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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/123

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du haut de la tribune que la paix actuelle serait la paix de l’Entente, une paix honteuse, etc.

Et, pour comble d’incohérence, dans la même séance, on proclamera que la situation est bonne, qu’on n’a reculé nulle part, qu’on a avancé partout… Alors ?

Voici comment fut qualifiée la paix à cette séance, d’après l’Officiel du 9 juillet (Séance du 7) :

« Paix honteuse qu’on n’ose pas concevoir, qu’aucun Français ne peut entrevoir à cette heure… Paix que l’Allemagne nous dicterait… Paix qui serait pour la France un déshonneur… Paix qui serait la pierre du tombeau sur nos espérances… Paix humiliante ou criminelle… Humiliation… Abdication… Le plus pesant, le plus odieux, le plus dégradant des servages… (tous les députés se lèvent). La flotte allemande attaquerait et ruinerait ses adversaires d’hier… Nos ouvriers seraient écrasés… Des immigrants avides achèteraient à vil prix le sol et les débris de nos pays dévastés… (tous les députés se lèvent). Le militarisme prussien mettrait le talon sur la nuque des nations libres… »

— Dans cette même séance, on a beaucoup remarqué les spirituelles allusions du député Jobert « au génie malfaisant qui mène la France », c’est-à-dire Poincaré, allusions accueillies par la Chambre et tolérées par son Président dans la bonne humeur.

— Encore le Comité secret. On y lut une lettre d’un jeune caporal, condamné à mort pour rébellion, après tirage au sort parmi dix camarades. Il y clamait son innocence. La lettre erra dans les bureaux. On exécuta le caporal. Painlevé, qui ignorait la lettre, pleurait en l’entendant lire. C’est à ce moment que Lasies proposa une amnistie.

— J’ai omis de noter qu’à la première réunion, le 28 juin, d’une Ligue républicaine destinée à lutter