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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/126

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ajoute qu’il faut voir, dans cette manœuvre de l’ennemi, « l’aveu indirect de sa défaite ». Alors, tout le monde est défait ? Eux ? nous ? Comprenne qui pourra ! Mais vraiment, les deuils une fois estompés dans le recul du temps, nos petits-fils s’amuseront bien de nous, quand leur apparaîtront les sinistres bouffons qui menaient notre pauvre troupeau.

— Il faut vraiment que nous vivions en démence pour que Hervé, l’homme du Pioupiou de l’Yonne et de l’antimilitarisme, puisse, sans malaise, injurier quotidiennement ceux qu’il appelle les « pacifistes bêlants ». D’un patriote professionnel, d’un vieux bellicocardier passe encore. Mais de lui…

— Le 16. Le chef du Cabinet civil à la Guerre me déclare qu’ils ne savent rien au Ministère. « Car on n’y reçoit que des rapports officiels. »

— Joseph Reinach, critique militaire au Figaro sous le nom de Polybe, déclare ce matin : « L’Allemagne est battue. » Soit. Alors, pourquoi nos dirigeants proclament-ils sans cesse notre propre défaite ?

— Le 18. Le Temps dénonce une « manœuvre allemande ». Le Kaiser proposerait le désarmement général, immédiat, et un tribunal d’arbitrage. Le Temps donne l’alarme avec une fougue désespérée, une abondance frénétique d’arguments.

— Le 24. Le Reichstag a voté le 19 une résolution de paix sans annexions ni indemnités, assez modérée, issue du Centre et des Gauches, par 216 voix contre 114. Naturellement, chez nous, toujours le silence sur ce document.

— Le général Percin, dans la Science et la Vie du 1er août 1914, calculait que la mort d’un homme dans la guerre moderne coûterait 100.000 francs. Trois ans de guerre confirment cette vue. Les Alliés ont dépensé 300 milliards pour tuer 3 millions d’ennemis…