Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/124

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contre le cléricalisme et le césarisme, Caillaux demanda l’insertion dans le manifeste d’une phrase spéciale sur la « réintégration des Alsaciens-Lorrains dans la famille française ». Il laissait le champ libre aux modalités du retour. Il insiste et l’emporte, rappelant l’émotion soulevée à la Chambre, l’après-midi même, par la naissance de la Ligue, et montrant l’opportunité d’affirmer les sentiments qui animaient les ligueurs.

— Les catholiques allemands, avec Erzberger, s’unissent aux socialistes pour demander une paix sans annexions ni indemnités. Le Conseil de la Couronne s’assemble et démissionne certains ministres. Ces nouvelles émeuvent. On y voit un craquement, peut-être l’abdication du Kaiser. Mais Capus veille. Dans Le Figaro, il jette à nouveau la suspicion sur les réformes possibles. Le danger lui apparaît. Dans un récent discours, Lloyd George n’a-t-il pas dit qu’on traiterait plus volontiers avec une Allemagne démocratisée ? Elle va donc feindre de se démocratiser !

— Quand on fait évoquer à des gens les grands faits récents de la guerre, quand on leur demande avec insistance de bien se les remémorer, ils ne mentionnent jamais le repli allemand, qui libère cependant 400 communes envahies sur 2.500, environ le cinquième de la surface occupée, et qui fut représenté par la presse comme une victoire guerrière… N’est-ce point cependant un événement énorme, surtout quand en songe au prix attaché à ces gages territoriaux ? N’y a-t-il pas là, comme pour la mainmise sur les colonies allemandes, un parti pris de ne pas faire état de nos avantages, de conclure à la défaite, pour renforcer la résolution de continuer indéfiniment ?

— Chez un grand banquier juif. On y adopte le dogme gouvernemental, sans fissure. On ne discute