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Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/249

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ment de ce ſiecle, s’eſtant laiſſez aller à des gouſts particuliers, au lieu de matcher toûjours ſur les pas des plus grands maiſtres, ne ſuivirent que leurs propres genies. Car il eſt vray que dans Rome meſme on ne pratiquoit preſque plus les enſeignemens ni de Raphaël , ni des Caraches, lors que le Pouſſin commença, ſi j'oſe le dire, à nous ouvrir les yeux, & à nous donner des connoiſſances encore plus grandes de la peinture que celles que nous avions eûës, puis qu'ayant remonté juſques à la ſource de cét art, il nous a appris les maximes des plus ſçavans Peintres de l’antiquité, & a mis en pratique ce que nous ne ſçavions de l'excellence de leurs ouvrages que par le rapport des Hiſtoriens.

Que dites-vous, interrompit Pymandre ? Peut-on croire qu'il ait ſuivi de ſi prés ces fameux Peintres, luy qui n’a point ſait de grands ouvrages, quoy-qu’il ait eû pour cela des occaſions aſſez ſavorables?

Quand j'auray, repartis-je, ſait un abregé de ſes emplois, vous ſerez éclairci des choſes dont vous eſtes en doute : mais il ſaut pour parler de luy que je commence dés ſa naiſſance, puis qu’il merite bien d’eſtre connu dans toute l'étenduë de ſa vie.