses n'arriveroit pas, les mouvemens sont si grands & si lents que celui qui se sert de l'épée, trouvera toujours assez de jour pour toucher au corps, pour peu qu'il soit attentif à en profiter.

La seconde maniere de tirer par un mouvement du coude, se fait en pliant beaucoup le coude. Celle ci jette encore la main hors de la ligne tant en haussant qu'en baissant, donne aussi un avantage à celui qui pointe, mais pas si grand que la premiere ci-dessus expliquée, parce que le sabre ne faisant pas un mouvement si grand, le coup est plus prompt & plus couvert.

La troisieme qui est de tirer par un mouvement du poignet, soit que le sabre fasse le cercle de la droite à la gauche, soit de la gauche à la droite, le poignet doit agir très-vivement, en sorte que le coude & le bras ne s'écartent pas de la ligne du corps. L'espadonneur pare ordinairement les coups de pointe avec le fort de son sabre, & riposte aussi-tôt en détachant avec le poignet un coup de tranchant: son coup favori est au-dehors des armes.

Fig. 47. Garde de l'espadonneur marquée A, & la garde du pointeur en défense marquée B.

Les gardes des espadonneurs sont differentes, quelques-uns se placent la main tournée en tierce, le bras tendu, la pointe dirigée au visage, le corps un peu en avant, le genou gauche ferme & le genou droit plié. Il y en a qui tiennent le fort du sabre auprès de la hanche gauche & la pointe haute. Il en est d'autres qui tournent la main en prime & tiennent la pointe basse, enfin d'autres encore, qui plient le genou gauche, tiennent le corps en arriere & tournent la main en quarte.

Explication de la défense du pointeur contre l'espadonneur.

La garde du pointeur contre l'espadonneur marquée B, que l'on a placée ici, est la plus couverte & la plus sûre pour se défendre. Le point essentiel est de connoître la mesure de telle position dans laquelle l'espadonneur peut se placer. Il faut se présenter hors de mesure, ne point avancer sa lame, son poignet ni son pié droit, mais aussi-tôt après avoir tiré l'épée, prendre avec la main gauche le bas de la basque de son habit, élever le bras gauche à la hauteur de l'oreille, afin de parer dans l'occasion les coups d'espadon que l'adversaire pourroit porter au-dedans des armes soit au visage, soit au ventre ou à la tête.

On peut aussi parer le coup à la tête avec le fort de l'épée en tournant la main en tierce & en opposant la lame presqu'en traversant la ligne: mais il faut que la pointe soit un peu plus haute que la garde de l'épée si-tôt le coup paré, serrer la mesure d'une semelle, en pliant un peu le corps, riposter par un coup de seconde, & redoubler le coup avant de se remettre en défense.

On pare le coup au visage tiré au-dehors des armes avec le fort de l'épée en tournant la main en demi tierce & tenant la pointe droite. Le coup paré, il faut riposter au visage en quarte sur les armes, & redoubler promptement par un coup de seconde.

On pare le coup au ventre tiré au-dehors des armes en tenant la main en seconde, & l'on riposte de même. Si l'on pare avec l'épée les coups tirés au-dedans des armes, par l'espadonneur, il faut les parer de prime, traverser dans le même tems la ligne au-dehors des armes, & lui riposter en prime.

La plus sûre défense qu'on puisse avoir contre l'espadonneur, à monavis, est de ne pas s'intimider des mouvemens, demi-bottes ou attaques qu'il pourroit faire, d'esquiver les coups en effaçant le corps, de rompre la mesure de la longueur d'une semelle, de déranger ses desseins par des attaques & demi-bottes.

Si ses mouvemens sont serrés, il faut être prompt à la parade soit du fort de l'épée, soit de la basque de l'habit, & en cas de besoin se servir des deux.

Si ses mouvemens sont écartés, il faut se déterminer, lui serrer la mesure, en se couvrant autant qu'il est possible avec l'épée & la basque de l'habit, & lui fournir un coup où l'on voit jour à le toucher, si le terrein n'est pas assez uni pour chercher à le lasser soit en tournant sur sa droite ou sur sa gauche, soit en rompant la mesure, afin de profiter avec justesse d'un instant favorable & de ne point risquer de tirer le coup à vuide.

Il y a quelques espadonneurs qui entre-mêlent leur jeu de coups de pointe, ce qu'on appelle faire la contre-pointe; ils font feinte de vouloir donner un coup de tranchant de leur sabre & tirent un coup de pointe, & quelquefois après avoir paré, selon le jour qu'ils ont, ils ripostent soit d'un coup de tranchant, soit de pointe.

Ce qu'on apelle demi-espadon est différent de l'espadon en ce qu'il est plus leger à la main & que la pointe n'est pas relevée, comme celle des sabres l'est ordinairement, ce qui est cause que, pour rendre la pointe légere, on fait la garde pesante.

Le demi-espadon est préférable à l'espadon, pourvû qu'on s'en serve avec jugement. Cette arme est la meilleure surtout pour les troupes de cavalerie, lorsqu'elles chargent l'ennemi à l'arme blanche.

Fig. 48. Fleuret.

Fig. 49. Gant de bufle.

Fig. 50. Plastron.

Fig. 51. Sandandale.

Fig. 52. Masque, pour garantir les yeux.

Fig. 53. Baguette pour l'espadon.