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Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/251

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Le Pouſſin, repartis-je, n’a pas eſté aſſez heureux pour faire paſſer aux ſiens ce qu’il avoit aquis d’honneur & de bien : mais ſes ouvrages luy tiennent lieu d’enfans qui ne luy ont jamais donné que du plaifir, & qui conſerveront ſon nom avec bien de la gloire pendant pluſieurs ſiecles. Comme c’eſt par eux qu’il s’eſt rendu illuſtre, je ne veux pas chercher dans ſes anceſtres des ſujets de le loûër : je ne veux, pour établir ſon grand merite, que ce qu’il a fait pendant ſa vie.

Sitoſt qu’il fut en âge d’aller aux écoles, ſes parens eurent ſoin de le faire inſtruire. Il donna de bonne heure des marques de la bonté de ſon eſprit, mais particulierement de l’inclination qu’il avoit pour le deſſein : car il s’occupoit ſans ceſſe à remplir ſes livres d’une infinité de differentes figures, que ſon imagination ſeule luy faiſoit produire, ſans que fon pere, ni ſes maiſtres puſſent l’empeſcher, quoy-qu’ils fiſſent toutes choſes pour cela, croyant qu’il pouvoit employer ſon temps plus utilement à l’étude. Cependant Quintin Varin Peintre aſſez habile, & dont je vous ay parlé, ayant connu le genie de ce jeune homme, & les belles diſpoſitions qui paroiſſoient déja en luy, conſeilla à ſes parens de