Page:Encyclopedie Planches volume 3.djvu/97

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la forme convenable; il les arrange ensuite autour du tour pour les travailler l'un après l'autre; ceci fait, il monte sur le tour, fig. 94. s'assied sur le banc ou siege A après y avoir placé une espece de coussin. Assis un peu vers la droite du tour, il appuie son pié droit sur la planche B pour se soutenir, & de l'autre pousse la roue C du tour à grands coups & à différentes reprises, jusqu'à ce qu'elle ait un mouvement rapide, qu'il continue toujours d'entretenir pendant la façon de l'ouvrage; alors il prend une des mottes qu'il a préparées, la jette sur la tête D du tour pour l'y attacher, y ajoutant & supprimant un peu de terre qu'il tire de celle E, posée sur l'établi du tour, si la motte se trouve trop petite ou trop grosse; ensuite il trempe ses mains dans l'eau placée en F sur l'établi, les applique sur la motte, & la serrant peu-à-peu, l'alonge & la fait monter en forme de quille A, fig. 164. ensuite le pouce appuyé en B, même figure, sur le bout, il la fait descendre, l'élargit peu-à-peu, fig. 105. en arrondissant, selon la forme du vase A, l'égalisant & unissant avec l'une des estocs, fig. 95. & 96. pour le dedans, & celle de fer, fig. 90. pour le dehors, & la main en-dehors & en-dedans, tant en montant qu'en descendant, déterminant ses dimensions par une ou deux jauges B B, de mesure convenable, placées à demeure sur le chandelier posé sur la table du tour. La piece tournée il la coupe avec un fil-de fer ou de laiton, fig. 103. à-peu-près semblable à ceux dont on se sert pour couper le beurre, l'enleve avec ses deux mains, & le pose sur une planche ou voliche d'environ huit à neuf piés de longueur, placée près de lui; il prend ensuite une autre motte qu'il jette sur la tête du tour pour en faire un pareil vase, qu'il pose ensuite sur la planche, & recommence jusqu'à ce qu'elle soit remplie, ensuite il la transporte sur les rayons, pour donner le tems aux ouvrages qui sont dessus de s'essuyer & de se sécher pour pouvoir être tournassés & redressés. Si l'ouvrier a de très-petits vases à tourner, il jette sur la tête du tour une motte d'une grosseur indifférente, la fait monter en aiguille, fait le vase avec le pouce ou le doigt, souvent sans estoc, lorsqu'il n'y peut entrer, & de la même maniere que nous venons de le voir pour les autres, & le coupe ensuite avec l'aiguille, fig. 102. pointe de fer emmanchée qu'il tient ferme dans la main droite pendant que le vase tourne, le prend ensuite de l'autre main, le pose sur la planche & recommence, jusqu'à ce qu'étant remplie il la transporte comme les autres sur les rayons.

Il faut observer de ne point trop laisser sécher les ouvrages, ce que l'on peut éviter en les couvrant de linges mouillés lorsqu'il y en a un assez grand nombre, & qu'ils commencent à devenir un peu fermes; on met à part ceux qui doivent être tournassés, & on en transporte une partie près du tour; ensuite l'ouvrier remonte sur le tour pour faire la tournassine, & jette à cet effet sur la tête A, fig. 107. une motte B, pousse la roue avec le pié comme il a fait pour ébaucher les vases, & avec ses deux mains, il donne à la motte à-peu-près la forme de l'intérieur des vases. Ceci fait, il la laisse un peu sécher & la reprend ensuite pour l'arrondir, l'égaliser, & l'ajuster en A fig. 108. d'une grandeur propre à les tenir fermes, ce qu'on appelle alors la tournassine, ensuite il les renverse & les applique dessus en A, figure 109. l'un après l'autre pour les tournasser, ayant soin de les ajuster le plus horisontalement qu'il est possible, & poussant de nouveau la roue du tour, il dresse d'abord le cul B du vase avec l'un des tranchans A A des tournassins, fig. 110. & 111. creuse le fond, fait le bord, supprime les bosses, & dresse depuis le centre jusqu'aux bords A, & de cette maniere les arrondit & les finit. Il les garnit ensuite d'oreilles, oreillons, anses, manches, boutons, & de toutes les pieces qui leur conviennent. Ainsi fait, il remet la planche qui les porte sur les rayons pour les faire sécher entierement, & passe ensuite à d'autres, jusqu'à ce qu'ayant assez de cru (c'est ainsi qu'on appelle les ouvrages préparés à être mis au feu) pour emplir le four, on se dispose à enfourner.

Les ouvrages moulés se font en cette maniere. On prend d'abord des mottes préparées, on les applatit sur une table, fig. 123. par le secours d'un rouleau ou roulette, fig. 127. ou d'une billette, fig. 128. leur donnant une épaisseur bien égale, unie & convenable aux ouvrages. On enduit ensuite les moules, fig. 119, 120, 121, 122. de cette terre applatie, & avec une éponge & de l'eau, on l'étend par-tout également sur le moule, observant de l'enfoncer avec le pouce ou le doigt dans tous les creux, & lui faire prendre exactement la forme du moule. Ceci fait, on remplit tous les creux pour en rendre la surface unie, on l'y laisse ensuite séjourner pendant quelque tems, la terre se séchant se resserre, ce qu'on appelle prendre retrait, & sort d'elle-même du moule; on garnit alors les pieces d'oreilles, anses, manches, &c. & on les place ensuite sur des planches dans les rayons pour achever de s'essuyer & de se sécher pour être mis parmi le cru.

De la maniere de placer le cru dans le four.

Pour parvenir à faire cuire le cru, il est deux manieres de l'enfourner, l'une avec gazette, & l'autre en échappade ou chapelle. La premiere se fait en cette maniere: on a soin d'avoir des gazettes, fig. 134. & 135. especes de cylindres creux biscuités (on appelle ainsi toute sorte de vase cuit au four qui n'a point été vernissé), d'environ neuf à dix lignes d'épaisseur, & depuis dix-huit jusqu'à deux piés de hauteur, d'un diametre à-peu-près égal à la distance d'un trou à un autre trou, dont la voute inférieure A A du four, fig. 149. est percée, ayant en trois endroits, à différente hauteur, des trous triangulaires A A, &c. fig. 134. & 135. dont un des angles fait le sommet, garnis chacun de pernettes, fig. 143. dont trois par trois, A A, fig. 136. & 137. soutiennent sur leurs angles le cru enfermé dans les gazettes, ou des tuiles rondes ou ovales, fig. 132. & 133. portant quantité de petits vases en B B, &c. fig. 138. & 139. La seconde maniere d'enfourner appellée échappade ou chapelle, se fait par le moyen de plusieurs rangs de tuiles, fig. 147. posées près les unes des autres, & soutenues chacune par trois ou quatre piliers, fig. 146. dans l'intervalle des quatre en A A, fig. 148. On place le cru, voyez l'intérieur du four, fig. 149. un commencement de fournée avec gazette en B, & en échappade en C, on peut voir au mot Fayance la maniere de faire le cal-ciné & de le préparer pour en faire la couverte, celle de cuire avec les observations pour parvenir à une bonne cuisson, & enfin l'art de conduire les ouvrages de fayance jusqu'à leur entiere perfection.

Des ouvrages selon leurs especes & leur propriètè.

Les ouvrages de fayance consistent en toutes sortes de pots, caffetieres, marabouts, théyeres, seaux, bassins, potagers, soupieres, plats, assiettes, cuvettes, corbeilles, pots-pourris, fontaines de toutes sortes d'especes, dont la plûpart prennent leurs noms de leur forme ou des choses qu'ils contiennent, parmi lesquels les uns sont blancs, rouges, jaunes, bruns ou gris; les autres de deux couleurs, c'est-à-dire bruns en-dehors & blancs en-dedans: ces derniers sont destinés à approcher du feu, les uns & les autres décorés d'ornemens en reliefs, ou peints de diverses couleurs, représentant des paysages fabuleux ou historiques, des fleurs & des fruits de toutes especes.


PLANCHE I.

Le haut de la premiere planche, ou sa vignette, représente une manufacture de fayance, & l'attélier où l'on prépare la terre qui lui est propre; a est le fossé où l'on met tremper la terre, b est un puits, cc sont les bassins en terre, dd, d'autres hors terre où se fait le dépôt dans l'eau, dans un desquels est un ouvrier en o, occupé à mettre la terre dans les vaisseaux biscuités, & à les arranger autour des bassins pour la faire sécher. Près de-là sont des ouvriers occupés, l'un f, à verser de l'eau & de la terre dans le tamis, & l'autre g, à remuer le tamis pour la passer. Aux environs sont des vaisseaux, barils, poinçons, &c. propres à délayer & porter la terre, des beches, rateaux & autres choses semblables propres à la remuer dans les bassins. Dans le fond h est un attélier où l'on fabrique la fayance; sur le derriere i, est un attélier où sont les fours, fournettes, &c. & sur le de-