Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/4

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mot traduit pain, & qui pourroit faire croire que nos premiers parens l'ont connu, veut proprement dire dans ſon origine, aliment, que ce peuple, qui en a fait uſage, a donné enſuite au pain, qui en faiſoit le principal, tout comme chez les François, viande ; par où on a entendu & on entend encore, en bien des occaſions, tout ce qui ſert à conſerver la vie, & qui par coutume a été employé inſenſiblement pour déſigner la chair des animaux apprêtée, comme un des alimens qui nourriſſent le plus, & par conſéquent, des principaux qui ſervent à entretenir la vie. Il y a donc apparence, que voyant les oiſeaux manger des grains de bleds, les hommes voulurent en goûter auſſi ; ces grains petits & durs ne les auront pas tentés ; ils en auront ramaſſé des épis qui venoient naturellement par-ci par-là à la campagne, & en auront écraſé, & broyé les grains, qu'ils auront cuits à l'eau ou au lait ; cette bouillie ſ'étant par hazard trop ſechée au feu, on y employa quelques ſoins, pour en faire des gâteaux, juſqu'à-ce qu'on eut découvert l'art de faire du pain. On voit donc que divers hazards & événemens ont dû arriver, avant qu'on connut le pain, pendant tout ce temps les hommes étoient auſſi contens de leurs alimens, que le ſont les neuf dixiemes des hommes & plus, de nos jours, qui ne le connoiſſent point, ou lui préferent ceux dont ils font uſage.

Ce qu'on peut appeller fruits de terre, font des plus ſains, des plus agréables, des plus nourriſſans, &