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HISTOIRE NATURELLE. SUITE DU REGNE ANIMAL.

POISSONS.

PLANCHE LI.

LEs quatre poissons de cette Planche sont du genre des poissons cartilagineux, c'est-à-dire qu'au-lieu d'os & d'arêtes ils n'ont que des cartilages souples, ils sont recouverts d'une peau lisse sans écaille. On divise ce genre de poissons cartilagineux en deux sections, ceux de la premiere sont vivipares, & ceux de la seconde sont ovipares. Les poissons cartilagineux de cette Planche sont vivipares, & ils ont été confondus par quelques auteurs avec les poissons cétacées, dont ils different très-essentiellement, puisque les cartilagineux ne s'accouplent pas, qu'ils n'alaitent point leurs petits, qu'ils n'ont point d'os, &c. ils ne different même des poissons cartilagineux & ovipares, comme les Raies, &c. qu'en ce que leurs œufs éclosent dans le ventre de la mere, & que les petits sortent tout vivans, comme dans quelques especes de Lézards & de Serpens.

Le poisson de la fig. 1. est très-singulier par la position de ses yeux, la mâchoire supérieure déborde de beaucoup l'inférieure, de sorte que la bouche est entierement en-dessous, comme dans les Chiens de mer; on lui a donné le nom de Marteau, d'après la conforma-tion de sa tête; on l'appelle aussi Zigene, Poisson Juif, &c. on en trouve dans l'Océan en Amérique, & principalement sur les côtes d'Afrique: le Marteau sur lequel on a dessiné cette figure avoit six piés de longueur, mais il y en a de plus grands.

Le Requin, fig. 2. est un des animaux les plus voraces de la mer, il fait non-seulement la guerre aux poislons, il attaque même les hommes, il est assez fort, d'après les relations des voyageurs, pour pouvoir couper d'un seul coup de mâchoire la cuisse d'un homme qui se baigne; il est obligé de se tourner sur le dos pour saisir sa proie, parce que la mâchoire supérieure déborde de beaucoup l'inférieure. On trouve des Requins dans presque toutes les mers; il y en a qui ont jusqu'à quinze piés de longueur dans nos mers, & on prétend que ceux des côtes d'Afrique ont jusqu'à vingt-cinq piés.

On a donné le nom de Scie au poisson de la fig. 3. par rapport à l'arme qu'il a au bout de sa mâchoire supérieure garnie de dents assez semblables à celles d'une scie; on a mis ce poisson très-mal-à-propos au rang des cétacées, car la femelle n'a point de mamelles, elle n'alaite point ses petits, le mâle n'a point de verge, & ils ne s'accouplent point. Le poisson qui a servi de modele pour cette figure, avoit douze piés de longueur depuis le bout de la scie jusqu'à l'extrémité de la queue, mais il doit y en avoir de beaucoup plus grands à en juger d'après les Scies que j'ai vues, & qui sont plus larges & plus longues environ du double que la scie du poisson dont il s'agit; on pêche ces poissons dans la mer du Nord & au Canada.

L'Espadon, fig. 4. a au bout de la mâchoire supérieure une arme plate & tranchante comme un espadon, ce qui lui en a fait donner le nom, & celui d'Epée de mer. A juger d'après la longueur & la grosseur de ces armes, les poissons qui les portent doivent être aussi grands que la Scie de mer dont on vient de parler; celui qui a servi de modele pour le dessein de cette figure, n'avoit que quatre piés de longueur; il avoit été pris sur nos côtes, les plus grands se pêchent dans les mers du Nord.


PLANCHE LII.

Les trois poissons de cette Planche sont du genre des poissons cartilagineux ovipares. L'Ange, fig. 1. differe des autres par un caractere qui le rapproche des cétacées, le mâle a une verge, & il est très-probable qu'il s'accouple avec sa femelle; mais celle-ci n'a point de mamelles, & au-lieu de faire des petits tout vivans, elle ne donne que des œufs comme les autres poissons cartilagineux ovipares. Voyez la description de ce poisson au mot Ange; on le pêche sur nos côtes, & on en apporte vendre à Paris, où on le fait passer pour de la Raie quand il est jeune, alors il n'a point de mauvais goût, mais quand il est vieux, sa chair est dure & désasagréable; il y a de ces poissons qui ont plus de cinq piés de longueur.

La Raie bouclée, fig. 2. est une des meilleures especes de Raie à manger, on lui a donné le nom de Raioe clavata, à cause de petits os assez ressemblans à des clous qu'elle a sur les côtés du corps; cette espece de Raie ne devient jamais bien grande, elle se pêche aussi sur nos côtes.

La Torpille, fig. 3. est encore une espece de Raie, mais très-mauvaise à manger; c'est un des poissons le plus singulier, par l'engourdissement qu'il cause à ceux qui le touchent quand il est vivant; on ne peut mieux comparer cet engourdissement qu'à la commotion que l'on ressent lorsqu'on touche un corps électrisé, la douleur en est aussi vive, & dure presque autant de tems. Dès que la Torpille est morte, elle n'a plus aucune faculté d'engourdir; on pêche ce poisson sur nos côtes, il a ordinairement quinze pouces de longueur, & ne devient gueres plus grand.


PLANCHE LIII.

Le Turbot, fig. 1. est du genre des poissons plats à arêtes qui nagent sur un des côtés du corps; ce poisson devient assez grand, c'est le plus grand même de son genre, il est presque aussi large que long, & communément il a deux piés ou deux piés & demi de longueur. Voyez Turbot.

L'Orbis, fig. 2. est un poisson d'un genre qu'on ne peut confondre avec d'autres par rapport à sa forme, ce genre est connu sous le nom de Poisson rond. L'Orbis dont il est question est à-peu-près rond comme un globe, de façon qu'il pourroit rouler comme une boule sans sa queue, qui se trouve située à la partie du globe qui est diamétralement opposée à la bouche, dont l'ouverture est petite, & garnie de quatre larges dents, l'Orbis a ordinairement dix-huit à vingt pouces de circonférence, on le pêche aux embouchures du Nil.

La Mole, fig. 3. est un poisson très-singulier par sa forme, il est plat, & ne paroît composé que de la partie antérieure des autres poissons, de façon qu'il est comme tronqué à l'endroit du ventre; ce poisson devient très-grand, car Willugbby prétend qu'il y en a qui pesent jusqu'à cent livres; celui que j'ai vû étoit très-petit en comparaison, car il ne pesoit pas plus de vingt à vingt-cinq livres: la chair de ce poisson est molle & très-délicate, il n'a que des cartilages au-lieu d'os.


PLANCHE LIV.

La Morue, fig. 1. est du genre des poissons qui ont trois nageoires sur le dos, & dont tous les aiguillons de ces trois nageoires sont mous & flexibles. Voyez la description, la pêche & la préparation de ce poisson à l'article Morue.

Le Thon, fig. 2. est du genre des poissons qui, outre les grandes nageoires, en ont de petites en dessus & en-dessous, près de la queue; ce poisson est très-bon à manger, il devient très-grand, on en pêche communément qui ont dix piés de longueur. Voyez le mot Thon dans le corps de cet Ouvrage.

Le Saumon, fig. 3. est du genre de la Truitte, dont le caractere distinctif consiste en ce qu'elle a une petite nageoire membraneuse sans aucun aiguillon, à l'extré-