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Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/252

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le laiſſer aller du coſté où la nature le portoit ; & l’ayant luy-meſme encouragé à deſſeigner, & à s’avancer dans la pratique d’un art qui ſembloit luy tendre les bras, il luy fit eſperer qu’il y feroit un progrés conſiderable. Les conſeils de Varin augmenterent de telle ſorte le deſir que le Pouſſin avoit de s’attacher à la peinture, qu’il s’y donna tout entier ; & lors qu’âgé de dix-huit ans il crut eſtre en eſtat de quitter ſon païs, il ſortit de la maiſon de ſon pere ſans qu’on s’en apperceuſt, & vint à Paris pour mieux apprendre un art dont il reconnoiſſoit déja les difficultez, mais qu’il aimoit avec beaucoup de paſſion.

Il fut aſſez heureux de rencontrer en arrivant à Paris un jeune Seigneur de Poitou, qui ayant de la curioſité pour les Tableaux, le receût chez luy, & luy donna moyen d’étudier plus commodément qu’il n’auroit fait ſans ce ſecours.

Il cherchoit de tous coſtez à s’inſtruire : mais il ne rencontroit ni maiſtres, ni enſeignemens qui convinſſent à l’idée qu’il s’eſtoit faire de la perfection de la peinture. De-ſorte qu’il quitta en peu de temps deux maiſtres, deſquels il avoit crû pouvoir apprendre quel-