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Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/141

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temps. « Et vous, M. Ponchon, que faites-vous ? — Oh ! Moi, Madame, il faut bien que je gagne ma vie. J’écris. » Et la dame : « Oui, pendant ce temps-là, vous ne pensez pas. »

— Dans la déclaration ministérielle de Painlevé, un mot éveille bien des espoirs : la « désannexion de l’Alsace-Lorraine ». On a voulu voir la porte ouverte à l’autonomie, à des arrangements. Mais Ribot a vite remis la chose au point et ruiné cette espérance.

— Le 21. On a aussi remarqué cette phrase de Painlevé, commentant la déclaration : « Les conditions de la paix sont indépendantes du sort des batailles. »

— Le 23. La réponse allemande au Pape a paru. Elle se tient dans des généralités décevantes et montre ainsi que l’initiative du Pape était loin d’être inspirée par l’Allemagne.

— L’Allemand Bernstorf est accusé d’avoir voulu consacrer 60.000 dollars à influencer le Congrès américain. (C’est peu !) Ainsi, déclare un des membres de ce Congrès, tout député ou sénateur pacifiste devra être soupçonné d’avoir touché. Cet homme parlait sans ironie. Mais il dégageait bien la mentalité qui asphyxie le pacifisme. Quel malheur pour un honnête homme qui souhaite la paix, d’être ainsi menacé fatalement de soupçon, d’être bâillonné, de ne pas pouvoir ouvrir la bouche, crier son opinion sincère, vider son cœur, se libérer ! Avez-vous jamais pensé à cette torture qui dure depuis trois ans ?

— Si on pouvait écrire, je ferais un article sur les Vendanges, où l’on verrait les jeunes générations jetées au pressoir, écrasées, dans un bruit continu de sang qui coule, devant les mères blêmes et terrifiées, tandis qu’aux bras de leviers pousseraient inlassablement les ambitieux, les chauvins, les profiteurs, aux acclamations de la foule imbécile.