Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/116

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— 350 députés seraient pour la paix. La physionomie des séances ne donne guère cette impression. On les met debout en agitant un drapeau d’enfant.

— Dans un petit journal, cette phrase : « La honteuse paix prématurée. » Prématurée après trois ans de massacre ! N’est-ce pas admirable ?

— Le 22. On ne se rendra jamais assez compte de l’étouffante dictature de la Censure française. Ce pouvoir de ne rien laisser dire contre la guerre, contre les gens en place, ni sur l’état des esprits, a créé une atmosphère empoisonnée. Et quel amer comique ! La France, se disant toujours le flambeau de la Liberté — le cœur du monde, écrivait-on hier encore dans le Pays — et se montrant plus rétrograde que toutes les autres nations… Oui, les journaux anglais nous apprennent mille faits que les nôtres nous laissent ignorer, et l’Allemagne a longtemps toléré de Harden des pages violemment pacifistes.

— Le 22. L’effervescence des troupes est signalée enfin par les journaux. Mais c’est pour dénoncer la main de l’Allemagne et pour exiger de sévères répressions.

— Le 23. Gheusi me rappelle que la Turquie offrit la paix séparée en 1915, par Djavid-Bey. Avec l’assentiment de Galliéni, Loti et Gheusi, tous deux amis de Djavid depuis 20 ans, devaient le joindre en Suisse. On s’y opposa en haut lieu. On envoya un policier brutal et maladroit, et Djavid s’en fut à Berlin. Les Anglais reprennent l’Opération. Elle devait coûter 10 millions. Elle leur en coûtera 30. Et réussiront-ils ?

— Les musiques renaissent. Violons aux terrasses de café, concerts de Jardins Publics.

— Quand on parcourt ces interminables listes de l’Officiel, qui règlent les pensions de veuves de soldats, quand on compare aux buts convoités, poteaux-