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Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/288

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choſes qui ne luy paroiſſoient nullement convenables ni au lieu ni au deſſein qu’il avoit formé. Ce changement offenſa le Mercier, qui s’en plaignit ; & les Peintres mal contens ſe joignirent à luy pour décrier tout ce que le Pouſſin faiſoit.

On voyoit alors le Tableau qu’il avoit fair au grand Autel du Noviciat des Jeſuites. Il y en avoit auſſi un de Voûët à un des Autels de la meſme Egliſe, que ceux de ſon parti faiſoient valoir autant qu’ils pouvoient, diſant que ſa maniere approchoit de celle du Guide. Cependant ils eſtoient aſſez empeſchez à reprendre quelque choſe dans celuy du Pouſſin qui eſt d’une beauté ſurprenante, & dont les expreſſions ſont fi belles & ſi naturelles, que les ignorans n’en ſont pas moins touchez que les ſçavans. Pour y marquer néanmoins quelque defaut, & ne pas ſouffrir qu’il paſſaſt pour un ouvrage accompli, ils publioient par tout que le Chriſt qui eſt dans la gloire avoit trop de fierté, & qu’il reſſembloit à un Jupiter tonnant.

Ces diſcours n’auroient pas eſté capables de toucher le Pouſſin, s’il n’euſt ſceû qu’ils alloient juſques à M. de Noyers qui les écoutoit, & qui peut-eſtre en fit paroiſtre quel-